C. La dixième loi de guérison

C. La dixième loi de guérison

Le moment est venu de formuler certains postulats dont il sera nécessaire de tenir compte dans la Troisième Partie de ce livre, lorsque nous approfondirons les Lois Fondamentales de la Guérison. Ces Lois et Règles ont déjà été indiquées, mais je me propose maintenant de les analyser en détail.

Nous avons étudié assez longuement les processus immédiats qui prennent place lorsque le principe de vie quitte le corps ou en est retiré. Ces deux processus comportent une distinction basée sur le développement de l'évolution. Nous avons décrit le retrait du principe de vie et celui de la conscience hors des corps subtils des trois mondes, et nous arrivons au point où nous cessons de nous occuper des hommes moyens ou non évolués pour étudier l'activité consciente de l'âme par rapport à son aspect forme.

Chez l'homme non évolué ou moyen, l'âme n'intervient que très faiblement dans le processus de la mort. Elle y contribue simplement par sa détermination de mettre fin au cycle d'une vie incarnée en attendant son retour sur le plan physique. Les "germes de la mort" sont inhérents à la nature des formes et se manifestent par les maladies ou la sénescence, ce dernier mot étant pris dans son sens technique et non dans son sens coutumier. Quant à l'âme, elle se consacre à ce qui l'intéresse sur son propre plan, jusqu'au moment où le processus de l'évolution produit une intégration ou des relations si étroites et d'une nature si réelle entre elle et la forme que l'âme s'identifie profondément avec son expression manifestée. Lorsque ce stade est atteint, on peut même dire que c'est la première fois que l'âme est véritablement incarnée. Vraiment, elle "descend en manifestation" et sa nature entière s'en trouve mise en jeu. C'est un point rarement compris ou mis en lumière.

Au cours de ses vies antérieures et de la majorité de ses cycles d'expérience physique, l'âme s'intéresse fort peu au plan matériel. La rédemption de la substance dont toutes les formes sont bâties se poursuit selon le processus naturel dont le "karma de la matière" est la force dirigeante initiale. Le karma engendré par la fusion de l'âme et de la forme suit en son temps, bien qu'aux stades initiaux l'âme prenne très peu de responsabilités. Ce qui advient à l'intérieur de la triple gaine de l'âme résulte nécessairement des tendances innées de la substance même.

Toutefois, à mesure que le temps passe et que les incarnations succèdent aux incarnations, la qualité de l'âme occupante a pour effet de susciter progressivement l'éveil de la conscience sous forme d'un sens de discrimination qui s'affirme et se développe à mesure que la pensée le soumet à un contrôle de plus en plus sévère. Cela évoque une conscience qui s'éveille, puis une conscience éveillée dont la première manifestation est le sens de la responsabilité. Celui-ci établit une identification croissante entre l'âme et son véhicule, l'homme triple inférieur. Les corps de cet homme s'affinent constamment. Les germes de maladie et de mort perdent une partie de leur virulence. La sensibilité à la compréhension intérieure de l'âme va croissant, et l'initié disciple atteint l'époque où il meurt par un acte de sa volonté spirituelle, ou en réponse a un karma collectif, national, ou planétaire .

La maladie et la mort sont essentiellement des conditions inhérentes à la substance. Tant que l'homme s'identifiera avec l'aspect forme, il sera conditionné par la Loi de Dissolution qui est une loi fondamentale et naturelle régissant la vie des formes dans tous les règnes de la nature.

Lorsque le disciple ou l'initié s'identifie avec l'âme, et qu'il a construit l'antahkarana à l'aide du principe de vie, il cesse d'être soumis à cette loi naturelle et universelle. Il utilise ou rejette son corps à volonté, selon les exigences de la volonté spirituelle, ou la reconnaissance des nécessités de la Hiérarchie, ou les desseins de Shamballa.

Voici donc l'énoncé d'une nouvelle loi qui se substitue à la Loi de la Mort et ne concerne que les disciples parvenus aux ultimes stades de leur Sentier ou aux stades du Sentier de l'Initiation.

LOI X

Prête l'oreille, ô Chéla, à l'appel adressé par le Fils à la  Mère, puis obéis. La Parole est énoncée que la forme a servi son dessein. Le principe de la pensée  ( Le cinquième principe (A.A.B.).)  s'organise alors lui même, puis répète la Parole. La forme expectante répond et s'égaille. L'âme se tient libre.

Réponds, ô Ascendant, à l'appel qui atteint la sphère des obligations. Reconnais l'appel issu de l'Ashram ou de la Chambre du Conseil ou attend le Seigneur de la Vie Lui-même. Le son est émis. L'âme et la forme doivent renoncer ensemble au principe de vie pour permettre à la Monade de se tenir libre. L'âme répond, et la forme brise alors ses connexions. La vie est désormais libérée, pourvue de la qualité de connaissance consciente et du fruit de toute expérience. Tels sont les dons de l'âme et de la forme associées.

