LE TIBETAIN

LES ENSEIGNEMENTS DU TIBETAIN

LIBERATION DE LA MORT

 

 

 

LIBERATION DE LA MORT

 

Nous en arrivons à la deuxième partie de notre étude de cette Règle. Nous avons traité de la libération des dangers relatifs à la création de formes-pensée par un être humain qui a appris ou qui apprend à créer sur le plan mental. Il y aurait beaucoup à dire sur l'incapacité de la plupart des étudiants à penser avec clarté. Une pensée claire implique la capacité de se dissocier, au moins temporairement, de toutes les réactions et les activités de la nature émotive.
Tant que le corps astral est dans un état d'agitation et que ses humeurs, ses sentiments, ses désirs et ses émotions sont assez puissants pour retenir l'attention, les processus de la pensée positive sont impossibles. Jusqu'au moment où la valeur de la concentration et de la méditation sera reconnue et que la nature du mental et de ses modifications sera universellement comprise, des enseignements sur ce sujet seront inutiles.

Dans ces instructions, j'ai cherché à donner une indication quant au premier pas dans la psychologie ésotérique et j'ai traité, tout d'abord, de la nature et du moyen de formation du corps astral. Plus tard, au cours de ce siècle, la psychologie du mental, sa nature et ses modifications pourront être traitées plus en détail. Le temps n'est pas encore venu pour cela.

Notre sujet est : "La libération de la nature physique par le processus de la mort".

Il faut tenir compte de deux faits en cherchant à étudier les moyens pour une telle libération.

Premièrement, par nature corporelle, j'entends la personnalité intégrée ou tout ce qui se rapporte aux facultés du corps physique, du véhicule éthérique, à la substance (ou état d'être) du désir et des émotions et à la substance mentale. C'est ce qui constitue les enveloppes ou formes extérieures de l'âme incarnée. La conscience se concentre dans l'une ou dans l'autre de ces formes extérieures ou elle s'identifie à l'âme ou à la forme. L'homme moyen agit avec facilité et conscience dans le corps physique et dans le corps astral. L'homme intelligent et très évolué arrive à la maîtrise de son appareil mental, mais seulement dans certains de ses aspects, comme la mémoire ou la faculté d'analyse. Parfois, il réussit à unifier ses trois aspects en une personnalité qui fonctionne consciemment.
L'aspirant commence à comprendre en partie le principe de vie qui anime la personnalité, tandis que le disciple les utilise tous les trois, car il a coordonné (ou aligné) l'âme, le mental et le cerveau, et il commence ainsi à travailler avec son appareil subjectif ou aspect énergie.

Deuxièmement, cette libération s'obtient par la juste compréhension de l'expérience mystique que nous appelons mort. Ce sera notre sujet. Il est si vaste que je peux seulement indiquer certaines lignes sur lesquelles l'étudiant pourra réfléchir, poser certaines prémisses qu'il pourra ensuite développer. Nous nous limiterons, en premier lieu, à la mort du corps physique.

Définissons ce processus mystérieux auquel sont soumises toutes les formes et qui est considéré souvent comme la fin, redoutée parce qu'incomprise. Le mental de l'homme est si peu développé que la peur de l'inconnu, de ce qui ne lui est pas familier, et l'attachement à la forme ont produit une situation où l'un des événements les plus bienfaisants dans le cycle de la vie d'un Fils de Dieu incarné est considéré comme quelque chose à éviter et qu'il faut retarder le plus longtemps possible.

La mort, si seulement nous pouvions le comprendre, est l'une des activités auxquelles nous nous livrons le plus. Nous sommes morts bien des fois et nous mourrons encore à bien des reprises. La mort concerne essentiellement la conscience. A un moment donné, nous sommes conscients sur le plan physique ; plus tard nous passons sur un autre niveau d'existence et nous y sommes tout aussi conscients. Tant que notre conscience est identifiée à la forme, la mort gardera à nos yeux son ancienne peur. Dès que nous nous reconnaîtrons comme âmes et que nous serons capables de centrer notre conscience et de nous sentir éveillés en toute forme ou sur n'importe quel plan, à volonté, ou dans n'importe quelle direction au sein de la forme de Dieu, nous ne connaîtrons plus la mort.

