IV. LA REGENERATION DES EGLISES

IV. LA REGENERATION DES EGLISES

 

L'échec des Eglises dans leur tâche de bien conduire les hommes, ainsi que leur faillite à garder ouvertes les portes du royaume de Dieu et à empêcher le mal, une fois compris (le sommet de l'abomination étant la guerre mondiale 1914-1945), et les vérités essentielles au salut de l'homme une fois posées la question est de savoir si les Eglises, en Orient comme en Occident, peuvent être régénérées, purifiées et réalignées sur la vérité divine. Peuvent-elles, en réalité, entreprendre la tâche qu'elles crient bien haut leur appartenir, et dispenser véritablement la vérité, en se montrant sur terre les représentantes du royaume de Dieu ? La réponse est affirmative. Leur régénération positive dépend de certains changements dans l'attitude fondamentale des chefs et des maîtres enseignants de l'Eglise. Cela doit se baser sur une révision des doctrines et des dogmes et l'élimination de facteurs comme l'avidité, l'orgueil de caste, le matérialisme et l'exploitation du peuple, qui les ont conduites à leur perte. Ces changements peuvent s'effectuer et leur possibilité est démontrable par la perception de certains facteurs généralement méconnus. Examinons-en quelques-uns.

Un optimisme profond et sain est tout à fait possible même dans les circonstances décourageantes que nous essayons de décrire. Le cœur de l'humanité est sain. Dieu, par Sa nature même et avec toute Sa puissance, est présent dans la personne de chaque homme, non encore révélé dans la majorité des cas mais éternellement présent et avançant vers Son expression complète.
Rien n'a pu, ni n'a jamais empêché l'humanité de progresser régulièrement de l'ignorance vers la connaissance, et de l'obscurité vers la lumière. La première grande clause de la prière la plus ancienne du monde : "Conduis-nous de l'obscurité vers la Lumière" s'est accomplie dans une large mesure. Aujourd'hui nous sommes sur le point de voir la réponse à la seconde clause : "Conduis-nous de l'irréel vers le Réel." Ce pourrait bien être là l'effet le plus remarquable de la cinquième Voie d'Approche future. Les attitudes religieuses irréelles, les valeurs fausses, les modes de vie artificiels et les vérités de contrefaçon ont régi l'humanité et nulle part autant que dans les Eglises et les religions organisées du monde. Dieu n'est pas tel qu'on l'a représenté. Le salut ne s'accomplit pas comme les Eglises le prêchent ; l'homme n'est pas le misérable pécheur que les Eglises prétendent. Tout cela est irréel, mais le Réel existe. Il existe pour les Eglises et les représentants professionnels de la religion organisée, autant que pour tout autre homme ou groupe. Le clergé est aussi fondamentalement divin, aussi sain et aussi sûrement sur la voie de l'illumination que tout autre homme sur terre. Le salut des Eglises dépend de l'humanité, de leurs représentants et de leur divinité innée, aussi sûrement que le salut de la masse des hommes. C'est une dure vérité pour l'Eglise.

Des hommes éminents, bons, saints et humbles se trouvent parmi les prêtres qui servent dans chaque Eglise ; silencieusement et calmement, ils essayent de vivre comme le Christ désire qu'ils vivent et en donnant l'exemple d'une conscience christique, qui manifeste le rapport étroit établi entre Dieu et eux.

Que ces hommes se lèvent et, avec leur puissance spirituelle, qu'ils éliminent des Eglises les matérialistes et les étroits doctrinaires, qui entretiennent l'Eglise dans le triste état où elle se trouve aujourd'hui. Qu'ils intensifient la flamme de leur cœur et qu'ils se rapprochent délibérément et avec intelligence du Christ qu'ils servent. Qu'ils amènent plus près de la Hiérarchie ceux qu'ils cherchent à aider. Qu'ils abandonnent sans lutte, ni commentaire ni colère, les doctrines qui retiennent le peuple dans des prisons mentales et qu'ils proposent ces quelques enseignements véritables, auxquels répondent partout les cœurs des hommes. Qu'ils acceptent la pénalité que cette activité entraînera et réalisent que leurs paroles et leurs attitudes précipiteront la mobilisation des forces du mal contre les Forces de Lumière et le conflit entre ces deux genres de forces. Qu'ils soient gais et courageux, optimistes et joyeux, car les forces du mal ont été considérablement affaiblies et les masses humaines s'éveillent rapidement aux vraies valeurs spirituelles. Qu'ils sachent que le Christ et la véritable Eglise intérieure sont de leur côté. Donc la victoire leur appartient déjà.

