LE TIBETAIN

LES ENSEIGNEMENTS DU TIBETAIN

3. QUELQUES PROBLEMES DE PSYCHOLOGIE

3. QUELQUES PROBLEMES DE PSYCHOLOGIE

Introduction

Ce que j'ai à dire ici est d'un intérêt plutôt général. J'ai l'intention de m'exprimer avec une grande simplicité, en évitant les termes techniques et académiques de la psychologie, et en présentant les problèmes psychologiques humains d'une manière si claire que cela apportera une aide réelle à bien des gens. Notre époque abonde en difficultés ; il semble parfois que les ajustements requis par le milieu soient si difficiles à faire et l'équipement si mal adapté à la tâche exigée de l'humanité, que celle-ci ne peut accomplir ce qu'on attend d'elle. C'est comme si la structure humaine avait accumulé une telle quantité d'infirmités, une telle tension émotionnelle, comme si elle avait hérité de tant de maladies et de supersensibilité que les hommes reculent, battus. C'est comme si l'attitude vis-àvis du passé, du présent et de l'avenir était d'une nature telle qu'il n'y aurait aucune justification à l'existence, qu'il n'existerait rien en quoi espérer et qu'aucun secours ne pourrait être attendu d'un examen rétrospectif.

Je fais là, évidemment, une vaste généralisation. Il existe des gens auxquels celle-ci ne s'applique pas. Mais même ceux-ci, s'ils étudient les affaires humaines, les conditions sociologiques et celles relatives à l'équipement de l'homme, sont enclins à se poser des questions et parfois à désespérer. La vie est si difficile de nos jours ; la tension à laquelle les hommes sont soumis est tellement forte ; l'avenir apparaît si menaçant, et la masse des hommes est si ignorante, malade et angoissée. Je place sous vos yeux ce sombre tableau au début de notre étude afin de n'éluder aucune question, afin de ne pas sottement dépeindre la situation avec optimisme et illusion, et aussi afin de ne pas la décrire sans aucun moyen d'y échapper, ce qui nous conduirait encore plus profondément dans la forêt des erreurs et des illusions humaines.

Et pourtant, si seulement vous pouviez le savoir, les conditions présentes indiquent elles-mêmes leurs propres causes et leurs propres remèdes. J'ai bon espoir qu'après avoir étudié le problème avec vous (dans les grandes lignes, je le sais bien, mais c'est tout ce que nous pouvons faire), j'aurais été capable d'indiquer comment on peut en sortir, et d'avoir offert des suggestions assez pratiques pour que la lumière puisse apparaître dans les profondeurs de l'obscurité, que l'avenir puisse contenir bien des promesses, et le présent de nombreuses expériences, conduisant toutes à l'amélioration et à la compréhension.

La science majeure d'aujourd'hui est la Psychologie. C'est une science qui en est encore à l'enfance, mais elle tient le sort de l'humanité dans son étreinte et elle a le pouvoir (développée et utilisée comme il convient) de sauver la race. La raison de sa grandeur et de son utilité repose dans le fait qu'elle place l'accent sur les rapports de l'unité avec le tout, avec le milieu et les contacts, et cherche à produire une adaptation convenable, une intégration et une coordination correctes, et la libération de l'individu en vue d'une vie d'utilité, d'accomplissement et de service.

Quelques-unes des difficultés qu'il faut envisager lorsque l'on considère les conclusions de très nombreuses écoles de Psychologie, sont basées sur le fait qu'elles omettent de relier entre eux les nombreux points de vue. On trouve le même clivage et le même état de guerre dans cette science que chez l'homme individuel ou dans le domaine religieux. On y rencontre un manque de synthèse, un défaut de corrélation en ce qui concerne les résultats et une tendance à exagérer l'importance d'un aspect de la vérité constatée à l'exclusion des autres aspects tout aussi importants. La faiblesse, ou plutôt les faiblesses essentielles dans l'équipement d'un individu ou dans la présentation de la vie (et aussi dans un groupe ou un ordre social) sont considérées à l'exclusion et même avec la négation de toutes les autres faiblesses moins évidentes mais tout aussi néfastes. Les préventions, qui dépendent d'une formation académique marquée de partialité, gâtent les perspectives, si bien que la faiblesse se trouvant dans le propre équipement du psychologue annule les efforts qu'il fait pour aider le patient.