Pour l'homme moyen, la mort est une catastrophe qui implique la fin de tous les rapports humains, la cessation de toute activité physique, la rupture de tous les liens d'amour et d'affection et le passage, non voulu et auquel on se rebiffe, dans l'inconnu et le redoutable. On peut la comparer au fait de quitter une pièce éclairée et chauffée, amicale et familière où sont rassemblés ceux qui nous sont chers, pour sortir dans la nuit sombre et froide, seul et frappé de terreur, espérant le mieux sans aucune certitude.

Nous oublions que chaque nuit dans notre sommeil nous mourrons au monde physique pour vivre ailleurs. Les hommes oublient qu'ils ont déjà acquis la faculté d'abandonner sans difficulté le corps physique, car ils ne peuvent ramener dans la conscience du cerveau physique le souvenir de ce passage et de l'intervalle de vie active. Ils ne font pas le rapport entre la mort et le sommeil. La mort, après tout, n'est qu'un intervalle plus long entre deux périodes d'activité sur le plan physique. Néanmoins, le processus du sommeil quotidien et celui de la mort sont identiques, avec la seule différence que, pendant le sommeil, le cordon d'énergie ou courant d'énergie le long duquel la force de vie s'écoule, est conservé intact et constitue la voie de retour au corps.
Dans la mort, ce cordon de vie est rompu, l'entité consciente ne peut alors retourner dans le corps physique dense et ce corps, dépourvu du principe de cohésion, se désintègre.

Il faut se souvenir que le but et la volonté de l'âme – la détermination spirituelle d'être et de faire – utilise le cordon ou fil de l'âme, le sutratma, ou courant vital, comme moyen d'expression dans la forme. Ce courant de vie se différencie en deux courants, ou fils, quand il "s'ancre", si je puis dire, en deux points du corps. C'est le symbole de la différenciation Atma ou Esprit en ses deux réflexions, âme et corps. L'âme ou aspect conscience qui fait de l'homme une entité douée de raison et de la faculté de penser, est ancrée par l'un des aspects de ce fil à un point du cerveau, dans la région de la glande pinéale.
L'autre aspect, l'aspect vie, qui anime chaque atome du corps et constitue le principe de cohésion ou d'intégration, atteint le coeur et s'y ancre. De ces deux points, l'homme spirituel cherche à dominer le mécanisme. Ainsi l'action sur le plan physique devient possible et l'existence objective devient un mode d'expression temporaire. L'âme, siégeant dans le cerveau, fait de l'homme une entité intelligente douée de raison, consciente de soi et indépendante. Il prend conscience du monde où il vit à des degrés divers selon le point d'évolution atteint et selon le développement de son véhicule de manifestation qui en découle. Ce mécanisme est triple. Il y a tout d'abord les nadis et les sept centres de force, ensuite le système nerveux et ses trois subdivisions : cérébrospinal, sympathique et périphérique ; enfin le système endocrinien qui peut être considéré comme l'aspect le plus dense ou la manifestation des deux autres.

L'âme, siégeant dans le cœur, est le principe vital, le principe d'autodétermination, le noyau central de l'énergie positive par laquelle tous les atomes du corps sont maintenus en place et subordonnés à la "volonté de vivre" de l'âme. Ce principe de vie utilise le courant sanguin comme moyen d'expression et comme agent dominant ; étant donné l'étroit rapport qui existe entre le système endocrinien et le courant sanguin, nous avons les deux aspects de l'activité de l'âme unis de manière à faire de l'homme une entité agissante, vivante et consciente, régie par l'âme et qui exprime le but de l'âme dans toutes les activités de la vie quotidienne.

