27. Le Karma

27. Le Karma

J'ai déjà laissé entrevoir que toute la question du Karma était encore imparfaitement comprise. On sait qu'il existe une grande Loi de Cause et d'Effet, mais l'accent n'a jamais été mis sur un aspect particulier de cette loi, et  les connaissances de l'humanité au sujet du karma sont fort élémentaires. On atoujours interprété le karma en termes de désastres, de conséquences douloureuses, d'erreurs, de pénalités, et d'événements malheureux, tant pour les individus que pour les groupes. Pourtant, la beauté de la nature humaine est telle, et bien des efforts accomplis sont d'une si belle qualité, si généreux, et orientés avec tant de bonheur que le mal est fréquemment neutralisé par le bien.

Si peu qu'on le comprenne, le bon karma existe partout en abondance et, selon la même Loi, sa puissance est équivalente à celui que l'on qualifie de mauvais. On mentionne rarement ce bon karma qui met en jeu des forces susceptibles d'agir en tant qu'énergies curatives en toute occasion spécifique.

Les guérisseurs peuvent toujours compter sur ces énergies bénéfiques qui ont été gagnées et sont agissantes. Tel est le premier point que je conseille de méditer.

Le karma est un facteur déterminant, mais à moins que le guérisseur ne soit un initié de haut grade, ce qui le rend apte à travailler efficacement et intelligemment sur le plan causal où demeure l'âme, il lui est impossible de savoir si un cas spécifique cédera ou non au traitement institué. Il y a donc lieu pour le guérisseur ou le disciple pratiquant de présumer dans sa pensée que la cure sera possible (elle peut ne pas l'être), que le karma du patient est bon, et puis d'apporter au patient tous les secours possibles. Tel est mon second point.

Mon troisième point consiste à suggérer au lecteur et à tous ceux qui se consacrent à l'art de guérir que beaucoup des désastres présumés impliqués dans la maladie et la mort, surtout dans la mort, proviennent d'un comportement erroné envers la mort et d'une surestimation de la valeur bénéfique de la vie sous l'aspect forme. La libération d'une âme par la maladie et la mort n'est pas nécessairement un événement malheureux. Une nouvelle attitude en face du phénomène de libération par la mort est essentielle, possible, et même proche. Point n'est besoin de s'étendre sur le sujet, mais je cherche à réorienter les esprits sur la question de la maladie et de la mort.

Etonnerai-je le lecteur en affirmant que selon la Loi il est parfaitement possible d' "interférer avec le karma" ? On peut transcender les grandes Lois.

Elles l'ont été souvent dans le passé et le seront davantage encore à l'avenir. La Loi de Gravitation est fréquemment neutralisée et quotidiennement transcendée par les avions en vol. L'énergie de la foi peut mettre en mouvement des énergies supérieures capables de repousser ou de retarder une maladie. Tout le sujet de la foi avec sa puissance et sa signification vitales est aussi peu compris que la Loi du Karma. C'est une question immense sur laquelle je ne puis m'étendre davantage, mais j'en ai dit assez pour alimenter vos pensées.

En ce qui concerne la prolongation de la durée de la vie au cours du dernier siècle de conquêtes scientifiques, je signale que les véritables techniques et les possibilités d'action organisées par l'âme sont toujours sujettes sur le plan physique à des travestissements et à des démonstrations fallacieuses.

Les efforts scientifiques initiaux partent de mobiles justes, mais ne font que symboliser dans la sphère extérieure de la vie les actes que l'âme se prépare à accomplir, généralement dans un avenir encore lointain.

Finalement, la durée de la vie physique sera abrégée ou accrue à volonté par les âmes qui se consacreront consciemment au service de l'humanité et qui mettront le mécanisme du corps au service du Plan. Il arrive fréquemment aujourd'hui que l'on préserve des formes de vie, tant dans la vieillesse que dans  l'enfance, alors qu'il serait justifié de les libérer.

Ces vies ne servent plus à aucune fin utile et causent de multiples douleurset souffrances à des formes que la nature, si elle était laissée à elle-même, abandonnerait et se chargerait d'éteindre. Ce mot est à noter.

Nous mettons un accent excessif sur la valeur de la vie en forme, nous avons universellement peur de la mort, cette grande transition à laquelle chacun de nous doit faire face ; nous sommes incertains du fait de l'immortalité, et nous sommes profondément attachés aux formes. Pour toutes ces raisons, nous entravons les processus naturels et nous maintenons confinée  dans des corps très mal appropriés aux desseins de l'âme la vie qui lutte pourson affranchissement.

Qu'il n'y ait point de malentendu. Je ne voudrais rien dire qui exalte le suicide. Mais je dis et répète avec insistance que l'on déroge fréquemment à la Loi du Karma lorsqu'on maintient en expression cohérente des formes qui devraient être abandonnées, car elles ne servent plus a aucune fin utile. Dans la majorité des cas, cette préservation est imposée de force par le groupe de l'intéressé et non par le sujet lui-même, qui est fréquemment un invalide inconscient ou une personne d'âge dont les réactions et l'appareil de contact sont imparfaits, ou un bébé anormal. Ces cas constituent des exemples nets de neutralisation de la Loi du Karma.