Le refus de l'éducation, aujourd'hui, de prendre en considération l'homme tout entier ou d'admettre la marge nécessaire aux activités d'un centre d'intégration, point central de conscience et facteur déterminant au sein du mécanisme de celui qu'il faut aider à s'adapter aux conditions de son existence, porte par-dessus tout la responsabilité d'une grande partie des difficultés. L'affirmation de la position purement matérialiste et scientifique qui ne reconnaît que ce qui est définitivement prouvé, ou ce qui peut être prouvé par l'admission d'une hypothèse immédiate, a causé une importante perte de temps. Lorsque, à nouveau, l'imagination créatrice pourra être libérée dans chaque secteur de la pensée humaine, nous verrons amenées à la lumière de nouvelles choses qui, à présent, ne sont acceptées que par ceux qui ont un esprit religieux et par ceux qui font oeuvre de pionniers.

Un des premiers champs d'investigation qui bénéficiera de cette libération sera celui de la psychologie.

Les religions constituées ont, hélas, beaucoup à se reprocher, en raison de leur insistance fanatique sur des prises de positions doctrinales et des peines infligées à ceux qui refusent d'accepter cette dictature, ce qui a abouti à vicier l'approche humaine vers Dieu et vers la réalité. L'exagération mise par les églises sur ce qu'il est impossible d'atteindre et les soins donnés au sentiment de péché au cours des siècles ont mené à de nombreuses conditions désastreuses, à des conflits intérieurs qui ont faussé les existences, à la morbidité, à des attitudes sadiques, à la satisfaction de soi et à un désespoir qui est la négation de la vérité.

Quand une juste éducation (véritable science de l'adaptation), une juste religion (culture du sentiment du divin) et un juste développement de la science (appréciation correcte de la forme ou des formes par lesquelles la vie subjective de la divinité se révèle) pourront être reliés par de justes rapports et pourront ainsi s'aider l'un à l'autre de leurs conclusions et de leurs efforts, alors nous aurons des hommes et des femmes formés et développés en toutes les parties de leur nature. Il existera alors simultanément des citoyens du royaume des âmes, des membres créateurs de la grande famille humaine, et des animaux sains possédant un corps animal si développé qu'il fournira l'instrument nécessaire sur le plan de vie extérieur pour la révélation divine, humaine et animale. Avec le Nouvel Age qui arrive, on verra ces réalisations se produire, et c'est pour cela que les hommes aujourd'hui se préparent consciemment ou inconsciemment.

Nous diviserons les problèmes de psychologie comme suit :

1. Les Problèmes de Clivage, conduisant fréquemment à de nombreuses voies de fuite, et qui constituent beaucoup de complexes modernes.

2. Les problèmes d'Intégration qui produisent un grand nombre des difficultés constatées parmi les gens les plus avancés.

3. Les Problèmes dus à l'Hérédité raciale, familiale, etc., y compris les problèmes des maladies héréditaires et les infirmités qui en découlent pour l'individu.

Je traiterai peu de ce troisième groupe. Il y a peu à en dire, sauf qu'il convient de laisser au temps et à une plus grande sagesse le soin d'apporter la plus grande partie de la solution, en y joignant un effort pour soulager les individus ainsi atteints, pour suppléer à la déficience glandulaire, tout en entraînant les gens à la maîtrise d'eux-mêmes si possible, et en portant le véhicule physique au point le plus haut que les limites de son développement le permettent. Le temps arrive où chaque nourrisson sera soumis de bonne heure à certains tests. Il recevra des soins éclairés, de façon à rendre l'appareil servant aux contacts aussi maniable que possible, aussi adaptable qu'il puisse devenir et aussi sain qu'on puisse le rendre. Mais je vous rappellerai ici qu'aucun équipement physique ne peut être porté au-delà d'un certain point de développement dans une certaine vie, ce point étant déterminé par le stade atteint par le processus évolutif, par les facteurs raciaux, par la qualité de la nature subtile ou subjective, par les expériences du passé, par le contact de l'âme (distant, proche ou déjà établi) et par l'équipement mental.

En vue d'une compréhension correcte de notre sujet, et aussi de ma façon de le traiter, je voudrais poser quatre propositions de base :

1. Dans le temps et l'espace, l'homme est essentiellement double, constitué par une âme et un corps, par la vie intelligente et par la forme, par une entité spirituelle et par un appareil de contact qui est le corps naturel par le moyen duquel toute entité peut devenir consciente des mondes phénoménaux et des états de conscience d'une nature différente de ceux se trouvant sur son propre niveau de conscience.

