La Dualité de l'Existence du Maître

La Dualité de l'Existence du Maître

Je souhaite que vous notiez la différence entre les deux têtes de chapitre. Pour l'une je parle de dualité de la vie du disciple, et pour l'autre de dualité de l'existence du Maître. Cette distinction est délibérée. Le disciple vit dans les trois mondes et jusqu'à la troisième initiation, il manifeste sa vitalité strictement en relation avec l'âme et la personnalité et donc strictement avec le monde phénoménal et avec les divers niveaux du plan cosmique physique dense.

Le Maître fonctionne sur le plan de l'EXISTENCE, et manifeste le fait qu'Il EST éternellement, qu'Il  existe en tant qu'aspect divin sur les niveaux sans formes des plans éthériques cosmiques. C'est une chose très différente de la vie du disciple et à laquelle a été prêté peu d'attention. Existence, Vie essentielle, Energie dynamique, Feu électrique sont tous caractéristiques des initiations supérieures ; ils ont des distinctions fondamentales entre leur constitution et leur mode d'expression vitale, et celles des êtres qui vivent, qui sont en voie de devenir, qui expriment la qualité, et qui fusionnent le feu solaire et le feu par friction. L'Existence n'est pas de même nature que le Devenir ou la qualité de l'Apparence. C'est surtout une question d'accentuation. Le Maître a synthétisé en lui-même tout ce que le disciple en progrès souhaite exprimer, tout ce qui est possible comme Expansion, en mettant, de plus, l'accent sur l'aspect dynamique de la vie, et sur son aptitude à demeurer immuablement dans l'Existence pure. Ici de nouveau, j'ai peine à exprimer ce pour quoi on ne peut trouver aucun terme.

Chez le Maître, tous les aspects divins se révèlent capables d'être exprimés, en accord avec le temps présent dans cette ronde et cette chaîne particulière (pour employer l'ancien symbolisme de la Doctrine Secrète) et par toute expression raciale. Ces caractéristiques divines – vues sous l'angle du temps et de l'espace – se révèlent sous une forme relative ; des cycles et périodes futurs révéleront ces aspects sous une forme encore plus parfaite. Mais la relativité en cette matière ne nous concerne pas réellement, et la perfection est – du point de vue du disciple contemporain – exactement ce que nous entendons par perfection. Les Maîtres savent néanmoins qu'une manifestation plus intense et plus profonde de la divinité est potentiellement possible, mais cela ne leur cause aucun souci, ni tension, ni anxiété, ni aspiration ardente ; Ils connaissent, comme aucun disciple ne peut les connaître, les mécanismes de la loi de l'Inévitabilité. Cette loi – accompagnée de la loi de Service – donne libre essor aux Maîtres à la sixième initiation dans un champ plus vaste d'expérience, avec toutes les qualités et les atouts divins tellement développés chez eux qu'Ils savent que leurs moyens sont à la hauteur de l'entreprise et qu'Ils peuvent sans hésitation ni souci franchir les degrés nécessaires suivants.

C'est pénible pour le disciple – luttant contre le mirage et l'illusion – de se rendre compte que les initiations supérieures sont exemptes de tout souci, de toute réaction émotionnelle ou centrée sur soi, face au travail à venir ou au côté forme de la manifestation. C'est presque impossible pour le néophyte d'envisager le moment où il sera libéré de toute réaction engendrée par la vie sur le plan cosmique physique dense, et de toutes les limitations de la vie dans les trois mondes.

Aujourd'hui, l'aspiration offre une source constante d'anxiété et d'interrogations, de réflexions pénibles et d'ambition spirituelle survoltée, avec ses limitations subséquentes et ses moments où l'échec est ressenti. Le Maître a laissé tout cela derrière lui, sachant que même cette prétendue "réceptivité spirituelle" est une forme d'attitude centrée sur soi-même. En fin de compte – et les disciples devraient tirer courage et espoir de cette déclaration – toute cette réaction déchirante à l'impulsion spirituelle sera, par lui, laissée en arrière. Le Maître connaît la Loi et Il est entièrement libéré de toute considération de l'équation temps, en ce qui le concerne. Il ne tient compte du temps que dans la mesure où celui-ci affecte la réalisation du Plan dans les trois mondes.

La dualité de l'existence du Maître comporte ce que nous pourrions appeler deux pôles : celui de la conscience monadique, quelle qu'elle soit, et celui de la forme créée par lui, qu'Il peut utiliser en tant que membre de la Hiérarchie et travailleur dans les trois mondes de l'entreprise humaine. Je voudrais ici vous rappeler qu'il y a de nombreux groupes et types de Maîtres et que la plupart d'entre eux sont tout à fait inconnus des étudiants de l'occultisme, qu'il s'agisse de leur travail, de la rumeur ou de la connaissance des nombreux processus évolutifs, le processus humain n'étant que l'un d'entre eux. Tous les Maîtres ne travaillent pas dans les trois mondes. Tous les Maîtres n'ont pas besoin et ne possèdent pas de corps physique ; tous les Maîtres n'ont pas "le visage tourné vers le règne de la lumière obscure, mais beaucoup font face, pendant des siècles, à la lumière froide et claire de l'existence spirituelle" ; tous les Maîtres ne font pas les sacrifices (et il ne le leur est pas demandé) impliqués par le travail au bénéfice du quatrième règne de la nature. Toutes les âmes libérées ou limitées ne constituent pas le royaume de Dieu dans le sens où nous l'entendons ; ce terme est limité aux âmes qui informent les membres de la famille humaine ; tous les Maîtres ne travaillent pas sous les ordres du grand Bouddha d'Activité responsable devant Sanat Kumara, de la réalisation du Plan concernant l'humanité. Ce Bouddha travaille par l'intermédiaire des trois Grands Seigneurs de l'ashram éternel de Sanat Kumara, mais ses deux frères ont chacun un travail également important et sont responsables – comme lui – devant la Chambre du Conseil. Chacun d'eux travaille aussi au moyen d'un triangle d'énergies, avec des forces subsidiaires groupées agissant dans sept départements différenciés en quarante-neuf départements mineurs, comme l'ashram que nous appelons la Hiérarchie. N'oubliez pas qu'il y a de nombreuses Hiérarchies, la Hiérarchie humaine n'étant que l'une d'elles.

Tout ce thème est très complexe et cependant en même temps si simple que, lorsque la simplicité de la constitution planétaire est vraiment comprise et que les discussions du mental concret sont complètement surmontées, le Maître libéré entre dans un monde d'effort spirituel, libéré des formes, des symboles et des voiles qui cachent la vérité fondamentale et le mystère sous-jacent.

L'Existence est simple, libre, sans entraves, et c'est dans ce monde que le Maître évolue et travaille. Le Devenir est complexe, emprisonnant, limité, plein d'entraves, et c'est dans ce monde que les disciples et les initiés mineurs vivent, se meuvent et ont leur être. Le Maître travaille simultanément dans deux mondes ou états de conscience ; à savoir, celui qui est relié à l'existence pure, à la vie sans entraves des plans gouvernés par la Monade, et celui qui est gouverné par la Hiérarchie. Là seul le Plan absorbe son attention. Il traite en sécurité de la "simplicité qu'est Shamballa "et de sa sphère ou aura d'influence, "ainsi que du champ de relations nourries à partir de l'ashram du Christ". Je cite là l'un des Maîtres qui s'efforçait d'expliquer à un disciple la simplicité de la vie que le Maître exprime.