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Les problèmes mentaux

Les problèmes mentaux

Nous allons maintenant nous occuper principalement de cette question.

La stimulation mentale est relativement rare lorsqu'on considère la population totale de la planète ; cependant parmi les populations de notre civilisation occidentale et parmi la crème de la civilisation orientale, on la trouve fréquemment. 

 Afin de les rendre plus clairs, ces problèmes particuliers peuvent être divisés en trois groupes :

1. Les problèmes qui proviennent d'une intense activité mentale qui produit une focalisation mentale excessive, une attitude intellectuelle à sens unique et une cristallisation.

2. Les problèmes qui proviennent des processus de méditation ayant réussi à amener l'illumination. Ceci, à son tour, provoque certaines difficultés telles que :

a. L'activité excessive du mental, qui saisit et voit trop de choses.

b. La révélation du mirage et de l'illusion. Cela conduit à la confusion et au développement du psychisme inférieur.

c. Une sensibilité excessive au phénomène de la lumière intérieure, enregistrée par le corps éthérique.

3. Les problèmes qui proviennent du développement du psychisme supérieur, accompagnés d'une sensibilité à :

a. L'orientation.

b. La coopération au Plan.

c. Le contact de l'âme.

Ces trois derniers groupes de problèmes relatifs à la sensibilité sont extrêmement bien définis et bien réels dans l'expérience des disciples.

Le premier groupe de problèmes (ceux provenant d'une intense activité mentale) sont ceux d'une intellectualité prononcée ; il y en a toute une gamme, depuis le sectarisme étroit et cristallisé jusqu'au phénomène psychologique appelé idée fixe. Ce sont principalement des problèmes relatifs à la construction de formes-pensées, et par leur intermédiaire l'homme devient la victime de ce qu'il a lui-même construit ; il devient la créature d'un Frankenstein de sa propre création. On peut voir cette tendance se manifester dans toutes les écoles de pensée et de culture, et elle s'applique principalement au type humain du conducteur d'hommes et à celui qui est indépendant dans ses pensées, dans sa vie, qui est par conséquent capable de penser clairement et qui jouit du libre mouvement de la chitta ou substance mentale. Il est donc nécessaire, dans les temps qui viennent, de traiter ce problème particulier, car le mental des hommes sera contacté avec une fréquence grandissante. Au fur et à mesure que la race progresse vers une polarisation mentale qui sera aussi puissante que la présente polarisation astrale dont elle émerge, on s'apercevra qu'il est de plus en plus nécessaire d'éduquer les hommes sous le rapport de :

1. La nature de la substance mentale.

2. Le triple dessein du mental

a. Comme moyen d'expression des idées, par la construction des formes-pensées nécessaires qui les réalisent.

b. Comme facteur de maîtrise dans la vie de la personnalité par l'usage approprié du pouvoir créateur des pensées.

c. Comme réflecteur, doué d'une conscience perceptive et intuitive, des mondes supérieurs.

La pensée créatrice n'est pas la même chose que le sentiment créateur ;cette distinction n'est pas souvent saisie. Tout ce qui pourra être créé dans l'avenir sera fondé sur l'expression d'idées. Ceci sera amené tout d'abord par la perception de pensée, puis par la concrétisation de pensée et finalement par la vitalisation de pensée. Ce n'est que plus tard que la forme-pensée créée descendra dans le monde du sentiment et assumera la qualité sensorielle nécessaire qui ajoutera couleur et beauté à la forme-pensée déjà construite.

C'est à ce point là que le danger se présente pour l'étudiant. La formepensée d'une idée a été puissamment construite. Elle s'est appropriée couleur et beauté. Elle est donc capable de retenir un homme mentalement et émotionnellement. S'il ne possède pas un sens d'équilibre, un sens des proportions et un sens de l'humour, la forme-pensée peut devenir si puissante, qu'il découvre qu'il devient un dévot achevé, incapable de se retirer de la position prise. Il ne peut rien voir, rien croire d'autre que l'idée qui a pris corps, qui le tient si fortement captif, et il ne peut travailler à rien d'autre qu'à cela. De tels gens constituent les partisans violents qu'on trouve dans chaque groupe, chaque église, chaque ordre ou chaque gouvernement.

Ils sont souvent d'un tempérament sadique, ils sont les adhérents de cultes et de sciences ; ils sont prêts à sacrifier quiconque semble être hostile à euxmêmes ou à leur idée fixe du juste et du vrai, ou à leur nuire. Les hommes responsables de l'Inquisition Espagnole et ceux qui furent responsables des excès commis aux temps des Covenantaires sont des exemples des pires formes de cette façon de penser et de se développer.

