CHAPITRE I L'OBJECTIF DE L'EDUCATION NOUVELLE

CHAPITRE I

L'OBJECTIF DE L'EDUCATION NOUVELLE

Déclarations préliminaires

On pourrait considérer que cet ouvrage traite des trois aspects différents d'un thème général unique : les méthodes, les idées nouvelles et prochaines concernant l'éducation. Son objectif est d'élucider le développement culturel de la race, et d'envisager le prochain pas à franchir dans le progrès mental de l'humanité. L'enseignement, s'il est authentique, doit être dans la ligne du passé et fournir un champ d'efforts dans le présent ; il doit aussi éclairer davantage ceux qui ont réussi ou sont en train de parvenir aux buts désignés. Il faut qu'un avenir spirituel soit spécifié. C'est cela qui est nécessaire actuellement.

Le terme "spirituel" ne se rapporte pas à ce que l'on appelle les questions religieuses. Toute activité qui fait aller l'être humain de l'avant, vers quelque forme de développement – physique, émotionnel, intuitionnel, social – si elle est plus avancée que son état présent, est essentiellement de nature spirituelle et indique la vitalité de l'entité divine intérieure. L'esprit de l'homme est immortel ; il persiste éternellement, progressant d'un point à un autre, d'un stade à un autre sur le Sentier de l'Evolution, révélant régulièrement et successivement les attributs et aspects divins.

Les trois points de notre thème général sont :

1. La technique de l'éducation de l'avenir.

2. La science de l'Antahkarana. Elle traite de la manière de jeter un pont sur le hiatus existant dans la conscience de l'homme, entre le monde de l'expérience humaine ordinaire, le monde triple du fonctionnement physique, émotionnel, mental, et les niveaux supérieurs de ce que l'on appelle le développement spirituel, qui est le monde des idées, de la perception intuitive, de la pénétration et de la compréhension spirituelle.

3. Les méthodes de construction de l'Antahkarana. Ceci conduit à surmonter les limitations – physiques et psychologiques – qui restreignent, chez l'homme, la libre expression de sa divinité innée.

Nous ne pouvons que préparer le terrain pour ce troisième point, car cette question implique des pratiques avancées de méditation qu'il faut aborder progressivement. J'ai traité de la méditation dans mes autres livres.

On pourrait ici poser la question : pourquoi y a-t-il intérêt à envisager de passer du temps à ce qui est encore dans l'avenir ? Je répondrai en vous rappelant que "L'homme est tel que sont ses pensées." Ceci est un truisme de l'occultisme. Donc, ce qui est vrai de l'individu est vrai aussi du groupe ; un groupe réagira finalement selon sa manière de penser. A mesure que les ondes de la pensée de groupe pénètrent dans l'atmosphère mentale de l'humanité, les hommes en reçoivent progressivement l'impression, et l'instauration des nouveaux modes de vie et de développement s'accomplit avec une facilité accrue. Je cherche seulement ici à vous donner quelques idées générales et brèves, qui serviront à vous indiquer la direction de ma pensée et le dessein que j'ai dans l'esprit. La manière la plus aisée dont je puisse le faire est peut-être de formuler certaines propositions qui sont intéressantes et peuvent apporter l'illumination.

I.

L'éducation, jusqu'ici, était l'art de synthétiser l'histoire du passé, les résultats obtenus dans tous les domaines de la pensée humaine, et d'indiquer le point atteint, à l'époque, par la connaissance humaine. Elle traitait des formes de science que le passé avait produites. Elle regardait principalement vers l'arrière et non vers l'avant. Je souhaite vous rappeler ici que je parle de façon générale, et qu'il existe de nombreuses et notables exceptions à cette attitude, quoique de faibles dimensions.

II.

L'éducation s'est avant tout préoccupée d'organiser le mental inférieur ; la nature de l'enfant était largement évaluée selon sa réaction à l'information accumulée (en ce qui concernait l'éducation) aux données, collationnées et recueillies, transmises en ordre successif, digérées et organisées en vue de le préparer à rivaliser avec l'information détenue par d'autres personnes.

III.

