LE TIBETAIN

LES ENSEIGNEMENTS DU TIBETAIN

12. EDUCATION DANS LE NOUVEL AGE

par Alice A. Bailey

Mis sur support informatique sous la responsabilité de l'Association Lucis Trust

TABLES

SOMMAIRE

CHAPITRE I — L'OBJECTIF DE L'EDUCATION NOUVELLE

Déclarations préliminaires

Réponses à quelques questions

Théorie, Méthodes et Buts

Coordination et Intégration

CHAPITRE II — LE DEVELOPPEMENT CULTUREL DE L'HUMANITE

Civilisation et Culture

Le processus de développement

Nature de l'ésotérisme

CHAPITRE III — LE PROCHAIN PAS DANS LE DEVELOPPEMENT MENTAL DE

L'HUMANITE

La période actuelle de transition

L'âge du Verseau

CHAPITRE IV — LA CULTURE DE L'INDIVIDU

La citoyenneté

La situation et les idéologies du monde

Raisons de l'actuel malaise mondial

Les parents

Tendances indiquant ce qui surviendra dans l'avenir

La maîtrise de la personnalité

CHAPITRE V — LA SCIENCE DE L'ANTAHKARANA

TABLEAU SYNOPTIQUE

TABLEAUX

Education et Science

Religion et Philosophie

Gouvernement et Ordre social

CHAPITRE I

L'OBJECTIF DE L'EDUCATION NOUVELLE

Déclarations préliminaires

On pourrait considérer que cet ouvrage traite des trois aspects différents d'un thème général unique : les méthodes, les idées nouvelles et prochaines concernant l'éducation. Son objectif est d'élucider le développement culturel de la race, et d'envisager le prochain pas à franchir dans le progrès mental de l'humanité. L'enseignement, s'il est authentique, doit être dans la ligne du passé et fournir un champ d'efforts dans le présent ; il doit aussi éclairer davantage ceux qui ont réussi ou sont en train de parvenir aux buts désignés. Il faut qu'un avenir spirituel soit spécifié. C'est cela qui est nécessaire actuellement.

Le terme "spirituel" ne se rapporte pas à ce que l'on appelle les questions religieuses. Toute activité qui fait aller l'être humain de l'avant, vers quelque forme de développement – physique, émotionnel, intuitionnel, social – si elle est plus avancée que son état présent, est essentiellement de nature spirituelle et indique la vitalité de l'entité divine intérieure. L'esprit de l'homme est immortel ; il persiste éternellement, progressant d'un point à un autre, d'un stade à un autre sur le Sentier de l'Evolution, révélant régulièrement et successivement les attributs et aspects divins.

Les trois points de notre thème général sont :

1. La technique de l'éducation de l'avenir.

2. La science de l'Antahkarana. Elle traite de la manière de jeter un pont sur le hiatus existant dans la conscience de l'homme, entre le monde de l'expérience humaine ordinaire, le monde triple du fonctionnement physique, émotionnel, mental, et les niveaux supérieurs de ce que l'on appelle le développement spirituel, qui est le monde des idées, de la perception intuitive, de la pénétration et de la compréhension spirituelle.

3. Les méthodes de construction de l'Antahkarana. Ceci conduit à surmonter les limitations – physiques et psychologiques – qui restreignent, chez l'homme, la libre expression de sa divinité innée.

Nous ne pouvons que préparer le terrain pour ce troisième point, car cette question implique des pratiques avancées de méditation qu'il faut aborder progressivement. J'ai traité de la méditation dans mes autres livres.

On pourrait ici poser la question : pourquoi y a-t-il intérêt à envisager de passer du temps à ce qui est encore dans l'avenir ? Je répondrai en vous rappelant que "L'homme est tel que sont ses pensées." Ceci est un truisme de l'occultisme. Donc, ce qui est vrai de l'individu est vrai aussi du groupe ; un groupe réagira finalement selon sa manière de penser. A mesure que les ondes de la pensée de groupe pénètrent dans l'atmosphère mentale de l'humanité, les hommes en reçoivent progressivement l'impression, et l'instauration des nouveaux modes de vie et de développement s'accomplit avec une facilité accrue. Je cherche seulement ici à vous donner quelques idées générales et brèves, qui serviront à vous indiquer la direction de ma pensée et le dessein que j'ai dans l'esprit. La manière la plus aisée dont je puisse le faire est peut-être de formuler certaines propositions qui sont intéressantes et peuvent apporter l'illumination.

I.

L'éducation, jusqu'ici, était l'art de synthétiser l'histoire du passé, les résultats obtenus dans tous les domaines de la pensée humaine, et d'indiquer le point atteint, à l'époque, par la connaissance humaine. Elle traitait des formes de science que le passé avait produites. Elle regardait principalement vers l'arrière et non vers l'avant. Je souhaite vous rappeler ici que je parle de façon générale, et qu'il existe de nombreuses et notables exceptions à cette attitude, quoique de faibles dimensions.