2. Ce corps consiste en la forme extérieure physique, la somme de vitalité ou corps éthérique (que la science aujourd'hui commence à rapidement découvrir), le corps du désir, sensible et émotionnel, et le mental. Par le moyen du corps physique, le contact est établi avec le monde tangible environnant. Par le moyen du corps vital, viennent les impulsions qui produisent direction et activité sur le plan physique. Par le moyen du véhicule sensoriel, la nature astrale ou émotionnelle donne naissance à beaucoup de désirs et d'impulsions qui dirigent l'homme non développé, l'homme moyen et qui peuvent être appelées impulsions-désirs ou vie de désir de l'individu. Par le moyen du mental, arrive finalement la compréhension intelligente et l'existence dirigée par le dessein et la planification au lieu de l'être par le désir.

3. Le développement humain procède par une série d'intégrations, de processus de coordination ou de synthèse, impliquant, ainsi qu'ils le font, (particulièrement lorsque l'intelligence commence à fonctionner) un sens de clivage et de dualité. Ces intégrations, en ce qui concerne l'humanité, ou bien se trouvent très loin dans le passé, ou bien se produisent à cette époque-ci, ou bien se trouvent dans l'avenir.

Intégrations passées.

Entre le corps animal et le corps vital.

Entre ces deux corps et la nature sensible et de désir.

Entre ces trois corps et le mental inférieur concret.

Intégrations présentes.

Entre les quatre aspects produisant ainsi une personnalité coordonnée.

Intégrations futures.

Entre la personnalité et l'Ame.

Il existe d'autres et plus hautes intégrations mais nous n'avons pas besoin de nous en occuper ici. On les atteint par les processus d'initiation et de service. Ce dont il faut se souvenir c'est que, dans l'histoire de la race, un grand nombre de ces initiations ont déjà eu lieu inconsciemment du fait de la stimulation de la vie, de la poussée évolutive, des processus normaux d'existence, de l'expérience acquise par les contacts avec le milieu et aussi de la satisfaction conduisant à la satiété de la nature du désir. Mais, il arrive un moment dans le développement racial, comme dans la vie des individus, où le processus aveugle de soumission à l'évolution devient l'effort conscient et vivant, et c'est exactement à ce point que se trouve l'humanité aujourd'hui. De là, la conception du problème humain en termes de psychologie moderne ; de là, la souffrance des unités humaines partout répandue ; de là l'effort de l'éducation moderne ; et de là aussi l'apparition dans chaque pays, sur une vaste échelle, et en nombre croissant, de trois sortes de personnes :

a. Celles qui sont conscientes du clivage.

b. Celles qui atteignent l'intégration avec beaucoup de souffrance et de difficulté.

c. Les Personnalités, ou personnes intégrées et par conséquent des gens qui dominent.

4. En même temps dans chaque pays, des hommes et des femmes avancent vers une synthèse encore plus haute et y parviennent : la synthèse de l'âme et du corps. Cela produit un sens de destinée, individuel et racial ; un sens de dessein et un sens de plan. Cela produit également le développement de l'intuition (sublimation de la nature instinctive) et la reconnaissance consécutive des idées plus élevées, de l'idéalisme, et aussi des vérités fonda mentales qui, disséminées parmi ceux qui, dans le monde, réfléchissent, produiront de vastes changements mentaux et matériels, accompagnés de leurs effets transitoires et de leurs bouleversements, de leur chaos, de leurs expérimentations, de leurs destructions et de leurs reconstructions.

L'humanité fournit à tous les types d'homme des possibilités de culture, c'est-à-dire à ceux qui sont aujourd'hui des expressions d'intégrations passées et à ceux qui sont engagés dans le processus de devenir des êtres humains pensants. Les deux plus anciennes intégrations, entre le corps vital et la forme physique d'une part, et entre eux et la nature du désir d'autre part, ne sont plus représentées. Ces intégrations sont universelles, se trouvent audessous du seuil de l'activité consciente et très loin dans le passé de l'histoire de la race. Le seul champ où elles peuvent encore être étudiées est dans les processus de récapitulation historique de la petite enfance, où on peut remarquer le pouvoir de se mouvoir et de réagir à l'appareil sensoriel ainsi que le pouvoir d'exprimer des désirs, de la façon la plus claire. On peut observer la même chose chez les peuples jeunes et chez les peuples sauvages. Mais le troisième stade d'intégration, celui du développement mental graduel, se poursuit à grands pas et peut être étudié avec la plus grande attention, ce que l'on fait, du reste.

