INSTRUCTIONS PERSONNELLES AUX DISCIPLES PAR LE TIBETAIN à D.A.O. 1. Le rayon de l'âme, le septième Rayon

INSTRUCTIONS PERSONNELLES AUX DISCIPLES PAR LE TIBETAIN à D.A.O.

 

 

1. Le rayon de l'âme, le septième Rayon


Août 1933


Mon Frère,
Je me suis abstenu de vous envoyer plus tôt mes instructions personnelles, car je comprenais votre besoin de réfléchir et de parvenir à une décision et aussi votre puissant besoin intérieur d'être laissé libre d'élaborer à votre façon les grandes lignes du travail de ce groupe. En relation avec la vie spirituelle, le travail de groupe n'est pas pour vous chose aisée. Votre formation d'artiste dans
votre propre spécialité vous a appris à travailler en formation de groupe sur le plan physique. Mais c'est dans le domaine de l'effort ésotérique que vous éprouvez en vous une réaction contraire. Il existe en vous, et à juste titre, une détermination de demeurer vous-même et de demeurer seul, sur vos propres jambes. Cette détermination est saine ; elle a satisfait une demande de votre
âme des plus nécessaires. Il a fallu que votre personnalité soit obligée par votre âme à marcher seule le long du chemin solitaire.
Mais c'est cette qualité même qui est en vous que je désire joindre au groupe ; Vous pouvez l'offrir comme un service au groupe. C'est dans cette participation à une entreprise subjective de groupe, vaguement organisée sur le plan physique et destinée à demeurer à l'état de groupe intérieur, que vous trouverez l'opportunité d'exprimer au bénéfice des autres ce que vous ont
apporté les expériences de cette vie. Par conséquent, je vous demande de vous souvenir, mon frère, que l'une des contributions que vous pouvez faire à ce groupe d'aspirants est l'attitude que vous maintenez au regard des formes organisées. Une autre contribution est constituée par votre perception intuitive et votre capacité de sentir la réalité. J'appelle votre attention sur ce point. Je
prends dans mon groupe des étudiants sincères, non pas dans la seule intention de leur donner un entraînement ésotérique, mais aussi pour ce qu'ils peuvent s'apporter les uns les autres dans le processus de perfectionnement. Ce groupe dans mon Ashram est composé d'êtres humains orientés vers la lumière, qui ont accompli des progrès sur le Chemin et qui ont pourtant encore des
limitations individuelles, des défauts de caractère et des traits personnels trop accentués. Il y a toujours une tendance à rechercher une paix et une détente personnelles dans une retraite et un isolement spirituels basés sur de bonnes intentions. Dans le tempérament mystique, ceci est toujours une limitation.
N'est-ce pas exact ?
Dans tout groupe ayant comme objectif le développement de l'intuition, il convient qu'apparaisse la faculté de concrétisation du mental. L'intuition doit à la fois la contrebalancer et l'utiliser. Le mental accentue la forme et la construction des formes. L'intuition est dénuée de forme, et pourtant les idées émergeant de l'intuition doivent s'exprimer au moyen de la forme. Vous êtes singulièrement dépourvu de cette faculté de concrétisation, en raison de votre sens de la beauté et des valeurs essentielles. Il faut que vous appreniez la leçon que constituent l'égalité de la divinité, de la forme et de la construction des formes et aussi du travail créateur et de son organisation des détails dans chacune de ses productions équilibrées. La beauté, après tout, est tout aussi divine que ce qui peut être exprimé au moyen de n'importe quelle forme.
Souvenez-vous que la forme et la vie ne font qu'un. Il n'y a rien d'autre que la vie en manifestation.
Votre pouvoir d'intuition aidera donc le groupe, et par conséquent considérez votre travail comme un service devant être nettement rendu.
La tension émotionnelle, l'effort et votre amour intense de la beauté ont formé dans votre vie les principaux éléments d'entraînement. Vous avez souvent été désorienté et parfois votre prochain vous étonne. Pendant un an, cherchez donc à projeter sur lui et aussi sur vous-même la lumière de l'intellect et appliquez délibérément le pouvoir de l'analyse spirituelle et le fonctionnement consacré au mental concret. Demeurez toujours l'Observateur, employant le mental concret comme un instrument divinement organisé.
Vous découvrirez que, si vous persévérez dans cette voie, l'étude des symboles présentera pour vous une valeur certaine. Je vous donne une indication relative à des symboles que votre intuition pourrait révéler. A l'endroit où les lignes convergentes de tout symbole se rencontrent et où les
nombreuses lignes se croisent, là se trouve un point de force et d'illumination, un centre focalisé à travers lequel le mental illuminé peut percer. Réfléchissezy.
Voulez-vous, mon frère, pendant six mois, essayer de faire la méditation suivante, vous souvenant que je ne fais que vous la suggérer, sans chercher à vous l'imposer ou vous la dicter ?  Quant à l'autre méditation, vous êtes libre de la choisir vous-même. Prêtez attention aux besoins du groupe ; et le fait d'établir de vous-même et pour un an un rythme dans votre existence
produira de bons résultats.

