La Coupe du Karma

La Coupe du Karma

Il y a une coupe que les quatre grands Seigneurs du Karma tiennent aux lèvres de ceux qui boivent. La boisson que contient cette coupe doit être bue jusqu'à la lie, avant qu'il ne soit possible de remplir cette coupe d'une boisson plus pure et plus douce. Les sept Seigneurs de l'Amour cosmique attendent l'heure de la remplir.

La coupe n'est rien. Le breuvage qu'elle contient est distillé goutte à goutte. Il ne sera entièrement bu qu'à la dernière heure, lorsque le Pèlerin saisira la coupe. Il la lève en la prenant des mains de ceux qui, penchés, la tiennent à ses lèvres. Jusqu'à ce jour, ils tiennent la coupe, et le Pèlerin boit dans une consternation intérieure et aveugle. Après cette heure, il redresse la tête ; il voit la lumière qui est au-delà ; il prend la coupe et, avec une joie radieuse, il la vide jusqu'à la lie. 

Le contenu de la coupe est changé ; l'amer, maintenant, devient doux ; l'essence ardente se perd alors en des ruissellements frais et vitalisants. Le feu absorbé intérieurement a brûlé, blessé et desséché. Le breuvage pris maintenant apaise les brûlures ; il guérit les blessures et imprègne le tout.

Les Quatre se penchent et voient le travail. Ils libèrent la coupe du Karma. Les tendres Seigneurs de l'Amour cosmique composent alors un autre breuvage, et – quand Ils voient la coupe vide, vidée par la volonté consciente – Ils la remplissent avec ce qui est nécessaire à une vie plus vaste. Tant que la coupe n'a pas été utilisée, remplie, vidée et reconnue nulle, elle ne peut pas contenir en toute sécurité ce qui est accordé plus tard.

Mais quand le Pèlerin a complètement vidé la coupe, alors il se tourne vers le monde tourmenté. La coupe en main (vidée une fois, remplie à nouveau, et refusée pour les besoins personnels), il se penche sur ce qu'il faut aux hommes qui luttent, et suivent avec lui le chemin. Ce breuvage d'amour, de feu sacré, de flot rafraîchissant et tonifiant, il ne le lève pas vers lui-même mais le tend aux autres. Sur la route de l'homme fatigué, il devient un Seigneur de Pouvoir, pouvoir acquis par le travail accompli, pouvoir atteint par la volonté consciente. Grâce à la coupe du Karma qu'il a vidée, il obtient le droit de servir.

O Pèlerin, regarde le but. Vois briller, loin en avant, la gloire qui enveloppe et la lumière que rien ne peut ternir. Saisis la coupe et bois vite, ne laisse pas la douleur te retarder. La coupe vide, la main assurée, l'effort ferme et puissant conduisent à un moment d'intense douleur, et de là, à la vie radieuse.