II.

L'éducation s'est avant tout préoccupée d'organiser le mental inférieur ; la nature de l'enfant était largement évaluée selon sa réaction à l'information accumulée (en ce qui concernait l'éducation) aux données, collationnées et recueillies, transmises en ordre successif, digérées et organisées en vue de le préparer à rivaliser avec l'information détenue par d'autres personnes.

III.

Jusqu'ici, l'éducation a été surtout un entraînement de la mémoire, bien qu'actuellement on commence à reconnaître la nécessité de mettre fin à cette attitude. L'enfant doit assimiler les faits que la race considère comme vrais, qu'elle a mis à l'épreuve dans le passé et trouvés adéquats. Mais chaque vie a des normes différentes quant à ce qui est adéquat. L'ère des Poissons traitait des détails de l'effort fait pour être à la hauteur de l'idéal pressenti. C'est pourquoi l'histoire couvre la méthode par laquelle les tribus acquirent le statut national par l'agression, la guerre et la conquête. Cela indiquait la réussite raciale.

La géographie s'est basée sur une réaction similaire à l'idée d'expansion et, par elle, l'enfant apprend comment les hommes, poussés par des nécessités économiques ou autres, ont conquis des territoires et absorbé des pays. Cela aussi a été considéré et à juste titre comme une réussite raciale. Les diverses branches de la science sont aussi considérées comme représentant la conquête de zones de territoires, ce qui, à nouveau, fut proclamé réussite raciale. Les conquêtes de la science, les conquêtes des nations et les conquêtes de territoires indiquent toutes la méthode piscéenne, avec son idéalisme, son caractère militant et séparatif dans tous les domaines, religieux, politique et économique. Mais l'âge de la synthèse de l'inclusivité et de la compréhension est imminent, et la nouvelle éducation de l'Ere du Verseau doit commencer à pénétrer l'aura humaine avec beaucoup de douceur.

IV.

L'éducation est plus que l'entraînement de la mémoire, plus que l'information de l'enfant quant au passé et à ses réalisations. Ces facteurs ont leur place, et le passé doit être étudié et compris, car il doit en découler ce qui est nouveau, sa fleur et son fruit. L'éducation implique davantage que l'étude profonde d'une question et la formation de conclusions subséquentes, conduisant à des hypothèses qui, à leur tour, conduisent à davantage d'études et de conclusions.

L'éducation est plus qu'un effort sincère pour préparer l'enfant ou l'adulte à être un bon citoyen, un père intelligent, et non une charge pour l'état. Elle a une application beaucoup plus large que de produire un être humain qui sera un atout commercial, et non une charge commerciale. L'éducation a d'autres objectifs que de rendre la vie agréable, et de permettre aux hommes d'acquérir une culture qui les rendra aptes à participer, avec intérêt, à tout ce qui survient dans les trois mondes des affaires humaines. Elle est tout ce que j'ai indiqué cidessus, mais elle devrait aussi être beaucoup plus.

V.

 L'éducation a trois objectifs majeurs sous l'angle du développement humain.

Premièrement, ainsi que beaucoup l'ont saisi, elle doit faire de l'homme un citoyen intelligent, un père plein de sagesse et une personnalité qui se domine. Elle doit lui permettre de jouer son rôle dans le travail mondial et le préparer à vivre avec ses voisins, de manière paisible, secourable et harmonieuse.

Deuxièmement, elle doit lui permettre de jeter un pont par-dessus l'ouverture séparant les divers aspects de sa nature mentale, et c'est là que je placerai l'accent principal des instructions que j'ai maintenant l'intention de vous donner.

Dans la philosophie ésotérique, comme vous le savez bien, on nous enseigne qu'il existe trois aspects du mental, ou de cette créature mentale que nous appelons l'homme. Ces trois aspects constituent la partie la plus importante de sa nature.

1. Son mental inférieur concret, principe du raisonnement. C'est de cet aspect de l'homme que nos méthodes d'éducation prétendent traiter.

2. Le Fils du Mental, que nous appelons Ego ou Ame. C'est le principe d'intelligence qui a de nombreuses appellations dans la littérature ésotérique, telles que Ange Solaire, Agnishvattas, principe christique, etc. Dans le passé, la religion prétendait s'occuper de ce principe.

3. Le mental supérieur abstrait, gardien des idées, qui apporte l'illumination au mental inférieur, après que le mental inférieur se soit mis en rapport avec l'âme. La philosophie a prétendu traiter de ce monde des idées.

Nous pourrions nommer ces trois aspects :

Le mental réceptif, le mental dont s'occupent les psychologues.

Le mental individualisé, le Fils du mental.

Le mental de l'illumination, le mental supérieur.