Février 1934


Mon Frère,
Vous avez, en quelque sorte, répondu dans votre conscience à la question relative à l'utilité du travail de ce groupe particulier ; vous l'avez fait en vous mettant vous-même à ce travail et par ce que, de cette manière, vous avez appris. La signification de l'intégration intérieure d'âmes libres, indépendantes et volant de leurs propres ailes, tout en recherchant en formation de groupe et
volontairement l'union vers l'âme, prend pour vous de l'importance. Un organisme vivant, et non pas une organisation vitale, mérite considération ; il semble que sa vie vaille la peine d'être alimentée. Cela, vous l'avez reconnu.
Parfois, pourtant, vous vous demandez : "De quelle utilité précise suis-je donc, comme individu, dans le groupe de l'instructeur ?". Le développement de vos condisciples n'est par uniforme ; les uns possèdent une qualité, les autres, une autre, et certaines qualités leur manquent ; les uns fonctionnent surtout sur le plan mental, les autres sur le plan des émotions. Vous possédez déjà un bon degré de développement en ce qui concerne votre intuition, ainsi que je vous l'ai fait précédemment remarquer ; vous pouvez servir votre groupe et faciliter son travail sous ce rapport. Toute qualité acquise de quelque ordre qu'elle soit doit être considérée par l'individu comme un aspect positif pour le groupe et non pas comme un accomplissement personnel. Cette idée mérite d'être élaborée et implique un jugement clair et un certain détachement de la part des
membres du groupe. Toute reconnaissance véritable exige ces qualités. Par conséquent, mon frère, cherchez de plus en plus à développer le germe de l'intuition sur la base du motif purement désintéressé de l'utilité pour le groupe, vous souvenant que la fusion du mental et de l'intuition produit l'organisation subséquente d'une faculté spirituelle qui se manifeste sous forme de pouvoir et de force magnétique ou de rayonnement personnel dans la vie.
Votre personnalité de premier rayon peut augmenter l'utilité de cette fusion, exactement dans la mesure où vous savez travailler d'une manière constructive dans le champ de travail que vous avez choisi et avec les autres étudiants. Une personnalité de premier rayon peut causer bien des
difficultés à l'âme lorsqu'elle n'est pas soumise en toute humilité au service du groupe. Lorsque la personnalité est guidée par l'intuition et par une claire manière de penser, lorsque la vie sur le plan physique est adonnée au rythme librement imposé du service organisé, le pouvoir peut être accordé et une utilité bien déterminée en est le résultat.
A juste titre vous pourriez demander ici de quelle manière votre sensibilité intuitive peut servir le groupe auquel vous êtes associé. Si vous le voulez bien, laissez-moi vous donner une méditation qui rendra service au groupe et qui m'aidera dans ma tâche d'éveiller les membres de mon Ashram à la lumière de l'intuition. Cette méditation est fondée sur la reconnaissance du fait que la
séparation trouve sa source dans la vie de la personnalité, mais que, dans le royaume de l'âme, il n'y a pas de séparation, seulement une libre circulation de la vie, de la lumière et de l'amour spirituels. Faites cette méditation une fois par semaine et également à l'époque de la pleine lune ; continuez cependant à faire celle que je vous ai assignée dans mes dernières instructions en tant qu'exercice journalier...
Je voudrais faire remarquer que si vous travaillez de cette manière, en plaçant l'accent sur l'aspect du service, il n'y aura aucun danger de voir se développer une emprise mentale sur vos frères de groupe. Quinze minutes consacrées chaque semaine à ce service vous apportera sa propre récompense.
Mais vous n'avez pas à songer à cela.
Fermeté dans tous vos rapports, dans tous vos rapports, mon frère, est une croissance nécessaire, une discipline, ou une habitude délibérée qui vous sont réellement utiles. Cette fermeté ne doit pas tant s'appliquer à l'organisation de la personnalité que du point de vue de votre libération des limitations imposées par le temps. Soyez le maître de votre temps et faites que les heures de chaque journée deviennent vos serviteurs, exigeant de chacune d'elles sa pleine quotepart de travail ou de repos, exempte du sentiment de pression ou de précipitation exagérées. Lorsque vous aurez résolu le problème du temps, vous entrerez dans une période d'utilité grandement accrue. Vous avez déjà accompli quelques réels progrès dans cette direction, mais cet effort pourra être poursuivi bien plus avant quand vous aurez éveillé plus pleinement votre intérêt pour la signification du temps. Il faut cependant le faire graduellement, car pour le
travailleur créateur et intuitif se pose le problème de travailler dans le domaine où le temps n'existe pas, et de ce point de conscience, il lui faut employer le temps dans l'art de produire ce qu'il cherche à exprimer. Vous comprendrez de quoi je parle.
Cherchez donc, au cours des prochains mois, à augmenter votre service sur le plan de l'intuition, à être le maître de votre temps, à marcher dans la vie et à diriger toutes vos relations de ce centre de paix que vous connaissez et qui est pour vous la sûre réalité.