Par harmonisation, l'âme acquiert le juste usage du temps. Disons plutôt que le cerveau, qui est le seul facteur humain conscient du temps, cesse d'être l'attribut dominant. C'est la pensée  60 en tant qu'agent de l'âme dont la conscience inclut le passé, le présent, et l'avenir, qui perçoit la vie et l'expérience telles qu'elles sont en réalité. Dès lors, elle considère la mort comme un épisode, comme un point de transition dans une longue série de transitions. Lorsque nous adoptons ce comportement de l'âme, toute notre  technique de vie, et incidemment notre technique de mort, s'en trouventmodifiées de fond en comble.

En conclusion, et peut-être en contradiction apparente mais non réelle avec ce qui précède, je répète que le guérisseur doit donner le meilleur de lui-même au malade qu'il cherche à guérir. Dans la majorité des cas, il n'est pas doué de clairvoyance, il est conscient du temps, et il reste sous l'influence du karma. Il fournira donc le maximum de son effort dans le sens de sa propre éducation et  selon les enseignements donnés dans le présent traité sur la guérison.

Quel est à notre époque et au point d'évolution atteint par la race le but quedoit poursuivre un guérisseur ? Je suggère qu'il consiste, lorsqu'on le lui demande, à contribuer à la santé du corps et à l'expérience vitale à laquelle il  sert de support. Il faut également comprendre que bien des conclusions auxquelles les métaphysiciens actuels accordent créance, et qu'ils acceptent et enseignent sont basées sur des prémisses inexactes telles que l'opinion courante sur la nature de la matière, l'équation du temps, la valeur de l'existence en forme, et la peur de la mort. En cherchant à éliminer de la conscience ces comportements, on parvient à des perspectives plus justes quant à l'art de guérir.

Dans quelques années, il me sera peut-être possible de discuter des cas spécifiques avec le lecteur. Pour l'instant, je ne cherche encore qu'à l'intéresser à de vastes généralisations et à des lois et propositions fondamentales, sans obscurcir les problèmes par des événements purement physiques, temporaires ou chroniques, ou par des considérations sur la mort et la destinée.

Il ne faut toutefois rejeter aucun sérieux appel à l'aide, ni faire la sourde oreille en présence de troubles physiques, mentaux, ou psychologiques. Mais j'attire l'attention sur le fait que le succès d'une guérison ne consiste pas  toujours à libérer un patient d'une maladie et à obtenir ce que l'on appelle unecure physique. S'il y a un succès physique, cela peut signifier simplement que l'on a retardé l'exécution du plan que l'âme avait élaboré pour l'intéressé. Le succès peut consister à rectifier de mauvais comportements intérieurs et des erreurs dans le cours des pensées, tout en laissant le corps physique en l'état. Il peut consister à mettre le patient en rapport avec son âme par une courageuse patience et de sages enseignements, et à réorienter ainsi sa vie vers les vérités éternelles. Il peut consister à bien préparer une personne au prodigieux dessein que nous appelons la Mort et à provoquer ainsi un soulagement de la douleur.

Toute la science de la guérison s'orientera de plus en plus vers le domaine de la médecine préventive, vers l'harmonisation de l'individu à son groupe, et vers un effort pour procurer aux populations de meilleures conditions de vie, un régime alimentaire correct, et des maisons saines. Mais  cela demande beaucoup de temps. La race poursuit son chemin vers denouveaux modes de vie avec la meilleure santé qui en résultera et une compréhension plus correcte de ses lois. Entre temps, tous ceux qui représentent dans le monde des centres magnétiques devraient se mettre au travail à l'aide des lumières qu'ils possèdent en eux-mêmes en vue de porter secours aux hommes, de les guérir, et de les aider à effectuer les ajustements nécessaires.

Rien ne devrait vous empêcher de servir ainsi, pas même la compréhension de vos limitations et de votre ignorance.

Faites tout votre possible pour encourager et pour sympathiser, pour faire ressortir les comportements indésirables, pour mettre fin à de fâcheuses habitudes de vie, et pour modifier des expressions psychologiques de mauvais aloi, dans la mesure où vous pouvez les discerner et au mieux de vos capacités.

Rappelez-vous cependant que vos meilleurs efforts d'aujourd'hui peuvent se trouver considérablement inférieurs à vos possibilités de demain, et restez toujours prêts à modifier votre point de vue si des voies meilleures et plus élevées s'offrent à vous. Par-dessus tout, donnez à ceux qui recherchent votre aide la plénitude de votre  amour, car l'amour libère, l'amour ajuste et interprète, et l'amour guérit sur les trois plans.