Les processus de l'évolution sont peut-être longs, mais ils sont sûrs et éprouvés et rien ne peut arrêter l'avance du royaume de Dieu. L'humanité doit progresser, stade par stade et cycle après cycle, elle se rapproche de la divinité, découvre une lumière plus brillante et arrive à accroître sa connaissance de Dieu. Dieu, en la personne du Christ et de Ses disciples, se rapproche aussi des hommes. Ce qui fut dans le passé sera vraiment dans l'avenir. Les révélations succéderont aux révélations, jusqu'à ce que la Grande Vie informant la planète (appelée dans la Bible l'Ancien des Jours) se révèle dans toute Sa gloire. Il s'approchera alors Lui-même de Son peuple régénéré.

Un autre point à ne pas oublier, c'est qu'en la nouvelle génération réside l'espoir, car elle répudie l'ancien et l'indésirable, l'espoir, à cause de son exigence incessante de lumière spirituelle, malgré le rejet de la contrefaçon de lumière offerte par les Eglises, l'espoir, à cause de sa promptitude à reconnaître la vérité, partout où elle se trouve (dans l'Eglise ou hors d'elle), l'espoir, enfin, parce que, née au sein d'un monde en ruines et du chaos général, cette génération est prête à reconstruire.

L'effondrement des royaumes, la destruction des antiques civilisations, la ruine des organisations ecclésiastiques et l'effritement des valeurs et des normes anciennes sont d'énormes avantages, si on sait s'en servir. Le vin nouveau ne peut être mis dans de vieilles outres ; les vérités obsolètes n'évoqueront point d'écho chez la jeunesse qui pense clairement. Soutenir des institutions cristallisées et matérialistes n'intéresse pas la génération moderne.
Tout cela est excellent. Si les Eglises veulent l'admettre et faire table rase des anciens aspects de la religion instituée devenus indésirables, elles peuvent sauver la mise. Si les ecclésiastiques réussissent à se réorienter vers la divinité, ils pourront alors dire : "L'Eglise du Christ demeure, mais ses fondements ne reposent pas dans le visible ; l'amour du Christ a toujours le pouvoir de sauver, car la vie et l'amour sont une même chose ; cette vie et cet amour agissent à travers toute vie sur terre qui sert le Christ. Le salut de l'humanité est causé par une vie vécue selon le modèle du Grand Exemple, le Christ, en exprimant la bonne volonté et les justes relations humaines." L'Eglise proclamera alors que les hommes peuvent se rapprocher de Dieu, non par la médiation, l'absolution et l'intercession de n'importe quel prêtre ou ecclésiastique, mais en raison de sa propre divinité inhérente. Ce sera le devoir de tout ecclésiastique d'évoquer cela par son exemple, par l'énergie de l'amour appliqué et pratiqué (et non exprimé par un paternalisme soporifique) et par l'effort commun du clergé de toutes les confessions, partout dans le monde.

Les Eglises d'Occident doivent réaliser que, fondamentalement, il n'existe qu'une Eglise, mais qui n'est pas nécessairement la seule institution chrétienne orthodoxe. Dieu agit de bien des manières, à travers de nombreuses croyances et systèmes religieux. Par leur union se révélera la plénitude de la vérité. C'est une des raisons pour l'élimination des doctrines non essentielles.

Dans l'intérêt de leur propre salut, dans l'intérêt de l'humanité et pour perpétrer la structure présente de la foi, le clergé doit descendre de la situation élevée qu'il s'est appropriée et des sommets de la puissance matérielle où il est parvenu, pour devenir comme était l'humble Christ parmi les hommes, un simple citoyen, distingué par la beauté et la simplicité de Sa vie et la puissance de Sa parole, un Sauveur aimant, qui allait faisant le bien et ne vivant pas dans la sécurité, le confort et souvent la richesse, un Sauveur qui s'est sacrifié Lui-même, comptant pour seuls valables l'aide et le salut et ouvrant la porte du Royaume au prix de Sa vie, afin que tous les hommes y puissent entrer.