Juillet 1934


Mon Frère,
Je n'ai pas grand-chose à vous suggérer cette fois-ci, et je vous demande donc de poursuivre le travail tel que je vous l'ai indiqué dans ma dernière communication. Je pense que vous connaissez au-dedans de vous-même la valeur des instructions que je vous ai alors données et la raison pour laquelle je plaçais l'accent sur certain travail. Même si vous ne comprenez pas, moi, qui observe et guide, je peux voir se développer de plus en plus pleinement le germe de cette faculté nécessaire d'organisation. Se manifestant surtout sur le plan astral en une capacité stabilisatrice et aimante tendant à intégrer le groupe dans l'amour, cette utilité que vous êtes pour le groupe, dans sa majeure partie, vous a échappée. Votre cerveau physique en est à peine conscient.
Dans une vie jusqu'à présent sans cesse pleine de mouvements, vous avez connu une période de stabilité relative ; c'est pour vous une chose nouvelle et pleine d'enseignement. Esotériquement parlant, le travail de votre vie consiste à retenir l'attention des penseurs et des travailleurs du monde et à les stimuler de manière qu'ils puissent satisfaire aux besoins et répondre aux demandes de ceux qui se trouvent autour d'eux. Tant de gens sentent et pensent. Vous pouvez leur apprendre à penser et à sentir. Cela implique une vaste distinction.
Je vous demande de correspondre parfois avec un frère dont je vous donnerai le nom. Il a besoin de votre sagesse et de votre force, et vous pouvez l'aider alors qu'il traverse une période de solitude apparente dont il souffre actuellement.
Votre travail pour le groupe consiste à frayer la route vers les endroits élevés et à la maintenir ouverte.