Jusqu'ici, l'éducation a été surtout un entraînement de la mémoire, bien qu'actuellement on commence à reconnaître la nécessité de mettre fin à cette attitude. L'enfant doit assimiler les faits que la race considère comme vrais, qu'elle a mis à l'épreuve dans le passé et trouvés adéquats. Mais chaque vie a des normes différentes quant à ce qui est adéquat. L'ère des Poissons traitait des détails de l'effort fait pour être à la hauteur de l'idéal pressenti. C'est pourquoi l'histoire couvre la méthode par laquelle les tribus acquirent le statut national par l'agression, la guerre et la conquête. Cela indiquait la réussite raciale.

La géographie s'est basée sur une réaction similaire à l'idée d'expansion et, par elle, l'enfant apprend comment les hommes, poussés par des nécessités économiques ou autres, ont conquis des territoires et absorbé des pays. Cela aussi a été considéré et à juste titre comme une réussite raciale. Les diverses branches de la science sont aussi considérées comme représentant la conquête de zones de territoires, ce qui, à nouveau, fut proclamé réussite raciale. Les conquêtes de la science, les conquêtes des nations et les conquêtes de territoires indiquent toutes la méthode piscéenne, avec son idéalisme, son caractère militant et séparatif dans tous les domaines, religieux, politique et économique. Mais l'âge de la synthèse de l'inclusivité et de la compréhension est imminent, et la nouvelle éducation de l'Ere du Verseau doit commencer à pénétrer l'aura humaine avec beaucoup de douceur.

IV.

L'éducation est plus que l'entraînement de la mémoire, plus que l'information de l'enfant quant au passé et à ses réalisations. Ces facteurs ont leur place, et le passé doit être étudié et compris, car il doit en découler ce qui est nouveau, sa fleur et son fruit. L'éducation implique davantage que l'étude profonde d'une question et la formation de conclusions subséquentes, conduisant à des hypothèses qui, à leur tour, conduisent à davantage d'études et de conclusions.

L'éducation est plus qu'un effort sincère pour préparer l'enfant ou l'adulte à être un bon citoyen, un père intelligent, et non une charge pour l'état. Elle a une application beaucoup plus large que de produire un être humain qui sera un atout commercial, et non une charge commerciale. L'éducation a d'autres objectifs que de rendre la vie agréable, et de permettre aux hommes d'acquérir une culture qui les rendra aptes à participer, avec intérêt, à tout ce qui survient dans les trois mondes des affaires humaines. Elle est tout ce que j'ai indiqué cidessus, mais elle devrait aussi être beaucoup plus.

V.

 L'éducation a trois objectifs majeurs sous l'angle du développement humain.

Premièrement, ainsi que beaucoup l'ont saisi, elle doit faire de l'homme un citoyen intelligent, un père plein de sagesse et une personnalité qui se domine. Elle doit lui permettre de jouer son rôle dans le travail mondial et le préparer à vivre avec ses voisins, de manière paisible, secourable et harmonieuse.

Deuxièmement, elle doit lui permettre de jeter un pont par-dessus l'ouverture séparant les divers aspects de sa nature mentale, et c'est là que je placerai l'accent principal des instructions que j'ai maintenant l'intention de vous donner.

Dans la philosophie ésotérique, comme vous le savez bien, on nous enseigne qu'il existe trois aspects du mental, ou de cette créature mentale que nous appelons l'homme. Ces trois aspects constituent la partie la plus importante de sa nature.

1. Son mental inférieur concret, principe du raisonnement. C'est de cet aspect de l'homme que nos méthodes d'éducation prétendent traiter.

2. Le Fils du Mental, que nous appelons Ego ou Ame. C'est le principe d'intelligence qui a de nombreuses appellations dans la littérature ésotérique, telles que Ange Solaire, Agnishvattas, principe christique, etc. Dans le passé, la religion prétendait s'occuper de ce principe.

3. Le mental supérieur abstrait, gardien des idées, qui apporte l'illumination au mental inférieur, après que le mental inférieur se soit mis en rapport avec l'âme. La philosophie a prétendu traiter de ce monde des idées.

Nous pourrions nommer ces trois aspects :

Le mental réceptif, le mental dont s'occupent les psychologues.