La mort est donc, littéralement, le retrait du cœur et de la tête de ces deux courants d'énergie, ce qui produit la perte complète de la conscience du corps et sa désintégration. La mort diffère du sommeil en ce que les deux courants d'énergie sont retirés. Dans le sommeil, seul le fil d'énergie ancré dans le cerveau est retiré et l'homme perd alors la conscience. Sa conscience est centrée ailleurs. Son attention n'est plus dirigée vers les choses physiques et tangibles, mais elle se tourne vers un autre monde d'existence et se centre dans un autre appareil ou mécanisme. Dans la mort, les deux fils ou courants d'énergie sont retirés ou unifiés dans le fil de la vie. La vitalité cesse de pénétrer dans le courant sanguin, le cœur s'arrête, le cerveau cesse d'enregistrer et le silence s'établit. La maison est vide. L'activité cesse, excepté cette activité immédiate et stupéfiante qui est la prérogative de la matière même et qui s'exprime par le processus de décomposition. D'un certain point de vue, ce processus indique l'unité de l'homme avec la matière. Il fait donc partie de la nature même ; par nature, nous entendons le corps de la vie unique en qui nous avons "la vie, le mouvement et l'être". Dans ces trois mots "vie, mouvement, être" nous avons toute l'histoire.

Etre est perception, conscience et expression de soi dont la tête et le cerveau sont les symboles exotériques.

Vie est énergie, désir manifesté, cohésion et adhésion à une idée. Le cœur et le sang en sont les symboles exotériques.

Mouvement : intégration et réponse de l'entité consciente dans l'activité universelle. L'estomac, le pancréas et le foie en sont les symboles.

Il est intéressant, bien qu'à côté de notre sujet, de rappeler que dans les cas d'imbécillité ou d'idiotie ou dans l'état de décadence sénile, le fil ancré dans le cerveau est retiré alors que celui qui transmet l'impulsion vitale reste ancré dans le cœur. Il y a encore la vie, mais pas de perception intelligente ; il y a mouvement, mais pas direction intelligente. Dans le cas de déchéance sénile, lorsqu'un appareil de haute qualité a été utilisé dans la vie, il peut y avoir apparence de fonctionnement intelligent, mais c'est une illusion due à de vieilles habitudes et à un rythme établi depuis longtemps, mais non à un dessein coordonné et cohérent.

Il faut aussi noter que la mort est un événement qui se produit sous la direction de l'égo, même si l'homme n'en est pas conscient.

Le processus agit automatiquement pour la majorité, car, quand l'âme retire son attention, la réaction inévitable sur le plan physique est la mort, soit par le retrait des deux fils de l'énergie de vie et de raison, soit par le retrait du fil d'énergie mentale, alors que le courant vital continue à fonctionner par le cœur, mais sans perception consciente intelligente. L'âme est occupée ailleurs, sur son propre plan, pour son propre travail. S'il s'agit d'êtres humains hautement évolués, on remarque souvent la prémonition du moment de la mort qui provient du contact avec l'égo et de la perception de ses désirs. Dans ce cas, il y a parfois la connaissance du jour de la mort et la maîtrise de soi reste jusqu'au dernier moment.