Mars 1935


Mon Frère,
Depuis un an, je n'ai rien modifié dans votre méditation. J'ai cherché en vous les résultats obtenus sous deux rapports. J'ai d'abord tenté de vous voir, comme je l'avais déjà exprimé, en tant que "maître du temps", et deuxièmement, j'ai noté l'aide intuitive que vous avez cherché à donner aux autres membres de ce groupe. J'ai noté également l'attention que vous avez donnée à ces questions. Les choses qui concernent l'âme ont aujourd'hui pour vous une plus grande importance que celles qui concernent la personnalité. Les déceptions de votre personnalité en ont été pour vous des exemples et de même vos contacts de groupe ainsi que vous en avez eu la preuve dans ... il y a quelque temps. L'intégration de certains de vos frères de groupe dans votre
conscience était l'objectif principal de l'expérience. Correctement dirigés, les contacts extérieurs de la personnalité ont une place bien déterminée et une certaine valeur. Vous pourriez, par exemple, intensifier l'aide donnée à I.B.S.
par ce rapport nouvellement établi. Puis-je m'arrêter ici, mon frère, et vous remercier de la façon dont vous êtes égoïquement demeuré à ses côtés et dont vous l'avez aidée alors qu'elle traversait une crise plus sérieuse qu'aucun de vous n'en avait idée à ce moment-là ?
Si vous jetez un coup d'oeil en arrière sur ces trois dernières années, vous noterez une vie pleine d'expériences sur tous les plans de la personnalité ; si vous le désirez, vous pourrez aussi noter une tendance croissante vers la maîtrise de l'âme. Je dis une tendance, mon frère, car c'est lorsqu'une tendance est transformée en habitude et en un rythme journalier et dynamique que les
portes de l'initiation s'ouvrent devant le disciple. Votre principal travail aujourd'hui est d'établir cette habitude. Pour vous, elle se tient cachée, dans la maîtrise du temps, lequel constitue pour vous un problème majeur.
Pour certaines catégories de personnes, le développement se manifeste par la maîtrise de la force. Pour d'autres, il est démontré par la maîtrise du facteur temps et la capacité de comprendre la signification pratique des temps et des saisons et leur utilisation correcte et ordonnée. Vous appartenez à ce dernier groupe ; c'est par vos réalisations dans cette direction que vous viendront la libération et la création de la beauté. Il existe une beauté mystique qui doit être atteinte, ainsi que nous le savons, par l'art. Cela communique un sens général de beauté, de couleur et d'inspiration ; ainsi, la beauté vêt et voile les idées. Il existe une beauté occulte (cachée) qui doit également être atteinte dans le domaine de l'art. Cela communique un sentiment différent de beauté, de couleur et d'inspiration, habillée de formes qui révèlent les idées. La beauté mystique voile, dans la beauté, l'idéal. La beauté occulte révèle, dans la beauté, l'idéal. L'accomplissement mystique doit pour vous, être le but ; la révélation de la beauté ordonnée dans le temps et l'espace doit constituer votre effort de synthèse. Réfléchissez à ces mots et à ces définitions, car on trouve en eux le secret de la véritable faculté de création.
Méditez sur la différence entre l'inspiration mystique et la révélation occulte ainsi que sur leur synthèse dans toutes les grandes réalisations.
Votre tâche dernièrement a été d'intégrer la personnalité, tâche poursuivie à la fois consciemment et inconsciemment. L'enrichissement de vos expériences de la vie par des contacts humains plus amples et une compréhension plus profonde vous réserve la promesse d'une expression créatrice, à condition que vous considériez chaque jour comme une opportunité ordonnée en vue d'un effort organisé.
Me comprendrez-vous, mon frère, si je vous dis les mots suivants ? Passez votre temps à écouter. Donnez son expression à la vision que vous percevez.
Cultivez l'attitude d'expectative et d'attention psychique ; lorsque vous entendez ce qu'on n'entend pas et sentez ce qu'on ne sent pas, efforcez vous de le formuler en mots et en expressions sous une forme quelconque, tout en conservant l'esprit dramatique et psychique que revêtent tous les événements de cette sorte. N'oubliez pas la vérité occulte selon laquelle le temps et les événements sont un seul événement phénoménal de base.
En ce qui concerne votre travail de méditation, je suggère que vous procédiez comme suit. Gardez à l'esprit que ce n'est qu'une suggestion ; il vous appartient d'essayer et de voir si ce que je suggère est sage ou non, et si la raison de mon effort en votre faveur est bien la connaissance que j'ai de vous...
Chaque jour, notez par écrit vos pensées lorsque vous avez terminé votre méditation. Plus tard, voyez quel en a été le résultat. Si vous le désirez, rédigez-le en une forme convenable et faites-en profiter les autres disciples.
Cette méditation vous aidera à faire se manifester le pouvoir de votre septième rayon ou l'organisation créatrice qui est l'un de vos réels besoins, n'est-ce pas ? Tout le travail devant être actuellement entrepris doit être planifié de manière à provoquer l'action organisatrice, intégrante et de synthèse de l'âme. La technique diffère suivant le cas, mais l'objectif reste le même.
Veillez à votre santé, mon frère.