Aujourd'hui, l'éducation moderne s'intéresse presque exclusivement de ce stade. Lorsque les éducateurs cesseront de faire travailler les cellules du cerveau ou de s'occuper à stimuler la mémoire, lorsqu'ils cesseront de considérer comme une seule chose le cerveau et le mental, mais apprendront à faire la différence entre eux, alors de grands progrès seront accomplis.

Lorsque l'enfant recevra une formation de maîtrise du mental et lorsque le mental sera éduqué en vue de diriger la nature de désir et le cerveau, aboutissant ainsi à une direction du véhicule physique au niveau du mental, alors, nous verrons ces trois intégrations se poursuivre avec précision et rapidité. Alors, l'attention se portera sur l'intégration de la personnalité, si bien que tous les trois aspects fonctionneront comme une seule unité. Nous avons donc :

1. L'état de l'enfant, où les trois premières intégrations sont effectuées, et où l'objectif du processus éducatif sera de le faire avec un minimum de difficulté.

2. L'état humain, qui concerne l'intégration de tous les aspects en une personnalité opérant en se dirigeant elle-même et en étant consciente de soi.

3. L'état spirituel, qui concerne l'intégration de la personnalité et de l'âme, évoquant ainsi la conscience du Tout. Quand cela est accompli, la conscience de groupe s'ajoute à la soi-conscience et cela constitue le second pas important sur le chemin vers la conscience de Dieu.

Aujourd'hui, la difficulté est que l'on trouve partout des personnes à tous les différents stades du processus d'intégration ; toutes sont dans un "état de crise" et toutes par conséquent offrent des problèmes de psychologie moderne.

Ces problèmes peuvent être divisés plus précisément en trois groupes majeurs :

a. Les Problèmes de Clivage. Ceux-ci à leur tour sont de deux sortes :

1. Les problèmes d'intégration.

2. Ceux qui proviennent d'un sentiment de dualité. Le sentiment de dualité, résultant du clivage effectué, se trouve depuis les difficultés, pour tant de personnes, du dédoublement de la personnalité jusqu'aux difficultés rencontrées par le mystique, relatives à l'accent mis sur celui qui aime et celui qui est aimé, sur le chercheur et celui qu'on cherche, sur Dieu et Son enfant.

b. Les Problèmes d'Intégration, qui procurent une grande partie des difficultés rencontrées par les personnes les plus avancées.

 c. Les Problèmes de Stimulation, qui sont soulevés en tant que résultats d'une synthèse et d'une intégration achevées, produisant par conséquent un influx d'énergie inhabituelle. Cet influx peut s'exprimer sous la forme d'une ambition à haute tension, sous la forme d'un sentiment de puissance, sous la forme de désir d'influence pour la personnalité ou en tant que véritable puissance et force spirituelles. Dans chaque cas, cependant, la compréhension des phénomènes qui en résultent est requise et aussi les plus grands soins dans la façon de les traiter.

Surgissant de ces problèmes, nous avons également :

1. Les problèmes mentaux. Certains complexes bien définis se manifestent lorsque l'intégration du mental aux trois aspects inférieurs a été effectuée ; il conviendrait d'éclaircir un peu les idées à ce sujet.

2. Les maladies des mystiques. Celles-ci concernent les attitudes du mental, les complexités d'idées et les "entreprises spirituelles" qui affectent celui qui est attiré par le mysticisme ou ceux qui sont conscients du dualisme spirituel à propos duquel Saint Paul s'exprime dans l'Épître aux Romains :

"Nous savons, en effet, que la loi est spirituelle ;mais moi, je suis charnel, vendu au péché.

Car je ne sais pas ce que je fais : je ne fais point ce que je veux, et je fais ce que je hais.

Or, si je fais ce que je ne veux pas, je reconnais par là que la loi est bonne.

Et maintenant ce n'est plus moi qui le fais, mais c'est le péché qui habite en moi.

Ce qui est bon, je le sais, n'habite pas en moi, c'est-à-dire, dans ma chair : j'ai la volonté, mais non le pouvoir de faire le bien. Car je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas.

Et si je fais ce que je ne veux pas, ce n'est plus moi qui le fais, c'est le péché qui habite en moi.

Je trouve donc en moi cette loi : quand je veux faire le bien, le mal est attaché à moi.

Car je prends plaisir à la loi de Dieu, selon l'homme intérieur ; mais je vois dans mes membres une autre loi, qui lutte contre la loi de mon entendement, et qui me rend captif de la loi du péché qui est dans mes membres.