Les gens atteints du trouble psychologique d'adhérence aveugle à des idées et de dévotion personnelle se trouvent dans chaque organisation, chaque église, chaque religion, dans les groupements politiques et scientifiques, également dans chaque organisation ésotérique et occulte. Ils sont psychologiquement malsains, et le trouble dont ils souffrent est pratiquement contagieux. Ils sont un danger, tout comme la variole est un danger. Ce genre de difficulté n'est pas souvent considéré comme constituant un problème psychologique jusqu'au moment où un homme se trouve si profondément atteint qu'il est un problème pour son groupe, ou qu'il est considéré comme étrange et déséquilibré. C'est pourtant bien une maladie psychologique d'un caractère des plus définis, exigeant un traitement attentif.

Le traitement en est particulièrement difficile, car les premiers stades sont apparemment normaux et sains. Travailler avec un groupe ou avec un éducateur est souvent considéré comme un moyen bien défini de salut psychologique, car cela tend à rendre le mystique plus ouvert et à donner ainsi une libération appropriée à l'énergie reconnue qui l'envahit. Dans la mesure où c'est ce qui se passe et rien d'autre, il n'y a aucun danger réel ; mais à partir du moment où la vision que l'homme a d'autres et de plus grandes possibilités devient vague et commence à s'évanouir, à partir du moment où un corps de doctrine, ou une école de pensée, où un partisan de n'importe quelle théorie captive complètement son attention, à l'exclusion de tous autres points de vue et de toutes autres possibilités, à ce moment, les germes de trouble psychologique peuvent être clairement observés et l'homme est en danger.

A partir du moment, également, où les pouvoirs mentaux tout entiers dont l'homme est capable sont utilisés dans une seule direction, tel que par exemple parvenir au succès dans les affaires ou à la prédominance dans la finance, à ce moment l'homme devient un problème psychologique.

C'est là plus spécialement un des problèmes d'intégration car il est dû à la stimulation du mental, lorsque celui-ci s'efforce d'assumer la maîtrise de la personnalité. Un sentiment de puissance survient. Le succès alimente la stimulation, même s'il s'agit seulement du succès douteux d'attirer l'attention de quelque éducateur idéalisé ou adoré, ou de la poursuite de quelque transaction dans le domaine financier, poursuite s'achevant en succès.

Le temps arrive où le problème tout entier de la personnalité sera beaucoup mieux compris et, alors toute insistance inusitée sur la profession, la vocation, l'idéologie ou la pensée sera considérée comme un symptôme fâcheux, et l'on fera un effort pour obtenir deux choses : un développement plus intégral et une fusion consciente avec l'âme et avec le groupe.

Je n'ai pas l'intention de traiter des problèmes de la folie. Ils existent et se présentent constamment ; ésotériquement, nous les divisons en trois catégories :

1. Ceux qui sont entièrement dus à :

a. Une maladie de la matière cervicale.

b. La détérioration des cellules du cerveau.

c. Une condition anormale dans la région du cerveau, telle que des tumeurs, abcès ou grosseurs.

d. Des défauts de structure de la tête.

2. Ceux qui sont dus au fait que l'égo, ou âme, n'est pas présent.

a. Le véritable propriétaire du corps est absent. Dans ce cas, le fil de vie sera ancré dans le coeur mais le fil de conscience ne sera pas ancré dans la tête. Il sera retiré et, par conséquent, l'âme demeurera inconsciente de la forme. Dans ces cas, vous avez l'idiotie, ou simplement un animal humain d'un degré très bas.

b. Certains cas de possession ou d'obsession se rencontreront, dans lesquels le fil de vie est attaché au propriétaire original du corps, mais le fil de conscience est celui d'une autre personne ou une autre identité, désincarnée et, de plus, anxieuse de s'assurer une expression sur le plan physique. Dans les cas ordinaires, le véritable propriétaire du corps n'étant pas présent, la situation ne présente pas de réelle importance, et parfois sert un dessein utile, car elle permet à l'entité obsédante de rester en sa possession. Je me réfère ici aux cas où il existe un véritable retrait de l'égo en incarnation ; il y a par conséquent, une maison parfaitement vide. Ces cas sont rares et offrent une occupation à laquelle il n'y a pas d'objection, tandis que dans la moyenne des cas moyens de possession et d'obsession, se pose un problème de double personnalité et même de plusieurs personnalités. Un conflit s'ensuit et de nombreuses conditions angoissantes en résultent, angoissantes du point de vue du véritable propriétaire du corps. Ces cas auxquels je me réfère ici n'offre aucune possibilité de guérison puisqu'il n'existe pas d'égo que l'on puisse mettre en action en fortifiant la volonté ou la condition physique de l'être humain tandis qu'on éjecte les intrus. Dans de nombreux cas de possession la guérison est possible mais dans ceux auxquels je me réfère ici, elle ne l'est pas.