Troisièmement, le hiatus entre le mental inférieur et l'âme doit être comblé. Assez curieusement, l'humanité l'a toujours compris et a donc employé les termes de "parvenir à l'unité", ou "réaliser l'unification", ou "atteindre l'alignement". Tous ces termes sont des tentatives d'expression de la vérité intuitivement comprise.

VI.

L'éducation, pendant l'âge nouveau, devra aussi s'occuper de combler l'ouverture entre les trois aspects de l'être mental : entre l'âme et le mental inférieur, ce qui produit l'unification entre l'âme et la personnalité ; entre le mental inférieur, l'âme et le mental supérieur.

La race y est maintenant prête ; pour la première fois dans la carrière de l'humanité, le travail de construction du pont peut avancer sur une échelle relativement grande. Il est inutile que je m'étende là-dessus, car cela concerne les détails techniques de la Sagesse antique dont je vous ai beaucoup parlé dans mes autres livres.

VII.

L'éducation est donc la Science de l'Antahkarana. Cette science et ce terme sont la manière ésotérique d'exprimer la vérité sur la nécessité de ce pont. L'antahkarana est le pont que l'homme construit – par la méditation, la compréhension et le travail créateur magique de l'âme – entre les trois aspects de son être mental. Donc, les objectifs primordiaux de l'éducation à venir seront :

1. De réaliser un alignement entre le mental et le cerveau par une compréhension correcte de la constitution intérieure de l'homme, particulièrement du corps éthérique et des centres de force.

2. De construire un pont entre cerveau-mental-âme, ce qui produit la personnalité intégrée, expression de l'âme, habitant le véhicule qui se développe assidûment.

3. De construire un pont entre le mental inférieur, l'âme et le mental supérieur, afin que l'illumination de la personnalité devienne possible.

VIII.

La vraie éducation est, en conséquence, la science qui relie les parties intégrantes de l'homme, le reliant aussi à son tour à son entourage immédiat, puis au grand tout dans lequel il a un rôle à jouer.

Chaque aspect, envisagé en tant qu'aspect inférieur, peut toujours n'être que l'expression de l'aspect qui lui est directement supérieur.

Dans cette phrase, j'ai exprimé une vérité fondamentale qui, non seulement comporte l'objectif, mais indique aussi le problème de tous ceux qui s'intéressent à l'éducation. Ce problème est d'évaluer correctement le centre, ou point focal de l'attention de l'homme, et de noter où la conscience est principalement centrée. Puis il doit être instruit de telle manière que le transfert de ce point focal dans un véhicule supérieur devienne possible. Nous pouvons aussi exprimer cette idée d'une manière également vraie en disant que le véhicule, qui semble d'importance majeure, puisse et doive devenir d'importance secondaire, à mesure qu'il devient simplement l'instrument de celui qui lui est directement supérieur. Si le corps astral (émotionnel) est le centre de la vie de la personnalité, alors l'objectif de la méthode éducative imposée au sujet sera de faire du corps mental le facteur dominant. Le corps astral devient alors le véhicule réceptif à l'impression des conditions environnantes auxquelles il est sensible, mais il est placé sous la domination du mental. Si le mental est le centre de l'attention de la personnalité, alors l'activité de l'âme doit être portée à une plus complète expression ; ainsi de suite, le travail se poursuit, le progrès s'effectuant de point en point, jusqu'à ce que le haut de l'échelle soit atteint.

On pourrait noter ici que toute cette exégèse sur le mental et sur la nécessaire construction d'un pont n'est que la démonstration pratique de la vérité de l'aphorisme occulte qui dit "avant que l'homme ne puisse fouler le Sentier, il doit devenir ce Sentier même." L'antahkarana est symboliquement le Sentier. C'est l'un des paradoxes de la science ésotérique. Pas à pas, degré par degré, nous construisons ce Sentier, comme l'araignée tisse sa toile. C'est cette "voie de retour" que nous tirons de nous-mêmes ; c'est cette voie aussi que nous découvrons et empruntons.

Réponses à quelques questions

Je vais maintenant tenter de traiter quelque peu trois questions sur l'éducation, posées par un étudiant. Je ne peux qu'indiquer l'idéal et, ce faisant, je cours le risque de donner l'impression d'être si visionnaire que toute manière d'aborder la question dans le système actuel pourra sembler impossible.

En réponse à la première question, je dirais que la fonction primordiale de tout éducateur est double.

1. Entraîner le cerveau à répondre intelligemment aux impressions arrivant via l'appareil sensoriel, et apportant donc des renseignements sur le monde extérieur tangible.

2. Entraîner le mental afin qu'il puisse remplir trois devoirs.

a. Traiter intelligemment des informations qui lui sont relayées par le cerveau.

b. Créer des formes-pensées en réponse aux impulsions émanant du plan physique ; aux réactions émotionnelles, provoquées par la nature de désir et de sentiments ; au monde de la pensée où se trouve l'entourage de l'homme.

c. Orienter le mental vers le soi subjectif spirituel, afin que le soi, partant d'un état potentiel, puisse devenir le gouvernement actif.