Misérable que je suis ! Qui me délivrera du corps de cette mort ?..."

(Romains VII, 14-24)

L'ampleur de notre sujet et toute sa véritable importance vous apparaîtront donc. Il deviendra également évident pour vous que la plupart de nos maladies nerveuses, de nos inhibitions, de nos refoulements, de nos soumissions, ou de leurs aspects contraires, sont liées à tout le processus de synthèses et de fusions successives.

Il faut traiter ici de deux points : d'abord en considérant l'être humain, que ce soit simplement comme homme ou comme entité spirituelle, nous traitons, en réalité d'un agrégat d'énergies différenciées des plus complexes, par l'intermédiaire desquelles, ou parmi lesquelles, joue la conscience. Cette conscience est, dans les premiers stades, rien d'autre qu'une vague notion diffuse, indéfinie, non-identifiée et sans lien avec aucun centre défini d'attention. Plus tard, elle devient plus éveillée et consciente, et le centre se localise dans le domaine des désirs égoïstes, dans leur apaisement et leur satisfaction. C'est à cela que nous pouvons donner le nom général de "vie de désir" avec ses buts, avec le bonheur personnel qui conduisent finalement à la consommation du désir, mais à un désir consommé retardé jusqu'après la mort et auquel nous avons donné le nom de "ciel". Plus tard (à nouveau au fur et à mesure que la nature mentale s'intègre aux autres aspects plus développés), nous avons l'émergence d'une entité définitivement soiconsciente, et un être strictement humain, caractérisé par l'intelligence, parvient alors à l'expression active. Le centre d'attention est encore la satisfaction du désir, mais c'est le désir de connaître, la volonté de comprendre par l'investigation, la discrimination et l'analyse.

Finalement arrive la période de l'intégration de la personnalité où se trouve la volonté-de-pouvoir, avec la soi-conscience dirigée vers la domination de la nature inférieure et ayant comme objectif la domination du milieu, des autres êtres humains en petit ou en grand nombre, et la domination des circonstances. Lorsque cela a été saisi et compris, le centre d'attention passe au royaume des énergies plus élevées, et le facteur âme devient de plus en plus actif et prédominant. Il domine et discipline la personnalité, interprétant son milieu d'une nouvelle façon, et produisant une synthèse, non reconnue jusqu'alors, entre les deux règnes de la nature, l'humain et le spirituel.

Tout au long de ces processus, nous voyons que de nombreux types d'énergie se rassemblent, chacun d'eux se distinguant par une qualité d'une sorte ou d'une autre, et qui, lorsqu'elles sont mises en rapport les unes avec les autres, produisent tout d'abord une période de chaos, d'anarchie et de difficulté. Plus tard, s'ensuit une période de synthèse, d'activité organisée et de plus complète expression de divinité. Mais pendant longtemps le besoin de l'énergie d'être reconnue et utilisée correctement persiste.

Le second point que je cherche à faire valoir est que les énergies intérieures opèrent leur contact par l'intermédiaire du corps éthérique ou vital, composé de courants d'énergie ; ceux-ci opèrent par le moyen de sept points focaux ou centres de force se trouvant dans le corps éthérique. Ces centres d'énergie se trouvent très près des sept glandes majeures, ou en relation étroite avec eux :

1. La glande pinéale.

2. La glande pituitaire.

3. La glande thyroïde et les glandes parathyroïdes.

4. Le thymus.

5. Le pancréas.

6. Les capsules surrénales.

7. Les gonades ou glandes sexuelles.

Ces centres sont :

1. Le centre de la tête.

2. Le centre entre les sourcils.

3. Le centre laryngé.

4. Le centre cardiaque.

5. Le centre du plexus solaire.

6. Le centre à la base de l'épine dorsale.

7. Le centre sacré.

Ces centres sont étroitement liés au système endocrinien qu'ils déterminent et conditionnent suivant la qualité et la source de l'énergie qui coule à travers eux. Je me suis étendu longuement sur ce sujet dans mes autres ouvrages et je n'y insisterai donc pas ici, sauf pour appeler votre attention sur le rapport existant entre les centres de force dans le corps éthérique, les processus d'intégration qui mettent en activité un centre après l'autre, et la maîtrise définitive de l'âme survenant après l'alignement ultime de la personnalité tout entière.