Septembre 1935


Je n'ai pas grand-chose à vous dire cette fois-ci, mon frère de longue date.
Vous recevez de moi, subjectivement et pendant vos heures de sommeil, un enseignement abondant. Ce que vous pouvez en faire passer chaque jour dans la conscience de votre cerveau est pour vous d'une inestimable valeur, car une technique se trouve ainsi établie, qui ouvre un canal à travers lequel vous pouvez "faire passer" ce que vous ressentez, ce qui est pour vous un développement immédiat et très nécessaire.
L'expérience consistant à essayer de choisir certains membres de mon Ashram et de former un groupe qui aidera à dissiper le mirage mondial requiert la plus haute sagesse et la plus attentive considération. C'est un effort fait dans le but de fournir un point de focalisation à travers lequel la Hiérarchie puisse atteindre et plus facilement attaquer l'illusion du monde. Il exige l'entraînement
le plus attentif des membres du groupe ; si vous vous soumettez tous d'une manière intelligente à cet entraînement et à cette discipline, il sera plus tard possible de former une unité douée de puissance occulte et je pourrais alors vous assigner un travail déterminé à accomplir comme groupe. Tout cela dépendra cependant des diverses réactions des membres du groupe et de leurs
efforts accrus pour apprendre et comprendre. Au cours de l'année prochaine, approximativement, mon intention n'est que de vous préparer tous à accomplir cet effort de l'unisson.
Pour vous actuellement, je n'ai que ce seul message : Visez à obtenir de vraies réalisations. J'ai délibérément formulé ainsi ma pensée afin de retenir votre attention. Il faut qu'il existe pour vous, sur le plan physique, un objectif bien déterminé qui puisse se matérialiser en une réalisation également bien déterminée de manière que votre âme puisse dire : "J'ai réalisé ce que j'avais l'intention de faire." Ces réalisations (d'importance secondaire ou d'importance essentielle) doivent être de nature tangible et doivent être également l'émergence de ce qui peut être réalisé en tant qu'extériorisation de vos perceptions sensibles intérieures.
Les personnes intuitives (comme vous l'êtes) sont toujours confrontées par le problème de cette extériorisation. C'est une fonction créatrice. C'est l'obligation que vous avez à l'égard de votre âme, et c'est là que vous connaissez souvent l'échec. Puis-je utiliser ce terme "échec", mon frère ?
La personnalité intégrée ne possédant ni objectif spirituel, ni sens mystique, ni réels pouvoirs d'intuition et de perception intérieure ne parviendra jamais à quelque chose de bien, comme vous dites en Occident. Mais le mystique, le disciple et l'aspirant intuitif sont comparables à "une maison
divisée contre elle-même". L'énergie de l'homme s'écoule dans deux directions. Ce qu'il est nécessaire de comprendre, si les justes motifs et la véritable consécration spirituelle sont réunis, c'est que la réalisation sur le plan physique, dans le domaine d'expression choisi, est une réalisation spirituelle et par conséquent possible.
Comment peut-on y parvenir ? Au moyen de trois choses, mon frère, que je vous indique, dans l'ordre de leur importance, afin que vous les examiniez :
1. La réalisation de la vision ; le pouvoir de saisir par l'intuition ; la capacité de maîtriser ce qui doit être amené et matérialisé sur le plan physique.
2. La poursuite de cette idée, ou cet idéal.
a. De l'intuition perçue à sa formulation en des concepts mentaux, des formes-pensée, des mots et des phrases.
b. Vers le revêtement de désirs, d'émotion et de beauté de sentiments.
c. Vers des pas sages et intelligents qui amèneront l'apparition de votre idée, ou de votre idéal, dans la lumière du plan physique.
3. L'organisation de votre temps de manière que vous tiriez de chaque journée sa pleine quote-part d'inspiration, de travail mental et d'activité sur le plan physique. Ainsi vous vous imposerez cette discipline qui n'inhibera pas vos efforts, mais produira le maximum de résultats avec un minimum d'effort. Réfléchissez-y.
Je ne change pas encore votre méditation, mon frère. Poursuivez-la pendant six mois encore ; vous n'avez pas eu le temps d'obtenir des résultats appropriés. Je vous recommande particulièrement I.B.S. Occupez-vous d'elle.
Aidez-la de votre sagesse et de votre affection à parvenir à une plus grande utilité. En terminant, je vous dis : Demeurez ferme et sachez (ne croyez pas, n'espérez pas seulement) que tout travaille pour vous libérer et vous permettre d'avoir une plus grande expression de beauté et de service.