Le mental individualisé, le Fils du mental.

Le mental de l'illumination, le mental supérieur.

Troisièmement, le hiatus entre le mental inférieur et l'âme doit être comblé. Assez curieusement, l'humanité l'a toujours compris et a donc employé les termes de "parvenir à l'unité", ou "réaliser l'unification", ou "atteindre l'alignement". Tous ces termes sont des tentatives d'expression de la vérité intuitivement comprise.

VI.

L'éducation, pendant l'âge nouveau, devra aussi s'occuper de combler l'ouverture entre les trois aspects de l'être mental : entre l'âme et le mental inférieur, ce qui produit l'unification entre l'âme et la personnalité ; entre le mental inférieur, l'âme et le mental supérieur.

La race y est maintenant prête ; pour la première fois dans la carrière de l'humanité, le travail de construction du pont peut avancer sur une échelle relativement grande. Il est inutile que je m'étende là-dessus, car cela concerne les détails techniques de la Sagesse antique dont je vous ai beaucoup parlé dans mes autres livres.

VII.

L'éducation est donc la Science de l'Antahkarana. Cette science et ce terme sont la manière ésotérique d'exprimer la vérité sur la nécessité de ce pont. L'antahkarana est le pont que l'homme construit – par la méditation, la compréhension et le travail créateur magique de l'âme – entre les trois aspects de son être mental. Donc, les objectifs primordiaux de l'éducation à venir seront :

1. De réaliser un alignement entre le mental et le cerveau par une compréhension correcte de la constitution intérieure de l'homme, particulièrement du corps éthérique et des centres de force.

2. De construire un pont entre cerveau-mental-âme, ce qui produit la personnalité intégrée, expression de l'âme, habitant le véhicule qui se développe assidûment.

3. De construire un pont entre le mental inférieur, l'âme et le mental supérieur, afin que l'illumination de la personnalité devienne possible.

VIII.

La vraie éducation est, en conséquence, la science qui relie les parties intégrantes de l'homme, le reliant aussi à son tour à son entourage immédiat, puis au grand tout dans lequel il a un rôle à jouer.

Chaque aspect, envisagé en tant qu'aspect inférieur, peut toujours n'être que l'expression de l'aspect qui lui est directement supérieur.

Dans cette phrase, j'ai exprimé une vérité fondamentale qui, non seulement comporte l'objectif, mais indique aussi le problème de tous ceux qui s'intéressent à l'éducation. Ce problème est d'évaluer correctement le centre, ou point focal de l'attention de l'homme, et de noter où la conscience est principalement centrée. Puis il doit être instruit de telle manière que le transfert de ce point focal dans un véhicule supérieur devienne possible. Nous pouvons aussi exprimer cette idée d'une manière également vraie en disant que le véhicule, qui semble d'importance majeure, puisse et doive devenir d'importance secondaire, à mesure qu'il devient simplement l'instrument de celui qui lui est directement supérieur. Si le corps astral (émotionnel) est le centre de la vie de la personnalité, alors l'objectif de la méthode éducative imposée au sujet sera de faire du corps mental le facteur dominant. Le corps astral devient alors le véhicule réceptif à l'impression des conditions environnantes auxquelles il est sensible, mais il est placé sous la domination du mental. Si le mental est le centre de l'attention de la personnalité, alors l'activité de l'âme doit être portée à une plus complète expression ; ainsi de suite, le travail se poursuit, le progrès s'effectuant de point en point, jusqu'à ce que le haut de l'échelle soit atteint.

On pourrait noter ici que toute cette exégèse sur le mental et sur la nécessaire construction d'un pont n'est que la démonstration pratique de la vérité de l'aphorisme occulte qui dit "avant que l'homme ne puisse fouler le Sentier, il doit devenir ce Sentier même." L'antahkarana est symboliquement le Sentier. C'est l'un des paradoxes de la science ésotérique. Pas à pas, degré par degré, nous construisons ce Sentier, comme l'araignée tisse sa toile. C'est cette "voie de retour" que nous tirons de nous-mêmes ; c'est cette voie aussi que nous découvrons et empruntons.