C'est seulement lorsque les psychologues modernes ajouteront à la connaissance étonnamment intéressante qu'ils possèdent de l'homme inférieur une interprétation occidentale de l'enseignement oriental relatif aux centres de force par lesquels les aspects subjectifs de l'homme, l'inférieur, le personnel et le divin, pourront être exprimés. C'est seulement alors qu'ils trouveront une solution au problème humain et parviendront à une compréhension de la technique de développement et d'intégration qui conduira à une compréhension intelligente, à une sage solution des difficultés et à une interprétation correcte des particularités qui les confrontent si souvent. Lorsqu'à cette admission pourra s'ajouter une étude des sept types majeurs, la science de la psychologie sera amenée à une étape plus près de son utilité en tant qu'instrument majeur de la technique de perfection de l'homme. Les psychologues seraient également considérablement aidés par une étude de l'astrologie entreprise sous l'angle des contacts d'énergie, des lignes de moindre résistance et en tant que l'une des influences et des caractéristiques déterminantes du type considéré. Je ne me réfère pas ici à l'établissement d'un horoscope entrepris dans le but de découvrir l'avenir ou de déterminer certains actes. Cet aspect de l'interprétation astrologique devient de moins en moins utile au fur et à mesure que les hommes acquièrent le pouvoir de maîtriser et de gouverner leurs étoiles et ainsi de diriger leur propre vie. Je me réfère à la reconnaissance des types astrologiques, à celle de leurs caractéristiques, de leurs qualités et de leurs tendances.

Conservant à l'esprit l'analyse faite précédemment des divers aspects de l'être humain qui, durant le processus évolutif, se sont graduellement fondus en une seule personne intégrée, souvenons-nous que la fusion effectuée et les changements apportés sont les résultats d'un déplacement soutenu de la conscience. Celle-ci devient de plus en plus inclusive. Nous ne traitons pas tant ici de l'aspect forme que de la compréhension consciente de l'habitant du corps. C'est là que se trouve notre problème et c'est de cette conscience en voie de développement que les psychologues ont d'abord à traiter. De l'angle de l'âme omnisciente, la conscience est limitée, troublée, exclusive, égoïste, erratique et, au début, trompée. C'est seulement lorsque les processus de développement ont été poursuivis jusqu'à un point relativement élevé et que le sentiment de dualité commence à émerger, que les problèmes réels, les difficultés majeures, les dangers se rencontrent, et que l'homme devient conscient de sa situation. Avant cela, les difficultés sont d'une nature différente et tournent surtout autour de l'équipement physique ; elles concernent la lenteur des réactions vitales et les désirs de qualité inférieure de la nature animale. L'être humain, à ce stade, est surtout un animal, et l'homme conscient est profondément caché et emprisonné. C'est le principe et l'impulsion de vie qui dominent et c'est la nature instinctive qui dirige. Le plexus solaire est le siège de la conscience, la tête et le cerveau sont inactifs.

Il faut se souvenir ici (ainsi que je l'ai signalé maintes fois) que la réalité que nous appelons âme est fondamentalement une expression de trois types d'énergie, vie, amour et intelligence. C'est pour recevoir ces trois énergies que la triple nature inférieure a été préparée et que l'aspect intelligence se reflète dans le mental, la nature de l'amour dans le corps émotionnel de désir, et le principe de vie dans le corps éthérique et à travers lui. En ce qui concerne le corps physique, dans son expression la plus dense (car le corps éthérique constitue l'expression ou l'aspect le plus subtil du corps physique), l'âme s'ancre sous la forme de deux courants d'énergie et à deux points de contact : le courant de vie dans le coeur et le courant de conscience dans la tête.

Cet aspect de la conscience est lui-même double, et ce que nous appelons la soi-conscience est graduellement développée et perfectionnée jusqu'à ce que le centre ajna, ou centre entre les sourcils, soit éveillé. La conscience de groupe latente, qui amène la compréhension du plus grand Tout, est en repos pendant la plus grande partie du cycle évolutif, jusqu'à ce que le processus d'intégration soit parvenu à un point tel que la personnalité fonctionne. Alors, le centre de la tête commence à s'éveiller et l'homme devient conscient dans un sens plus étendu. La tête et le coeur alors se rejoignent et l'homme spirituel apparaît en une expression plus complète.

C'est là, je le sais, un enseignement qui vous est familier mais il est bon de le rappeler brièvement et d'en avoir une idée claire. Gardant ces prémisses à l'esprit, nous ne traiterons pas des difficultés les plus lointaines mais commencerons avec celles de l'homme moderne et avec les conditions dont nous ne sommes tous que trop tristement familiers.