Février 1936


Mon Frère,
Vous avez connu au cours des six derniers mois une grande stimulation de toute votre nature psychique ; elle est due à l'étroite attention que vous avez justement donnée au développement de votre personnalité ; elle est également due au caractère ardu des expériences auxquelles cette personnalité a été soumise, à l'effet produit par une intégration accrue et à l'atmosphère psychique dans laquelle vous vivez. L'endroit ou vous résidez est un grand centre psychique. Tout cela indique que vous accomplissez un grand pas en avant, à condition que vous mainteniez soigneusement l'attitude de l'Observateur et que vous ne vous identifiez pas aux phénomènes que vous éprouvez et pourrez éprouver à l'avenir. Ces expériences contiennent, comme vous le savez, un germe de danger, le danger que les détails et les événements phénoménaux vous paraissent avoir plus d'importance que le tout et que ce qui est sans forme. Ils sont cependant pour vous un pas nécessaire dans le processus d'intégration ; le sens de l'abstrait et de ce qui est sans forme était trop développé en vous. Vous étiez le véritable mystique, le véritable visionnaire, l'idéaliste, celui dont l'imagination, l'amour de la beauté et le sens des réalités intérieures vous isolaient du monde de la vie pratique, de ce monde où, pour ceux qui ont des yeux pour voir et des oreilles pour entendre, la vérité mystique se tient toujours cachée dans sa plénitude, où la vision de la couleur et de l'harmonie peut toujours être découverte et où l'idéal peut être aperçu,
soumis au processus de matérialisation. L'unification, le mélange et la fusion de la beauté subjective et de la beauté réelle extérieure est votre tâche journalière. Ceux qui sont, comme vous, des intuitifs doivent s'entraîner à devenir des interprètes. Cette tâche consistant à interpréter la réalité et la beauté devrait vous conduire de plus en plus à une activité organisée et planifiée.
J'ai résumé à votre attention, dans cette dernière phrase, la tâche principale qui devrait être la vôtre pour le reste de votre existence, interprétation de la beauté et de la réalité. C'est à vous qu'il appartient de décider la manière dont vous pouvez l'accomplir. Je ne fais que vous indiquer votre but. Au fur et à mesure que l'on vieillit, la méthode par laquelle on s'exprime activement doit obligatoirement se modifier quelque peu ; et les manières par lesquelles on démontre les reconnaissances intérieures, de même que la tâche elle-même, doivent inévitablement changer, bien qu'elles croissent en puissance tout le temps. Ceci ne signifie pas que les réalisations manquent de puissance, mais simplement l'utilisation d'un moyen différent par lequel on travaille. J'éprouve le besoin de vous le rappeler. Le but est d'intensifier la vie puissante au centre ; cette vie doit inévitablement trouver ses débouchés.
Vous avez beaucoup à donner à votre groupe, affection, beauté, intuition et harmonie. Tout cela existe en tant que pouvoirs de votre âme ; ils peuvent être et sont de plus en plus utilisés. J'y ajouterais une capacité de création bien déterminée. Comme je vous l'ai déjà dit, votre besoin immédiat est de développer une conscience du temps qui ne vous limite pas mais vous permette de conserver et d'organiser les "cinq dons des jours, des heures et des minutes", dons si précieux. Le temps possède un aspect divin.
Je voudrais que vous poursuiviez votre méditation d'une manière dynamique, avec un alignement plus instantané et les résultats qui en découlent. Au cours des mois qui viennent, efforcez-vous d'effectuer des périodes de méditation courtes et puissantes ; souvenez-vous que l'objectif de
votre méditation est actuellement d'organiser intérieurement les corps et non pas tant de percevoir l'invisible. Cette perception vous est plutôt facile. Son arrivée en la conscience du cerveau et sa sage utilisation en service doivent retenir votre attention. Je peux maintenant modifier la forme de votre méditation ; voilà un an que vous utilisez celle que vous avez actuellement.
J'en conserverai une partie mais en changerai radicalement une autre (...)
On peut la considérer comme une forme d'activité à caractère intercesseur, car l'intercession est un moyen scientifique de relier l'idée, l'idéal et son expression extérieure. Consacrez-lui autant de temps que vous le désirez, à condition que votre attitude mentale demeure intense et dynamique.