Dans le cas des initiés, c'est encore différent. Il y a chez eux une compréhension intelligente des lois du retrait et cela permet à celui qui opère la transition de se retirer consciemment et en pleine conscience de veille du corps physique et de continuer à fonctionner dans le monde astral. Cela implique la continuité de conscience afin qu'il n'y ait aucune interruption entre le sens de perception consciente du monde physique et celui du monde post-mortem.
L'homme sait être le même qu'auparavant quoique privé d'un appareil par lequel il peut entrer en contact avec le plan physique dense. Il reste conscient des sentiments et des pensées de ceux qu'il aime, mais sans pouvoir percevoir et avoir un contact avec le véhicule physique. Il peut communiquer avec eux sur le plan astral ou télépathiquement par le mental s'il est en rapport avec eux, mais la communication qui demande l'emploi des cinq sens est hors de son atteinte. Il convient toutefois de se rappeler que, émotivement et mentalement, les rapports peuvent être plus sensibles et plus intimes qu'avant parce qu'il est délivré du corps physique. Deux faits empêchent de tels rapports : l'un est la douleur et l'émotion violente de ceux qui sont restés dans le monde physique.
Dans le cas de l'homme moyennement évolué, il y a le fait de l'ignorance des nouvelles conditions dans lesquelles il se trouve et de sa désorientation devant elles, alors que de telles conditions ne sont pas neuves, mais déjà connues, si seulement il pouvait s'en rendre compte. Quand les hommes auront dépassé la peur de la mort, et qu'ils auront acquis la compréhension du monde post-mortem, non basé sur l'hallucination et l'hystérie ou sur les conclusions souvent stupides d'un médium ordinaire qui parle sous l'influence de ses propres formes-pensées, ils pourront dominer le processus de la mort. L'état de ceux qui restent sera soigneusement soigné de telle manière que le rapport ne sera pas interrompu et qu'il n'y aura pas de fausse dépense d'énergie.

Il y a aujourd'hui une grande différence entre la méthode scientifique d'amener les individus à l'incarnation et la manière aveugle, ignorante et pleine de peur dont nous les accompagnons hors de l'incarnation. Je cherche à ouvrir la porte, pour vous en Occident, à une nouvelle et plus scientifique méthode de traiter le processus du trépas, et je voudrais m'expliquer clairement. Ce que je dis ne tend aucunement à éliminer la médecine moderne avec ses palliatifs et son habileté. Je demande simplement une attitude raisonnable envers la mort et je suggère que, dès que la douleur est apaisée et que le calme est revenu, on laisse au mourant la possibilité de se préparer à la grande transition, même s'il est apparemment inconscient. N'oubliez pas que la souffrance subsiste tant qu'il y a vitalité et un étroit rapport avec le système nerveux.

Est-il possible de concevoir une époque où l'acte de mourir sera le finale triomphant de la vie ? Est-il impossible de prévoir le temps où les heures passées sur le lit de mort ne seront que le prélude glorieux à un départ conscient ? Que pour celui qui est sur le point d'abandonner son enveloppe physique, ce sera, et pour lui et pour ceux qui l'entourent, une conclusion attendue et joyeuse ? Ne pouvez-vous vous imaginer le temps où, au lieu de larmes, de peur et de refus d'accepter l'inévitable, le mourant et ses amis se mettraient d'accord sur le moment et où seule la joie caractériserait le décès ? La pensée de la douleur ne viendra pas à l'esprit de ceux qui demeurent et la mort sera considérée comme plus réjouissante que la naissance et le mariage. Je vous assure qu'avant longtemps ce sera réalisé par les hommes les plus évolués et peu à peu par tous les autres.

Vous me direz qu'il n'y a encore que la foi en l'immortalité, mais aucune preuve. Le grand nombre de témoignages, la certitude intérieure du cœur de l'homme et le fait que ces derniers croient en l'immortalité en donnent une indication certaine. Celle-ci sera remplacée par la conviction et la connaissance avant cent ans, car il se produira un événement et une révélation sera donnée aux hommes qui changera cette espérance en certitude et la foi en connaissance. Entre-temps, une nouvelle attitude envers la mort et une nouvelle science de la mort seront instaurées. Elle ne devra plus échapper à notre domination et nous vaincre ; commençons donc à maîtriser notre passage de l'autre côté du voile et à comprendre la technique de la transition.

Avant de traiter ce sujet plus en détails, je voudrais faire allusion au "tissu dans le cerveau" qui est intact dans la majorité des hommes, mais n'existe pas pour le voyant illuminé.

Comme vous le savez, nous avons un corps vital qui interpénètre partout le corps physique et en est la contrepartie ; il est plus grand que le corps physique et est appelé le double éthérique. C'est un corps d'énergie qui se compose de centres de force et de nadis ou fils d'énergie qui sont la contrepartie du système nerveux, nerfs et ganglions nerveux. Dans le corps vital ou éthérique de l'homme, il y a deux orifices de sortie pour la force vitale. L'un est le plexus solaire, l'autre est dans le cerveau, au sommet de la tête. Ils sont protégés par un réseau de matière éthérique composée de fils d'énergie vitale entrelacés.