En formulant la fonction de l'appareil auquel tous les éducateurs ont affaire (le mental et le cerveau), j'ai répondu à la deuxième question posée qui était :

"Existe-t-il des types précis d'activités, changeant avec les années, basées sur les phases du processus de croissance de l'individu, et contribuant à son meilleur développement sur tous les points ?"

Je diffère quelque peu d'instructeurs occultistes tels que Steiner, en ce qui concerne les périodes indiquées, car, bien que les cycles de sept ans aient leur place, cette division est apte à être appliquée trop systématiquement. Je suggère aussi des cycles de développement de dix ans, divisés en deux parties : sept ans pour apprendre, et trois ans d'application.

Au cours des dix premières années de l'enfant, on lui enseigne comment utiliser intelligemment l'information que son cerveau reçoit par les cinq sens.

L'accent doit être mis sur l'observation, la réaction rapide et la coordination physique résultant de l'intention. On doit apprendre à l'enfant à voir, à entendre, à prendre des contacts et à utiliser son jugement ; ses doigts doivent alors répondre aux impulsions créatrices, tendant à produire ce qu'il voit et entend.

C'est ainsi que sont établis les éléments des arts et des métiers, du dessin et de la musique.

Pendant les dix années suivantes, le mental est véritablement entraîné à prendre la place dominante. On apprend à l'enfant à raisonner ses impulsions émotionnelles, et ses désirs impulsifs, à discerner entre le bien et le mal, le désirable et l'indésirable, l'essentiel et le non-essentiel. On peut lui apprendre ceci par le moyen de l'histoire et par l'instruction intellectuelle que son  cycle de vie rend obligatoire, selon les lois du pays où il vit. On établit ainsi un sens des valeurs et de la juste mesure. On lui apprend la différence entre l'entraînement de la mémoire et la pensée ; entre l'ensemble des faits, vérifiés par les penseurs et présentés dans les livres, et leur application aux événements de l'existence objective. On y ajoute (voici une pensée réellement importante) leur cause subjective et leur relation avec le monde des réalités dont le monde phénoménal n'est que le symbole.

A l'âge de dix-sept ans, l'étude de la psychologie sera ajoutée au reste du programme, et la nature de l'âme sera sérieusement examinée ainsi que ses relations avec l'Ame du Monde. La méditation, faite dans le sens qui convient, fera partie du programme. Notons ici, cependant, que les implications religieuses de la méditation sont inutiles. La méditation est le processus selon lequel les tendances objectives et les impulsions vers l'extérieur du mental sont contrecarrées, celui-ci commençant à devenir subjectif, à se centrer et à percevoir l'intuition. Ceci peut être enseigné par la méthode de la pensée profonde sur n'importe quel sujet, les mathématiques, la biologie, etc...

La tendance de l'éducation nouvelle devrait être de faire, du sujet de l'expérience éducative, le possesseur conscient de ses facultés ; il devrait être placé devant la vie, avec l'oeil clair et des portes ouvertes devant lui, pour pénétrer dans le monde des phénomènes objectifs et des relations. Il devrait avoir acquis la connaissance d'une porte conduisant au monde de la Réalité, par laquelle il peut passer à volonté, et là, assumer et développer sa relation avec d'autres âmes.

Il est presque impossible de répondre à cette seconde question, question ayant trait au genre d'expérience qui aiderait l'enfant à parfaire son développement et à compléter le programme obligatoire d'état, vu les différences considérables existant entre les êtres humains, vu aussi l'impossibilité pratique de trouver des professeurs travaillant sur le plan de l'âme ainsi que sur celui du mental.

On devrait étudier le cas de chaque enfant dans trois directions.

Premièrement, s'assurer de la tendance naturelle de ses impulsions ; vont-elles vers l'expression physique, le travail manuel qui inclurait un vaste éventail de possibilités, allant de celle d'ouvrier d'usine à celle d'électricien qualifié ?

Y at- il une capacité latente pour l'un ou l'autre des arts, une réaction à la couleur et à la forme, ou une réceptivité à la musique et au rythme ?

 Le calibre intellectuel justifie-t-il un véritable entraînement mental à l'analyse, à la déduction, aux mathématiques ou à la logique ?

Ainsi, peut-être, à mesure que la vie se poursuivra, nos jeunes gens seront-ils classés en deux groupes : le groupe des mystiques, où l'on rassemblerait ceux qui ont des tendances religieuses, artistiques, et le moins de sens pratique ; et le groupe des occultistes qui inclurait les types mentaux, scientifiques et intellectuels.

L'instruction donnée devrait permettre à l'enfant, lorsqu'il atteint dix-sept ans, de faire résonner clairement sa note ; elle devrait avoir indiqué le schéma que suivraient très probablement ses impulsions vitales. Pendant les quatorze premières années, l'occasion devrait être donnée d'expérimenter dans de nombreux domaines de possibilités. On ne devrait insister sur l'instruction ayant trait à la seule vocation que dans les dernières années du processus d'éducation.