Novembre 1936


Mon Frère,
Je n'ai pas beaucoup de choses à vous dire cette fois-ci. Vous craignez, comme personnalité, d'être exagérément influencé par une autorité, à laquelle vous vous trouvez soumis et qui soit plus forte que vous, venant à vous d'une source qui n'est pas votre propre âme. Je prévoyais votre présent état d'esprit lorsque je vous écrivais la dernière fois ; c'est la compréhension de ce qui se
passerait qui a motivé toutes mes instructions. C'est ce que je savais qui m'a poussé à vous dire "Vous avez beaucoup à donner". Ce que j'ai à vous dire aujourd'hui est ce qui suit :
Vous êtes libre, mon frère. Personne ne cherche à vous retenir dans ce groupe. Personne, en aucune façon, ne cherche à exercer son autorité sur vous.
Personne ne désire que vous travailliez, ou étudiez ou serviez là où votre propre âme ne vous incite pas à travailler et à vous exprimer. Mais souvenez-vous qu'il n'existe de vraie liberté qu'en exerçant un libre choix et en servant. L'idée de liberté peut constituer elle-même une prison. Il n'existe nulle part d'âmes libres, excepté celles qui, de leur libre choix, s'emprisonnent et se
trouvent enfermées et liées par la loi de service. Vous pouvez quitter ce groupe-ci, mais si vous devez croître, vous vous retrouverez inévitablement au sein d'un autre groupe de service. Vous pouvez abandonner les responsabilités que vous avez assumées lorsque vous avez joint ce groupe, mais vous ne pouvez pas échapper aux autres responsabilités qui vous attendent. Vous
pouvez vous détacher de ce groupe de frères, dans la mesure où le lien sur le plan extérieur vous concerne, mais vous avez déjà établi avec eux des liens qui ne peuvent pas être brisés par une activité quelconque de la personnalité, ou une direction donnée à votre activité, car ils sont des liens de l'âme et doivent, à un moment donné, être reconnus comme tels. C'est le service, la responsabilité et le travail de groupe qui comptent et qui durent ; les fluctuations et les réactions d'une personnalité quelconque peuvent amener des retards mais elles ne peuvent pas empêcher le succès.
Fondamentalement et essentiellement, vous vous êtes consacré au service du Plan quelque part, d'une manière ou d'une autre, un jour ou l'autre. Les fluctuations, les indécisions et les questions de votre personnalité, en fin de compte, n'ont pas d'importance, pas plus qu'elles n'en ont à la lumière des activités de votre âme ; mais elles importent dans le temps et l'espace, et d'une
manière tem poraire, en ce qui concerne vos frères de groupe.
Soyez donc libre, mon frère, mais soyez tout à fait certain qu'il ne s'agit pas d'une liberté que vous désirez parce que l'affiliation au groupe vous agace.
Plus fortement votre âme saisit votre personnalité et moins les problèmes d'isolement et de liberté vous concerneront. Sentez-vous libre, mais soyez certain qu'il ne s'agit pas d'une liberté que vous demandez parce que la ferme discipline de l'entraînement occulte irrite un tempérament encore
essentiellement mystique. Plus votre âme vous saisit, et plus votre mental s'éveillera ; et les sentiments (compris dans le sens personnel) s'évanouiront.
Sentez-vous libre, mais soyez certain que ce n'est pas une liberté demandée parce que votre vanité est blessée par l'échec subi dans votre organisation du temps et dans votre tentative de soumettre votre personnalité à une vie rythmique. Plus votre âme vous étreint et plus certainement vous apprendrez à utiliser le temps en le considérant comme une responsabilité.