Au cours du processus de la mort, la pression de l'énergie vitale sur ce réseau finit par lui produire une ouverture d'où s'écoule l'énergie vitale au fur et à mesure que l'âme se retire. Dans le cas d'animaux, d'enfants en bas âge ou d'hommes polarisés dans le corps physique et astral, la porte de sortie est le plexus solaire ; c'est ce réseau-là qui est percé pour le retrait de l'énergie. Dans le cas d'hommes développés mentalement ou très évolués, c'est au sommet de la tête, dans la région de la fontanelle, que se produit la rupture, ce qui permet la sortie de l'être pensant et doué de raison.

Chez les psychiques, les médiums ou les voyants peu évolués (clairvoyants et clairaudients) le tissu du plexus est rompu tôt dans la vie ; c'est pourquoi ils passent facilement hors du corps et y rentrent, entrant en transe et actifs sur le plan astral. Pour eux, il n'y a pas continuité de conscience et il semble qu'il n'y ait aucun rapport entre leur vie sur le plan physique et les événements qu'ils décrivent à l'état de transe et dont ils sont inconscients à l'état éveillé. Cette activité se passe au-dessous du diaphragme et elle se réfère surtout à la vie animale sensible. Dans le cas de clairvoyance consciente, et dans l'activité de psychisme supérieur, il n'y a ni transe, ni obsession, ni médiumnité. C'est le réseau dans le cerveau qui est rompu et son ouverture permet l'entrée de la lumière, de la connaissance et de l'inspiration. Cette clairvoyance confère aussi le pouvoir de passer à l'état de Samadhi qui est la correspondance spirituelle de l'état de transe de la nature animale.

Dans le processus de la mort, il y a donc deux voies de sortie : le plexus solaire pour ceux qui sont polarisés dans l'astral et sur le plan physique – la grande partie des hommes – et le centre de la tête pour ceux qui sont polarisés mentalement et orientés vers l'esprit. C'est le premier et le plus important fait à se rappeler ; on se rendra facilement compte que la tendance et le centre d'attraction d'une vie déterminent le mode de sortie lors de la mort. On comprendra aussi qu'un effort pour dominer la vie astrale et les émotions, et l'orientation vers le monde mental et vers les choses de l'esprit, exercent un effet considérable sur l'aspect phénoménal du processus de la mort. 

Si l'étudiant pense clairement, il comprendra que l'une des sorties se rapporte à l'homme spirituel et très évolué, et que l'autre concerne l'homme de degré évolutif inférieur qui a à peine dépassé le stade animal. Qu'en est-il alors de l'homme moyen ? Au-dessus du sommet du cœur, il y a un autre réseau éthérique qui recouvre une autre voie de sortie. Nous avons donc :

1.
La sortie par la tête, utilisée par l'homme mental développé, les disciples et les initiés.
2.
La sortie par le cœur, utilisée par les hommes bons, bien intentionnés, bons citoyens, amis intelligents et les philanthropes.
3.
La sortie par le plexus solaire, utilisée par les personnes émotives non intelligentes et qui ne pensent pas, ou par ceux dont la nature animale est forte.
Telle est la première notion qui, peu à peu, sera répandue dans le monde occidental au cours du prochain siècle. Les penseurs orientaux en connaissent la majeure partie et c'est un premier pas vers la compréhension rationnelle du processus de la mort.

La deuxième notion qui doit être comprise est qu'il existe une technique de l'acte de mourir et un entraînement à suivre pendant la vie, qui conduira à l'utilisation de cette technique au moment de la mort.