Le temps est proche où les enfants seront examinés dans les domaines suivants :

1. Astrologique, pour déterminer les tendances de la vie et le problème particulier de l'âme.

2. Psychologique, en complétant la meilleure psychologie moderne par la connaissance des types des Sept Rayons qui caractérise la psychologie orientale (voir pages anglaises 18-23).

3. Médical, avec une attention spéciale au système endocrinien, à laquelle s'ajouteront les méthodes habituelles relatives aux déficiences physiologiques concernant les yeux, les dents ou d'autres points. La nature de l'appareil réceptif sera soigneusement étudiée et développée.

4. De la vocation, afin de les placer plus tard dans la vie, là où leurs dons et leurs capacités pourront trouver la plus complète expression. et leur permettront de remplir leurs obligations de groupe.

5. Spirituel, par cela, je veux dire que l'âge apparent de l'âme en question sera étudié, et la place sur l'échelle de l'évolution notée approximativement ; les tendances mystiques et introspectives seront examinées, leur absence apparente notée.

On étudiera soigneusement la coordination entre :

a. le cerveau et l'appareil réceptif, dans le monde extérieur des phénomènes,

b. le cerveau et les impulsions du désir, plus les réactions émotionnelles,

c. le cerveau, le mental et le monde de la pensée,

d. le cerveau, le mental et l'âme, afin de porter à un fonctionnement actif tous les moyens de l'enfant, latents ou développés, et de les unifier en un tout.

La troisième question est la suivante :

"Quel est le processus du développement de l'intellect chez l'homme ?

Comment le mental supérieur se manifeste-t-il, si toutefois il se manifeste, au cours des années de croissance ?"

Il n'est pas possible, dans le peu de temps dont nous disposons, de traiter ici l'histoire du progrès du développement mental. Une étude de sa croissance raciale révélera beaucoup de choses, car chaque enfant est un épitomé de l'ensemble. Une étude, par exemple, de la croissance de l'idée de Dieu dans la conscience humaine se révélerait être une illustration profitable du phénomène du développement de la pensée. Une succession des phases de la croissance pourrait être énumérée brièvement et très imparfaitement comme suit, en se basant sur le processus du développement chez l'être humain :

1. Réceptivité à l'impact, éveil des sens chez le nourrisson. Il commence à entendre et à voir.

2. Réceptivité à la possession et à l'acquisition. L'enfant commence à s'approprier les objets, devient soi-conscient et saisit pour le soi personnel.

3. Réceptivité à l'instinct gouvernant la nature animale et de désir, ainsi qu'aux tendances humaines.

4. Réceptivité au groupe. L'enfant prend conscience de son entourage et se rend compte qu'il est partie intégrante d'un tout.

5. Réceptivité à la connaissance. Ceci commence par la communication de faits d'information qui conduit à l'enregistrement de ces faits par la mémoire. C'est ainsi que se développent l'intérêt, la corrélation, la synthèse et l'application aux exigences de la vie.

6. Réceptivité au besoin inné de recherche. Ceci conduit à l'expérimentation sur le plan physique, à l'introspection sur le planémotionnel et à l'étude intellectuelle, ainsi qu'à un amour de la lecture ou à un goût d'écouter, ce qui met le mental en état d'activité.

7. Réceptivité à la pression sexuelle et économique ou à la loi de survie.

Ceci l'oblige à utiliser les moyens qu'il possède et sa connaissance ; il prend ainsi sa place en tant que facteur dans la vie de groupe, et il contribue au bien du groupe par quelque aspect de travail actif et par la perpétuation de l'espèce.

8. Réceptivité à la conscience intellectuelle pure. Ceci conduit à un emploi libre et conscient du mental, à la pensée individuelle, à la création de formes-pensées et, en fin de compte, à une ferme orientation du mental vers un domaine de réalisation et de conscience toujours plus vaste. Ces expansions de conscience apportent finalement un nouveau facteur dans le champ de l'expérience.

9. Réceptivité au Penseur ou âme. Lorsqu'il enregistre cette réponse, l'homme pénètre dans son règne. Ce qui est en haut et ce qui est en bas ne font plus qu'un. Le monde objectif et le monde subjectif sont unifiés. L'âme et son mécanisme fonctionnent comme une unité.

C'est vers cette consommation que toute éducation devrait tendre.

Pratiquement, si l'on excepte les âmes rares et hautement évoluées, le mental supérieur ne se manifeste pas chez les enfants, pas plus qu'il ne se manifestait dans l'enfance de l'humanité. Il ne peut vraiment se faire sentir que lorsque l'âme, le mental et le cerveau sont alignés et coordonnés. Les éclairs de pénétration et de vision que l'on observe chez les enfants sont fréquemment la réaction de leur appareil réceptif très sensible aux idées de groupe, et aux pensées dominantes de leur temps, de leur ère, ou encore à celles de quelqu'un de leur entourage.