J'ai dit précédemment que, dans tout effort fait par un groupe, certains doivent ralentir leur progrès et d'autres l'accélérer de manière que la vie du groupe soit équilibrée. Vous dites que, sans cesse, vous avez mis cela en doute, et vous vous appuyez sur l'analogie de la lumière pour justifier votre vue du problème. L'analogie de la lumière, en réalité, ne s'applique pas ici. Je ne
parlais pas de lumière individuelle mais de lumière s'appliquant au service de groupe et aux relations de groupe. Beaucoup de membres de la Hiérarchie ont actuellement refusé de profiter de certaines opportunités de progrès afin de pouvoir demeurer avec les fils des hommes et les assister. Le degré de développement de chacun dans le groupe n'est pas semblable ; c'est un point que vous devriez reconnaître ; et une fois que vous le reconnaîtrez, vous verrez qu'il prévient l'application de votre exemple. En soi, cet exemple est exact, mais il ne s'applique pas au sujet que nous traitons.
Je vous suggère de réserver votre décision finale jusqu'au mois de mai. J'ai demandé à un membre d'un autre groupe de mon Ashram d'effectuer votre travail pendant ce temps. Je ne vous assigne donc aucune tâche ; vous êtes considéré comme étant temporairement suspendu de vos fonctions dans le groupe. Je ne vous demande qu'une seule chose, c'est de reconsidérer votre décision de l'angle du bien de groupe et du progrès de groupe, et aussi de l'angle de vos frères de groupe, et non pas seulement de l'angle de ce qui vous semble le mieux pour vous, votre propre confort et votre propre prétendue liberté. N'en déduisez pas que je considère votre décision comme égoïste. Je sais ce qu'elle vous coûte. Elle est pourtant fondée sur une manière de sentir, et ce sentiment est rarement une indication vraie de l'action qu'il faut accomplir.
Je ne cherche qu'à vous donner du temps pour réfléchir. Comme vous réfléchissez à la décision à prendre, je vous rappelle que votre âme se trouve sur le septième rayon et que vous agissez au moyen d'une personnalité de premier rayon.
De la vient votre problème, mon frère : un mystique ayant une large conscience, un puissant rayon de personnalité et une vibration d'âme en  harmonie avec le Nouvel Age, cherchant à imposer à la personnalité le rythme "d'un ordre cérémonial et d'une organisation". Je vous demande de garder à l'esprit le fait que le travail de groupe implique un sacrifice et souvent la
réalisation de ce qu'on pourrait préférer ne pas faire et de ce qui, du point de vue de la personnalité, pourrait bien ne pas être la chose la plus facile à faire et la meilleure méthode de l'accomplir. Le choix, par conséquent, est entre vos mains ; les pensées du groupe doivent demeurer étrangères à votre décision, de façon que vous puissiez la prendre librement et sans entrave. Le groupe, ensuite, devra respecter votre décision.

Février 1937


Seules, mon affection et ma compréhension vont actuellement vers vous, mon frère, mais ni mes paroles ni mes instructions. Cherchez le chemin du service désintéressé et tout sera bien.
"De même que les oiseaux volent ensemble vers les domaines de l'été, ainsi les âmes s'unissent dans leur envolée. Passant par la porte, elles se posent ainsi devant le trône de Dieu."
Ainsi s'exprimait un saint inconnu qui ne voyageait pas seul.

NOTE : Ce disciple décida qu'en ce qui concernait son affiliation au groupe de disciples du Tibétain, il voyagerait seul sur le Chemin pendant un temps. Du coté intérieur, le groupe demeure intact, avec tous ses membres affiliés, activement ou non.