c. D'autres cas sont ceux dus au fait que le corps astral est d'une nature telle qu'il n'est pas maîtrisable ; l'homme est alors la victime vaincue de ses propres désirs effrénés d'un genre ou d'un autre, et pourtant d'une telle puissance intellectuelle qu'il peut créer une forme-pensée dominatrice qui incorpore ses désirs. Ces "fous astraux" sont une catégorie des plus difficiles et certainement des plus tristes à traiter car, mentalement, il y a peu de chose qui n'aille pas en eux. Le mental, toutefois, ne peut exercer sa direction et se trouve définitivement relégué à l'arrière-plan ; il demeure sans utilité, inerte, tandis que l'homme exprime (avec violence ou subtilité suivant le cas) quelque désir fondamental. Cela peut être le désir de tuer, ou le désir d'avoir des expériences sexuelles anormales, ou même le désir d'être toujours par monts et par vaux et d'être ainsi constamment en activité. Ces cas donnent l'impression d'être des cas bien simples et normaux, mais je ne considère pas ici leur expression normale mais  quelque chose qui ne peut être maîtrisé et pour lequel il n'existe pas de remède sauf celui consistant à protéger l'homme contre lui-même et contre ses propres actions.

Ces trois formes de démence, étant incurables, ne peuvent recevoir une aide psychologique. Tout ce que l'on peut faire est d'améliorer la condition, fournir des soins adéquats au malade et protéger la société jusqu'à ce que la mort vienne mettre fin à cet intermède dans la vie de cette âme. Il convient de se souvenir que ces conditions sont liées beaucoup plus étroitement au karma des parents ou de ceux qui ont la charge de ces cas qu'elles ne le sont au patient lui-même. Dans de nombreux cas, personne n'est présent dans la forme, il y a seulement un corps vivant et animé, habité par l'âme animale mais non par une âme humaine.

Nous sommes avant tout occupés à traiter des problèmes qui surgissent dans la nature mentale de l'homme et de son pouvoir de création avec la substance mentale. Il y a un aspect de ce problème auquel je ne me suis pas encore référé, et c'est la puissance de pensée démontrée dans de tels cas ainsi que la stimulation dynamique du mental que nous considérons dans l'évocation d'une réponse de la part du corps de désir, projetant ainsi toute la nature inférieure dans une union étroite avec l'impulsion mentale reconnue et la demande mentale dominante. Cette stimulation, animée d'une force suffisante, peut opérer sur le plan physique en tant qu'action énergique et même en tant qu'action violente ; elle peut être la cause de bien des troubles pour l'homme, bien des conflits avec la société organisée, le rendant ainsi antisocial et en opposition avec les forces de la loi et de l'ordre.

Ces gens se divisent en trois groupes ; les étudiants en psychologie feraient bien d'étudier ces types de malades avec soin, car leur nombre ira en croissant, l'humanité déplaçant le centre de son attention de plus en plus vers le plan mental.

1. Ceux qui demeurent mentalement refermés sur eux-mêmes, profondément et intensément préoccupés des formes-pensées créées par eux-mêmes et du monde de pensée créé par eux, tournant autour d'une forme-pensée dynamique qu'ils ont construite. Ces gens vont toujours vers une crise et il est intéressant de noter que cette crise peut être interprétée par le monde a. Comme la révélation d'un génie, lorsque quelque grand savant déploie pour nous les conclusions de l'attention qu'il a focalisée et auxquelles il a consacré ses pensées.

b. Comme l'effort fait par un homme pour exprimer une création quelconque.

c. Comme les expressions, violentes et souvent dangereuses, de frustration par lesquelles l'homme tente de donner libre cours aux résultats de ses cogitations autour d'un thème choisi.