Permettez-moi, maintenant, de traiter brièvement des points soulevés quant à l'attitude de l'instructeur, en particulier, vis-à-vis des aspirants adultes.

Le véritable instructeur doit traiter tous ceux qui cherchent avec vérité et sincérité. Son temps (dans la mesure où il est soumis à l'équation temps sur le plan physique), est trop précieux pour qu'il le gaspille en politesse sociale, ou en efforts pour s'abstenir de commentaires critiques, quand ceux-ci rendraient service. Il doit se reposer entièrement sur la sincérité de ceux qu'il instruit.

Néanmoins, la critique et la mise en évidence de défauts ou d'erreurs ne se révèlent pas toujours avantageuses ; elles peuvent accroître la responsabilité, susciter l'antagonisme ou l'incrédulité, ou encore causer la dépression, trois conséquences des plus indésirables de l'emploi de la faculté critique.

En stimulant son intérêt, en réalisant une synthèse subjective et en attisant la flamme de son inspiration spirituelle, le groupe peut arriver à un juste discernement quant à ses nécessités et qualités conjointes, et rendre ainsi inutile l'attitude ordinaire de l'instructeur, consistant à relever les fautes.

Ceux qui sont sur le rayon de l'enseignement apprendront à enseigner en enseignant. Il n'y a pas de méthode plus sûre pourvu qu'elle s'accompagne d'un amour profond, personnel et en même temps impersonnel, vis-à-vis de ceux que l'on instruit. Par-dessus tout, je vous demande expressément d'inculquer l'esprit de groupe, car c'est la première expression de l'amour vrai. Je souhaite aborder deux points seulement.

Tout d'abord, lorsqu'on enseigne à des enfants en dessous de quatorze ans, il est nécessaire de se souvenir qu'ils sont focalisés émotionnellement. Ils ont besoin de sentir, et de sentir avec justesse la beauté, la force et la  sagesse. Il ne faut pas s'attendre à ce qu'ils raisonnent avant cet âge-là, même s'ils s'en montrent capables. Après quatorze ans et pendant l'adolescence, leur réaction mentale à la vérité devrait être mise à jour, et c'est sur elle qu'il faudra compter pour résoudre les problèmes présentés. Même si cette réaction n'existe pas, il faut faire un effort pour la susciter.

Deuxièmement, il faut tenter de situer approximativement l'enfant sur l'échelle de l'évolution, en étudiant son milieu, ses moyens physiques, la nature de son appareil réceptif avec ses nombreuses réactions et ses intérêts majeurs. Cette enquête établit un rapport subjectif avec l'enfant, qui est beaucoup plus puissant dans ses résultats que ne le seraient des mois et des mois de paroles employées vigoureusement à communiquer une idée.

Théorie, Méthodes et Buts

Tout ce que j'ai à dire ici fait toujours partie des remarques préliminaires.

Gardez ceci à l'esprit, je vous en prie. J'ai à coeur, néanmoins, de poser des fondements solides pour nos futures discussions sur la construction de l'antahkarana, afin que nous puissions travailler intelligemment et sans qu'intervienne la critique. Il est essentiel qu'en commençant notre travail nous le basions sur ce qui existe aujourd'hui. La nature fonctionne sans lacunes, et il en est ainsi, même lorsqu'il existe (du point de vue de la science académique) une ouverture apparente entre les faits et les espèces connues. Dans les périodes de transition, certaines formes intermédiaires ont disparu et la lacune semble être présente. Mais, en fait, il n'en est rien. Nous n'avons pas encore découvert tout ce qui est à découvrir dans le monde de l'apparence phénoménale. Nous traversons actuellement l'une des grandes périodes naturelles transitoires. Nous posons les bases en vue de l'apparition d'une nouvelle espèce d'être humain – un être plus hautement évolué au sein de la famille humaine – d'où une grande partie de notre problème, et une grande partie de notre échec à satisfaire les demandes de la race et à être à la hauteur du besoin humain de développement.

Nous avons, dans le monde, une théorie générale de l'éducation et certaines méthodes de base qui sont universellement employées. L'application des méthodes varie beaucoup selon les pays et les systèmes diffèrent considérablement. Tous, néanmoins, enseignent les mêmes données fondamentales ; ils enseignent aux enfants, dans chaque pays, à lire, à écrire et à parvenir à une mesure passable d'aptitude à se servir des chiffres, par l'enseignement de l'arithmétique élémentaire. Ces trois données sont curieusement symboliques de tout le développement évolutionnaire de la race.

