La Méthode dans le Christianisme

La Méthode dans le Christianisme

 

Il est facile de trouver maints textes qui relient le sentier du Connaisseur Chrétien à celui de son frère d’Orient. Ces témoignages attestent la même efficacité de la méthode dans laquelle l’intellect est également employé, jusqu’aux limites de son pouvoir ; puis tout effort est suspendu, tandis que la condition de l’être change et qu’un nouveau mode de connaissance est inauguré.

Saint Augustin dit : "Comme dans la première procession, le Fils jaillit du Père ineffable, ainsi il existe quelque chose d’occulte derrière la première procession : intellect et volonté."

 

Meister Eckhart s’unit aux Connaisseurs Orientaux par les paroles suivantes :

 L’intellect est le plus haut pouvoir de l’âme et, par lui, l’âme saisit le bien divin. Le libre arbitre est le pouvoir de savourer le bien divin que l’intellect lui a fait connaître. L’étincelle de l’âme est la lumière du reflet de Dieu, regardant toujours du coté de Dieu. L’arcane de l’intellect est, pour ainsi dire, la somme de tout le bien, de tous les dons divins, dans l’essence intime de l’âme, qui est comme un puits insondable d’excellence divine.

 Les pouvoirs inférieurs de l’âme devraient être aux ordres de ses pouvoirs supérieurs et ceux-ci aux ordres de Dieu ; ses sens extérieurs aux ordres de ses sens intérieurs et ceux-ci aux ordres de la raison, la pensée aux ordres de l’intuition, et le tout aux ordres de l’unité afin que l’âme soit seule sans que rien coule en elle qui ne soit pure divinité, coulant ici en elle-même.

 Quand l’intellect d’un homme a perdu contact avec toute chose, alors, et seulement alors, il entre en contact avec Dieu.

 Dans l’afflux de cette grâce, apparaît aussitôt cette lumière de l’intellect, qui est Dieu envoyant un rayon de Sa Splendeur sans nuage. Dans cette puissante lumière, un mortel est au-dessus de ses semblables, autant qu’un homme

vivant est au-dessus de son ombre, sur le mur.

 L’homme de l’âme, transcendant son mode angélique et guidé par son intellect, perce jusqu’à la source d’où l’âme a coulé.

L’intellect lui-même est laissé de côté avec toutes les choses qui ont un nom. Ainsi l’âme se fond dans la pure unité.

 Pfeiffer Franz, Meister Eckhart, pp. 338, 66, 144, 101.

 

Ainsi, toutes les grandes écoles de méditation intellectuelle (dépourvue, aux derniers stades, d’émotion et de sentiment) conduisent au même point.

Dans le Bouddhisme, l’Hindouisme, le Soufisme, le Christianisme, le but est fondamentalement le même : l’Unification avec la Divinité ; il y a le même dépassement des sens, la même concentration de l’intellect, à son plus haut point, la même apparente inanité de l’intellect du moment où il a conduit l’aspirant à son objectif ; la même entrée en contemplation de la Réalité ; la même fusion en Dieu ; et la connaissance de l’identité avec Dieu ; la même subséquente Illumination.

 Tout sens de séparation a disparu. L’Unité avec l’Univers, l’Identité avec le Tout, la perception consciente du Soi et l’assimilation, en plein éveil, à la Nature extérieure et intérieure, tel est le but précis de tout chercheur de la connaissance.

 Le soi, le non-soi et leur relation sont connus comme un fait, sans différentiation, Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit travaillent harmonieusement ensemble et sont connus comme une identité, les Trois en Un et l’Un en Trois. Ceci est l’objectif de toutes les écoles ou le mystique dépasse le sentiment et, en dernière analyse, même la pensée, et est uni au Tout. Cependant, l’individualité persiste dans la conscience, mais elle est tellement identifiée avec le Tout, que le sens de la séparation disparaît.

 Rien ne subsiste que l’Unité réalisée.