LE TIBETAIN

LES ENSEIGNEMENTS DU TIBETAIN

4. Sexe et l'État de Disciple

4. Sexe et l'État de Disciple

Je voudrais dire quelques mots au sujet du sexe dans la vie du disciple.

Il règne une grande confusion dans l'esprit des aspirants sur ce sujet ; l'injonction au célibat notamment fait figure de doctrine religieuse. Nous avons souvent entendu par des individus bien intentionnés mais illogiques que du fait qu'un homme est un disciple il ne peut plus se marier, et qu'il ne peut y avoir de véritable réalisation spirituelle que dans le célibat. Cette théorie a ses racines dans deux choses :

Premièrement, en Orient, une attitude erronée en ce qui concerne les femmes a toujours eu cours.

Deuxièmement, en Occident, il y a eu depuis le temps du Christ, une tendance vers la conception monastique et conventuelle de la vie spirituelle. Ces deux attitudes sont le reflet de deux idées fausses ; elles sont à la base de beaucoup d'incompréhension et au coeur de beaucoup de mal. L'homme n'est pas meilleur que la femme, la femme n'est pas meilleure que l'homme. Cependant ils se comptent par milliers ceux qui considèrent que la femme est l'incorporation de ce qui est mal et de ce qui constitue la tentation. Mais Dieu avait ordonné depuis le début qu'hommes et femmes s'assisteraient dans leurs besoins et agiraient en complémentaires l'un de l'autre. Dieu n'a pas ordonné que les hommes vivraient en troupeaux, séparés des femmes, ni que les femmes seraient séparées des hommes de la même manière, et ce sont ces deux grands systèmes qui ont conduit à beaucoup d'abus sexuels et engendré beaucoup de souffrances.

Cette croyance que pour être disciple il faut mener une vie de célibat et observer une complète abstinence en ce qui concerne les fonctions naturelles, n'est ni correcte, ni désirable. Cela est évident si l'on reconnaît, primo que, si la divinité est vraiment une réalité et une expression de l'omnipotence, de l'omniprésence aussi bien que de l'omniscience, et que si l'homme est divin par essence, il n'y a pas de condition possible en laquelle la divinité ne soit pas supérieure. Il ne peut y avoir aucune sphère de l'activité humaine dans laquelle l'homme ne puisse pas agir divinement et dans laquelle toutes les fonctions ne puissent être illuminées par la lumière de la raison pure et de l'intelligence divine. Je n'utilise pas ici cet argument spécieux et tortueux affirmant que, ce qui est normalement considéré comme mauvais par tous les gens sains d'esprit, puisse devenir bon à cause de la divinité inhérente de l'homme. Cela ne peut être qu'une mauvaise excuse pour mal faire. Je parle de relations sexuelles normales, permises par la loi spirituelle aussi bien que par la loi du pays.

Secondement, une vie qui n'est pas normalement équilibrée en ce qui regarde l'exercice de toutes les fonctions de sa nature : animale, humaine et divine, est frustrée, inhibée et anormale. Que tout le monde ne puisse pas se marier de nos jours est vrai, mais ce fait ne contredit pas la vérité plus grande que l'homme a été créé par Dieu pour se marier. Que tous les individus n'aient pas la possibilité aujourd'hui de vivre une vie normale et complète, est de même, une conséquence de nos conditions économiques anormales ; et cela non plus ne contredit pas le fait que la condition est anormale. Mais, l'idée qu'un célibat forcé soit une indication de profonde spiritualité, et constitue une condition nécessaire à tout entraînement ésotérique et spirituel est tout aussi fausse, anormale et indésirable. Il n'y a pas de meilleure école d'entraînement pour un disciple et pour un initié, que la vie de famille avec ses relations obligatoires, ses nécessités d'ajustement et d'adaptation, ses demandes de sacrifices et de service, et aussi avec ses opportunités pour la pleine expression de chaque partie de la nature de l'homme.

Il n'y a pas de plus grand service qui puisse être rendu à la race que de lui procurer des corps pour les âmes qui doivent s'incarner et que de consacrer toute son attention aux possibilités d'éducation qui peuvent être offertes à ces âmes dans les limites du foyer. Hélas tout le problème de la vie de famille et de l'éducation des enfants a été déformé et mal compris, et il faudra longtemps avant que le mariage et les enfants occupent leur véritable place en tant que sacrement. Il faudra plus longtemps encore avant que la misère et les souffrances consécutives à nos fautes et à notre mauvais usage des relations sexuelles prennent fin, et que la beauté de la consécration du mariage et de la manifestation des âmes dans la forme, remplace la mauvaise association d'idées actuelles.

Le disciple et l'aspirant sur le sentier, ainsi que l'Initié sur son "Chemin éclairé", n'ont donc pas de meilleur terrain d'entraînement que le mariage, normalement utilisé et réellement compris. Le fait d'amener la nature animale à une discipline rythmée, l'élévation de la nature émotionnelle et instinctive sur l'autel du sacrifice et l'abnégation de soi requise dans la vie de famille sont de puissants procédés de purification et de développement. Le célibat nécessaire est celui de la nature supérieure vis-à-vis des désirs de la nature inférieure, et le refus de l'homme spirituel quant à la domination de la personnalité et les exigences de la chair. Cette attitude de célibat imposé a engendré chez beaucoup de disciples plusieurs genres de perversions des fonctions et des facultés données par Dieu ; et même lorsqu'on n'en arrivait pas à ces conditions misérables, lorsque l'existence restait pure, consacrée et saine, il y a cependant eu de la souffrance inutile, beaucoup de détresse mentale et de discipline sévère, avant que les pensées et les tendances non contrôlées puissent être contrôlées.

Il reste vrai que parfois, lorsqu'il y est appelé dans une vie particulière, un homme peut se trouver en face du problème du célibat, et qu'il peut être forcé de s'abstenir de toutes relations physiques, de vivre une vie de strict célibat, et ceci dans le but de se prouver à lui-même qu'il est capable de contrôler le côté animal et instinctif de sa nature. Mais ce cas est souvent le résultat d'excès et de licences dans une vie précédente, nécessitant des mesures rigoureuses et des conditions anormales pour éliminer et rectifier les erreurs passées, et donner à la nature inférieure le temps de se réajuster.

Encore une fois, ceci n'est donc pas une indication de développement spirituel, mais plutôt le contraire. N'oubliez pas que je m'occupe ici du cas spécial du célibat que l'on s'impose soi même, et pas de la condition mondiale, dans laquelle, pour des raisons économiques et autres, des hommes et des femmes sont obligés de vivre en dehors de la pleine et naturelle expression de la vie.

En dernière analyse, le problème sexuel doit trouver sa solution au foyer et dans des conditions normales, et ce sont les individus avancés du monde et les disciples de tous les degrés qui doivent le solutionner.