J'ai cherché à rendre claire la différence entre la maladie et la mort telles qu'elles sont subies par la moyenne des hommes, et certains processus homologues de dissolution consciente tels que les pratiquent les disciples évolués ou les initiés. Ces processus impliquent le lent développement d'une technique au début de laquelle le disciple reste encore en proie aux maladies qui produisent des tendances chez la forme humaine comme chez toutes les formes de la nature, tendances qui aboutissent à la mort.

Aux stades initiaux, le disciple conscient peut modifier le cours de la maladie, et il s 'ensuit une mort paisible. Aux stades suivants, la mort résulte d'un acte de la volonté. L'heure et le mode du trépas y sont déterminés par l'âme puis consciemment imprimés sur la pensée et enregistrés par le cerveau.

Les deux cas ne sont pas exempts de douleur, mais sur le Sentier de l'Initiation, la douleur est en grande partie déniée, non parce que l'initié cherche à l'éviter, mais du fait que la sensibilité de la forme aux contacts indésirables ayant disparu, la douleur disparaît en même temps.

La douleur est gardienne de la forme et protectrice de la substance ; elle prévient du danger ; elle dénote certains stades définis dans le processus d'évolution ; elle est reliée au principe selon lequel l'âme s'identifie à la substance. Lorsque cette identification cesse, la douleur et la maladie ainsi que la mort perdent leur emprise sur le disciple. L'âme est désormais soustraite à leurs exigences, et l'homme est libre, parce que maladie et mort sont des qualités inhérentes à la forme et sujettes à toutes les vicissitudes de la vie en forme.

Pour l'homme, la mort est exactement homologue de la libération de l'atome ; la grande découverte scientifique de la libération de l'énergie atomique l'a démontré. Le noyau de l'atome est scindé en deux, cette expression étant d'ailleurs scientifiquement inexacte. Cet événement dans la vie expérimentale de l'atome libère une grande lumière et une grande puissance.

Sur le plan astral, le phénomène de la mort produit un effet assez similaire à celui qui résulte du dégagement de l'énergie atomique, et suit une marche étroitement parallèle. Chaque mort dans chacun des règnes de la nature produit dans une certaine mesure le même effet : elle brise et détruit une forme substantielle et sert ainsi un dessein constructif. Ce résultat est en grande partie astral ou psychique et sert à dissiper une fraction de l'illusion ambiante.

Une destruction massive de formes a pris place durant les dernières années de la guerre mondiale. Elle a produit des changements phénoménaux dans le plan astral et l'écroulement d'une immense quantité d'illusions dans le monde, ce qui est vraiment excellent. Il devrait résulter de ces événements une moindre résistance à l'influx des nouveaux types d'énergie et plus d'aisance dans l'apparition des idées qui les incorporent. Les nouveaux concepts seront désormais perçus et reconnus. Leur émergence dans le royaume de la pensée humaine dépendra de la formulation des nouveaux "passages et canaux d'impression" permettant aux hommes de devenir sensibles aux plans hiérarchiques et aux desseins de Shamballa.

Toutefois, ceci sort du sujet, mais aura fait connaître quelques-unes des relations entre la mort et l'activité constructive ainsi que la vaste utilité de la mort en tant que processus de reconstruction et l'idée que cette grande Loi de la Mort qui gouverne la substance dans les trois mondes est un événement bienfaisant et rectificateur.

Rappelons sans nous étendre que cette Loi de la Mort qui s'exerce avec tant de puissance dans les trois mondes d'évolution humaine reflète un dessein cosmique qui régit les plans cosmiques éthériques de notre système solaire, le plan cosmique astral, et le plan cosmique mental. L'énergie qui distribue la mort exprime le principe de vie de la plus grande VIE qui englobe les sept systèmes planétaires, lesquels expriment en Eux-mêmes la Vie de notre système solaire. Lorsque notre pensée et notre effort de compréhension nous font pénétrer ce royaume d'abstraction pure, il est temps de donner le signal d'arrêt et de retourner en pensée aux modes plus praticables de la vie terrestre et aux lois régissant le quatrième règne de la nature, le règne humain.

Après avoir ainsi tenté de raisonner de l'universel au particulier, ce qui est toujours la voie ésotérique, nous sommes en mesure d'aborder le dernier point traitant des Conditions Fondamentales de la Guérison, l'utilisation du principe de la mort par les disciples et les initiés. Je prie le lecteur de prendre note de la manière dont j'exprime ce concept, qui va être étudié sous le titre "Les Processus d'Intégration".