Tous ces aspects varient dans leur expression en raison de l'équipement original avec lequel l'homme a commencé la vie de ses pensées sur le plan mental. Dans le premier cas, vous avez le génie ;

dans le deuxième (s'il est doublé d'une riche nature émotionnelle), vous avez quelque production imaginative et créatrice, et dans le troisième cas, vous avez ce que le monde considère comme démence, guérissable avec le temps, dont les effets ne sont pas permanents, à condition que soit fournie une  forme quelconque de libération de l'imagination créatrice émotionnelle. C'est souvent à ce point que la lutte se produit pour les personnalités du deuxième, quatrième et sixième rayon.

2. Ceux qui deviennent étonnamment conscients d'eux-mêmes et conscients du fait qu'ils constituent un centre de pensées. Ils sont obsédés par leur propre sagesse, par leur pouvoir et par leur capacité créatrice. Ils passent rapidement en un état de complet isolement ou de séparation des autres. Cela peut mener à une mégalomanie aiguë, à une intense préoccupation et une admiration satisfaite du soi, du soi inférieur, la personnalité. La nature du désir émotionnel, sensible, est absolument sous la domination du point de pensée dynamique et égocentriste, qui représente tout ce dont l'homme est conscient à ce moment. En conséquence, le cerveau et toutes les activités sur le plan physique sont également maîtrisés et dirigés vers l'agrandissement systématique de l'homme. On trouve cette condition à des degrés différents, suivant le point d'évolution et le type de rayon ; dans les premiers stades, elle est guérissable. Si on laisse cette condition persister, cependant, elle rend l'homme finalement intouchable ; il se retranche derrière le rempart de ses propres formes-pensées relatives à lui-même et à ses activités. Lorsque le sujet est curable, un effort doit être fait en vue de le décentraliser en suscitant un intérêt autre et supérieur, en développant la conscience sociale et, si possible, en entrant en contact avec son âme. C'est souvent à ce point que la lutte se produit pour les personnalités du premier et cinquième rayon.

3. Ceux dont la nature s'extériorise largement par le désir d'imposer les conclusions qu'ils ont atteintes, (par leur focalisation mentale à sens unique) à leurs camarades. Cela constitue souvent le point crucial de la difficulté pour les gens du troisième et sixième rayon. Ces personnes se rencontrent parmi celles dont la conscience va du théologien plein de bonnes intentions et du doctrinaire dogmatique, qui existent pratiquement dans toutes les écoles de pensée, jusqu'au fanatique qui rend la vie insupportable autour de lui, cherchant à imposer ses vues à tous, et au fou qui devient tellement obsédé par sa propre vision que, pour la protection de la société, il doit être enfermé.

Il vous apparaîtra donc évident à quel point la perspective semble pleine de promesses si les éducateurs et les psychologues (particulièrement ceux qui se spécialisent dans la formation des jeunes) voulaient enseigner le soin à apporter à l'équilibre des valeurs, à la vision de l'ensemble, et à la nature de la contribution que les nombreux aspects et attitudes font au tout. Cela serait d'une profonde utilité au moment de l'adolescence, lorsque tant d'ajustements difficiles doivent être faits. Il est généralement trop tard pour le faire lorsqu'une personne a atteint l'âge adulte et a, depuis longtemps, construit ses formes pensées et cogité à leur sujet jusqu'au point de s'identifier avec elles si étroitement qu'il ne lui reste aucune réelle existence indépendante.

L'éclatement de semblables formes-pensées ou de groupes de formespensées qui maintiennent un homme en esclavage peut amener des conditions si sérieuses, que le suicide, une maladie prolongée, ou une vie devenue vaine peuvent en résulter.

Deux choses seulement peuvent vraiment aider : premièrement, la présentation faite avec amour et persistance d'une vision plus large, qui doit être maintenue devant les yeux de l'homme par quelqu'un de si inclusif que la note-clé de son existence soit la compréhension, ou bien, deuxièmement, par l'action de la propre âme de l'homme. La première méthode exige beaucoup de temps et de patience. La seconde peut avoir des effets instantanés, comme dans la conversion, ou peut être une démolition graduelle des murs de pensées par le moyen desquels un homme s'est séparé du reste du monde et de ses compagnons. Les trompettes du Seigneur, l'âme, peuvent résonner et provoquer la chute des murs de Jéricho. Cette tâche de susciter l'action de l'âme sous une forme dynamique au nom d'une personnalité emprisonnée, entourée d'une façon impénétrable par un mur de matière mentale, constituera un aspect de la science psychologique qui se développera dans l'avenir.