La lecture consiste à revêtir les idées d'une forme et s'apparente au premier pas du processus créateur, où la Divinité, gouvernée et poussée par une idée (incarnant le dessein et le plan de Dieu), a converti cette idée en la substance désirée, et l'a revêtue de l'apparence extérieure nécessaire. L'écriture symbolise la méthode par laquelle le processus est poursuivi mais elle est naturellement beaucoup plus personnelle dans ses implications. La lecture consiste essentiellement à comprendre une idée quelconque qui est "revêtue", tandis que l'écriture, assez curieusement, concerne la relation personnelle consciente de l'individu avec les idées ; l'emploi qu'il fait des mots en écrivant donne la mesure de ce qu'il peut saisir des idées universelles. L'arithmétique (avec la faculté d'ajouter, de soustraire et de multiplier) est aussi liée au processus créateur et concerne la production, sur le plan physique, des formes qui représenteront l'idée de manière adéquate, et l'amèneront à se manifester.

On pourrait envisager la vision comme concernant les niveaux supérieurs du plan mental, où l'idée peut être sentie et vue. L'écriture a une relation plus précise avec les niveaux concrets du plan mental et avec l'aptitude de l'homme à faire passer et à exprimer les idées visualisées dans une forme qui lui soit propre. L'arithmétique a une nette relation avec les aspects ultérieurs du processus et avec l'apparition de l'idée sur le plan physique, sous quelque forme corrélative. La vision de la forme-pensée est un processus qui doit  être suivi de l'appropriation, par l'idée, d'autant d'énergie qu'il en faudra pour la rendre effective ou "apparente" (en termes ésotériques). Le symbolisme de l'arithmétique est l'expression de tout cela.

Sous un angle différent, l'homme lit sa destinée dans les cieux et inscrit cette destinée dans sa vie sur terre. Il réduit, qu'il le sache ou non, l'idée de son âme à une forme nécessaire et appropriée, de sorte que chaque vie ajoute, soustrait et multiplie, jusqu'à ce que la totalité de l'expérience de chaque âme soit atteinte. Donc, symboliquement, les trois idées de base sont contenues dans l'éducation élémentaire, bien que leur véritable sens soit séparé de la réalité et que la juste signification soit complètement perdue. Néanmoins, tout ce qui émerge lentement et réellement par le moyen de l'éducation mondiale est construit sur cette charpente ignorée. Aujourd'hui, le monde de l'éducation se trouve placé devant la nécessité fondamentale de relier le processus de développement du mental humain au monde des causes et non au monde des phénomènes objectifs. Tant que le but de l'éducation ne sera pas d'orienter l'homme vers le monde intérieur des réalités, l'accent continuera à être mal placé, comme au temps présent. Tant que nous n'arriverons pas, dans nos objectifs d'éducation, à faire un pont sur l'ouverture existant entre les trois aspects inférieurs de l'homme et l'âme (pont qui doit être construit sur les niveaux mentaux de la conscience), nous progresserons peu dans la bonne direction, et toutes les activités intérimaires seront inadaptées aux besoins modernes. Tant que le fait du mental supérieur ne sera pas reconnu, et tant que le rôle que devrait jouer le mental inférieur concret, comme serviteur du mental supérieur, ne sera pas reconnu lui non plus, nous constaterons un développement excessif de la faculté de matérialisation concrète – avec son aptitude à apprendre par coeur, à relier les faits et à produire ce qui satisfera le désir inférieur de l'homme – mais nous n'aurons pas une humanité qui pourra vraiment penser. Jusqu'ici, le mental reflète l'être inférieur de désir, et n'essaie pas de connaître l'être supérieur.

Quand la méthode correcte d'instruction sera instaurée, le mental sera développé afin de devenir un réflecteur ou agent de l'âme, tellement sensibilisé au monde des vraies valeurs que la nature inférieure – émotionnelle, mentale, physique ou vitale – deviendra simplement un serviteur automatique de l'âme.

L'âme fonctionnera alors sur terre par le moyen du mental, gouvernant ainsi son instrument, le mental inférieur. En même temps, néanmoins, le mental continuera à enregistrer et à refléter toute l'information qui lui arrive du monde des sens, du corps émotionnel, et il enregistrera aussi les pensées et les idées courantes de son entourage. Actuellement, c'est hélas vrai, le mental entraîné est considéré comme la plus haute expression dont l'humanité soit capable.

L'homme est envisagé entièrement comme une personnalité, et l'on néglige complètement la possibilité qu'il existe quelque chose pouvant employer le mental, comme le mental, à son tour, emploie le cerveau physique.

L'une des choses que nous nous efforcerons de faire, lorsque nous étudierons ensemble, sera de saisir la relation du monde des causes au monde de l'expression ; nous essaierons d'étudier la technique par laquelle la conscience intégrée de l'être humain intelligent peut pénétrer et comprendre le monde de qualité qui s'exprime par le monde des causes.

