LE TIBETAIN

LES ENSEIGNEMENTS DU TIBETAIN

LIVRE I - 47. Lorsque cet état hyper-contemplatif est atteint, le yogi arrive à la pure réalisation spirituelle par le calme équilibré de la chitta (ou substance mentale).

47. Lorsque cet état hyper-contemplatif est atteint, le yogi arrive à la pure réalisation spirituelle par le calme équilibré de la chitta (ou substance mentale).

 

Les mots sanscrits employés dans ce sutra ne peuvent être traduits de façon adéquate et en termes précis que par l'emploi de certaines phrases donnant plus de clarté à la version anglaise. Le sutra pourrait être formulé littéralement comme suit : "Une claire netteté est la conséquence de la chitta apaisée." Il faut se rappeler que la notion ici impliquée est l'idée de pureté, dans son véritable sens, signifiant "affranchissement de la limitation" et impliquant en conséquence l'aboutissement à la pure réalisation spirituelle. Il en résulte un contact, pris par l'âme, avec la monade ou esprit, l'intelligence de ce contact étant alors transmise au cerveau physique.

Cela n'est possible qu'à un stade très avancé de la pratique du yoga, lorsque la substance mentale est parfaitement calme. Le Père dans les Cieux est connu, tel qu'Il est, révélé par le Fils à la Mère. Sattva (ou le rythme) reste seul apparent, rajas (l'activité) et tamas (l'inertie), étant dominés et maîtrisés. Ici, n'oublions pas que sattva se rapporte au rythme des formes au sein desquelles fonctionne le yogi, et que l'aspect supérieur ou spirituel n'est connu que lorsque ces formes sont l'expression de la plus haute des trois gunas (ou qualités de la matière). Le second aspect n'est connu que quand rajas domine ; et quand règne tamas, c'est l'aspect le plus bas qui est alors connu. Une analogie intéressante peut être établie entre l'aspect inertie (ou tamas) de la matière et la condition dans laquelle se trouvent les corps du Yogi lorsqu'il est dans le plus haut état de Samadhi. Le parfait mouvement sattvique ou rythmique est alors si parfait qu'il devient, aux yeux de l'homme moyen, la réalisation d'un état statique représentant la sublimation de la condition tamasique ou inerte de la substance la plus dense.

On pourra s'aider du texte suivant, tiré du commentaire accompagnant la traduction des sutras par Woods :

"... Quand elle est affranchie de l'obscurcissement causé par l'impureté, la sattva de la substance pensante, dont l'essence est lumière, s'écoule en un flux calme et translucide que ni rajas ni tamas ne submergent. C'est alors la limpidité. Quand cette limpidité parvient à un état d'équilibre suprêmement réflecteur, (c'est-à-dire) la vision fulgurante (sputa) qui ne passe pas par les étapes de l'ordre successif (suivi par l'habituel processus expérimental) qui a pour objectif déterminé la chose telle qu'elle est réellement... L'impureté est un amalgame de rajas et tamas ; c'est la souillure dont le caractère distinctif est l'obscurcissement. De cette souillure, la clarté est affranchie." (p. 93)

L'homme a réussi (par la discipline, par l'observation des pratiques du yoga et par la persévérance dans la méditation) à se dissocier de toutes les formes et à s'identifier à ce qui est sans forme.

Il a atteint le point qui est au coeur de son être. A partir de ce point de pure réalisation spirituelle, il peut de plus en plus travailler dans le futur. Par la pratique, il affermit cette réalisation et il considère sa vie, son travail et les circonstances qui les accompagnent, comme le déroulement d'un spectacle ne le concernant pas. Il peut cependant projeter sur eux l'éclat inquisiteur de l'esprit pur ; il est lui-même lumière, se connaît comme faisant partie de la
"Lumière du Monde" et sait qu' "en cette lumière il verra la lumière". Il connaît les choses telles qu'elles sont et se rend compte que tout ce qu'il a jusqu'ici considéré comme réalité n'est en fait qu'illusion. Il a traversé la grande Maya, passé derrière elle dans la lumière qui l'engendre, et toute erreur est désormais pour lui impossible ; son sens des valeurs est juste ; son estimation de la proportion est exacte ; il n'est plus porté à se leurrer, mais se tient ferme, délivré des mirages. Ce point étant atteint, le plaisir ni la douleur ne l'affectent plus ; il est perdu en la béatitude de la Conscience-du-Soi.

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