En ce qui concerne l'entraînement auquel un homme peut se soumettre, je donnerai quelques informations qui offriront un nouveau sens à une grande partie du travail qu'accomplissent tous les aspirants. Les Frères Aînés de l'humanité, qui guident cette humanité depuis des siècles, s'occupent maintenant de sa préparation pour le prochain pas à franchir. Ce pas conduira à la continuité de conscience qui éliminera la peur de la mort et fera la liaison entre le plan physique et le plan astral d'une manière si étroite qu'ils constitueront en réalité un seul plan. Tout comme l'unification doit se faire entre les divers aspects de l'homme, ainsi une pareille unification doit se faire entre les divers aspects de la vie planétaire. Les plans d'existence doivent s'unifier aussi bien que l'âme et le corps. C'est déjà fait dans une large mesure quant au plan éthérique et au plan physique dense. L'unification doit se faire maintenant entre le plan astral et le plan physique. Elle se réalise grâce au travail des chercheurs dans toutes les branches de la vie et de la pensée : l'entraînement suggéré ici aux aspirants sincères et sérieux vise à des objectifs autres que celui de faire l'unification entre l'âme et le corps, objectifs qui ne sont pas mis en relief, étant donné la tendance humaine à mettre l'accent sur de faux objectifs.

On peut se demander s'il n'est pas possible de formuler de simples règles que pourraient suivre tous ceux qui cherchent à établir un certain rythme en eux, afin que, non seulement la vie soit bien organisée et constructive, mais que, quand sera le moment de laisser l'enveloppe extérieure, nul problème ou nulle difficulté ne se présente. Je vais vous donner quatre règles simples qui sont liées à une grande partie de ce que font aujourd'hui les aspirants.

1.
Apprendre à se focaliser dans la tête par la visualisation et la méditation et par la pratique régulière de la concentration. Développer la capacité de vivre comme "le roi siégeant sur son trône" entre les sourcils (centre ajna). C'est une règle qui peut être appliquée dans les activités de la vie quotidienne.

2.
Apprendre à servir avec le cœur, et non pas se mêler émotionnellement des affaires d'autrui. Cela implique la réponse à deux questions : Est-ce que je rends service à un individu en qualité d'individu, ou est-ce comme membre d'un groupe à un autre groupe ?
Suis-je poussé par une impulsion de l'âme ou par l'émotion, l'ambition de briller ou le désir d'être aimé ou admiré ? Par ces deux activités, il est possible de concentrer l'énergie vitale au-dessus du diaphragme, ce qui diminuera le pouvoir d'attraction du plexus solaire. Aussi ce centre deviendra-t-il de moins en moins actif et il n'y aura plus danger que le réseau dans cette région soit percé.

3.
Apprendre, en s'endormant, à retirer la conscience dans la tête. Ceci devrait être pratiqué comme exercice chaque soir. Il ne faut pas se laisser plonger dans le sommeil, mais s'efforcer de garder la conscience intacte jusqu'à ce que le passage se fasse consciemment sur le plan astral. Vous devez veiller à la relaxation, à la concentration de l'attention et à vous retirer vers le centre de la tête. Tant que l'aspirant n'a pas appris à être conscient de tout le processus qui précède le sommeil et à garder en même temps une attitude positive, il est dangereux de se livrer à ce travail. Les premiers pas doivent être faits avec intelligence et il faut persévérer pendant plusieurs années avant d'atteindre à ce travail d'abstraction.

4.
Noter et surveiller tous les phénomènes liés au processus de retrait, que vous l'appliquiez au cours de la méditation ou en vous endormant.
Beaucoup de gens se réveillent avec un sursaut pénible à peine ils se sont endormis, ce qui est dû au fait qu'ils sortent de la conscience par un orifice partiellement fermé. D'autres peuvent entendre une sorte d'explosion dans la région de la tête, ce qui est causé par les airs vitaux en elle dont ils ne sont pas conscients ; c'est dû à une grande sensibilité de l'oreille qui permet de percevoir des sons qui d'habitude ne sont pas enregistrés. D'autres encore en s'endormant verront de la lumière ou des nuages colorés, des drapeaux ou des rubans violets ; ce sont des phénomènes éthériques qui n'ont pas d'importance réelle, et se rapportent au corps vital, à des émanations praniques et au réseau de lumière.
Mettre en pratique ces quatre règles pendant un certain nombre d'années facilitera la technique de la mort, car celui qui a appris à régler les phases du sommeil a un avantage sur celui qui n'a jamais fait attention à ce processus.
Actuellement, il ne m'est guère possible de faire plus que de vous donner une ou deux suggestions sur la technique pour mourir.

Je ne m'occupe pas ici de l'attitude de ceux qui veillent auprès d'un mourant, mais seulement de ce qui rendra plus facile le passage pour l'âme.

Avant tout, que le silence règne dans la chambre ; c'est, bien sûr, fréquemment le cas. Il faut se rappeler que la personne qui meurt est souvent inconsciente, mais cette inconscience est seulement apparente. Dans neuf cents cas sur mille, le cerveau est conscient et se rend compte de ce qui se passe, mais la volonté de s'exprimer est paralysée et il y a l'incapacité de produire l'énergie qui serait indice de vie. Quand le silence et la compréhension règnent dans la chambre où quelqu'un se meurt, l'âme, sur le point d'abandonner le corps physique, peut dominer son instrument avec lucidité jusqu'au dernier moment et faire la préparation nécessaire.

Quand on aura acquis une plus grande connaissance de la couleur, on ne fera intervenir que les lumières orange dans la chambre et seulement s'il n'y a plus aucune probabilité de guérison. La couleur orange aide à se concentrer dans la tête, comme le rouge stimule le plexus solaire et le vert exerce un effet sur le cœur et les courants vitaux.

Quand on aura acquis une plus grande connaissance du son, on pourra employer un certain genre de musique, mais il n'en existe pas encore qui puisse faciliter le travail de l'âme dans sa sortie du corps, bien que certaines notes de l'orgue puissent se montrer efficaces. Si, au moment exact de la mort, on fait résonner la note propre du mourant, elle coordonnera les deux courants d'énergie et rompra finalement le fil de vie. Ce serait dangereux maintenant de transmettre cette connaissance qui ne pourra être communiquée que plus tard.
Je désire seulement indiquer les possibilités futures et la direction que prendra la future étude occulte.

On s'apercevra que la pression sur certains centres nerveux et sur certaines artères facilitera le travail. Cette science de la mort est conservée au Tibet, comme beaucoup d'étudiants le savent.

La pression sur la veine jugulaire et sur certains nerfs importants dans la région de la tête et sur un point particulier de la moelle allongée se révéleront utiles et efficaces.

Une science de la mort sera établie certainement plus tard, quand le fait de l'âme sera reconnu et que son rapport avec le corps sera scientifiquement démontré.

Des phrases mantriques seront employées, et introduites dans la conscience de celui qui meurt, par son entourage ou il en fera lui-même usage mentalement. Le Christ en a démontré l'utilité quand il s'écria "Père, je remets mon esprit entre Tes mains". Un autre exemple : "Seigneur, laisse Ton serviteur aller en paix". L'usage régulier du Mot Sacré, chanté à voix basse, avec une intonation particulière avec laquelle le mourant sera en harmonie, pourra faire partie du rituel de la transition, accompagné de l'extrême onction avec l'huile, comme c'est pratiqué dans l'Eglise catholique. L'extrême onction a une base occulte et scientifique. La tête du mourant doit être dirigée vers l'est (en un sens symbolique), les pieds et les mains croisés. Seul du bois de santal devrait être brûlé dans la chambre et non pas de l'encens d'un autre genre, car le santal est l'encens de premier rayon, le destructeur, et l'âme est en train de détruire sa demeure.

C'est tout ce que je peux communiquer actuellement au sujet de la mort pour le grand public. Je vous conjure d'approfondir l'étude de la mort et sa technique autant qu'il l'est possible, et de poursuivre les recherches occultes à ce propos.