Certains mots vont revenir constamment lorsque nous travaillerons et étudierons ensemble ; des mots tels que signification, qualité, valeur, qui tous se révèlent dans leur signification spirituelle vitale, lorsque l'homme apprend à saisir le fait des réalités supérieures et opère la jonction entre sa conscience inférieure et sa conscience supérieure malgré ce qui les sépare. Nous éclaircirons aussi la signification de l'activité créatrice et la juste compréhension de ce que nous appelons génie, de sorte que le travail créateur ne sera plus considéré comme unique et se manifestant sporadiquement, comme c'est le cas actuellement, mais il deviendra l'objet de l'attention entraînée et prendra sa place normale dans le développement de l'homme. On pourrait ajouter ici que l'activité créatrice, dans le domaine de l'art, devient possible quand cette énergie de jonction peut fonctionner chez l'homme, et l'âme commencer à agir, se manifestant par son aspect inférieur, le troisième. Un travail créateur peut être exécuté quand deux des "pétales de connaissance" du lotus égoïque sont déployés. L'homme peut produire, par la connaissance et l'activité créatrice, quelque chose sur le plan physique, qui exprimera le pouvoir de création de l'âme. Quand deux des "pétales d'amour" sont aussi déployés, alors un génie apparaît. Ceci est un renseignement technique destiné aux étudiants de la science de la Sagesse Immémoriale, mais il est sans valeur pour ceux qui ne reconnaissent pas le symbolisme, ni le fait de l'égo supérieur ou âme.

Il pourrait être utile ici d'éclaircir l'emploi que je fais du terme "égo supérieur". Comme vous le savez si vous avez lu le Traité sur les Sept Rayons,Vol. I et II (Psychologie ésotérique), l'âme est un aspect de l'énergie divine dans le temps et l'espace. Il nous est dit que le Logos Solaire délimita, pour Son usage et pour répondre à Son désir, une certaine quantité de la substance de l'espace, et l'informa de Sa vie et de Sa conscience. Cela, Il le fit en vue de Ses desseins généreux, et en conformité avec l'intention et le plan qu'il avait tirés de lui-même. Ainsi, Il s'imposa à lui-même certaines limites. La monade humaine adopta la même méthode et – dans le temps et l'espace – se limita de manière similaire. Sur le plan physique et dans le corps physique, cette entité phénoménale et éphémère gouverne son apparence phénoménale, au moyen des aspects de vie et de conscience. Le principe de vie – le flot d'énergie divine qui parcourt toutes les formes – a temporairement son siège dans le coeur, tandis que le principe de conscience, l'âme de toute chose, est située dans le cerveau, temporairement, et en ce qui concerne la forme de l'unité humaine particulière envisagée. Vous savez aussi que le principe de vie gouverne ce mécanisme par le moyen du courant sanguin, car "le sang c'est la vie", et utilise le coeur comme organe central, tandis que l'instrument du principe de conscience est le système nerveux, avec les extensions complexes de l'organe de la sensibilité, la moelle épinière.

L'objectif de l'éducation devrait donc être de répondre à la vie de l'âme. Le Soi supérieur ou Ame est la totalité de la conscience de la Monade, je le répète, dans le temps et l'espace. Le soi inférieur ou âme est, pour ce qui nous occupe, la partie maximum de cette totalité qu'une personne donnée, dans une vie donnée, puisse utiliser et exprimer. Cette activité dépend du type et de la qualité de la nature corporelle, mécanisme produit par l'activité de l'âme dans d'autres vies, et de l'effet de la réaction aux conditions environnantes. L'objectif de toute éducation est l'accroissement de la conscience de l'âme, l'approfondissement du flot de la conscience, le développement d'une continuité de conscience intérieure, et l'évocation des attributs et aspects de l'âme, sur le plan physique, par le moyen de son triple mécanisme.

Ces aspects sont, comme vous le savez :

1. La volonté du dessein.

Ceci devrait être développé par l'éducation jusqu'au point où la vie manifestée est gouvernée par un dessein spirituel conscient, et où la tendance de la vie est correctement orientée vers la réalité.

La juste direction de la volonté devrait être un des soucis majeurs de tous les vrais éducateurs. La volonté-de-bien, la volonté-de-beauté et la volonté-de-servir doivent être cultivées.

2. L'Amour-Sagesse.

Ceci est essentiellement le développement de la conscience du tout. Nous l'appelons conscience de groupe. Son premier développement est la conscience de soi-même qui est la compréhension par l'âme (dans les trois mondes de l'évolution humaine) que l'homme est Trois en Un, et Un en Trois. Il peut donc réagir aux groupes de vies associés qui constituent sa propre et minuscule apparence phénoménale ; la soi-conscience est donc un stade sur la voie de la conscience de groupe, et c'est la  conscience de l'Immédiat.

Par l'éducation, cette soi-conscience doit être développée jusqu'à ce que l'homme s'aperçoive que sa conscience fait partie intégrante d'un plus grand tout. Il s'unit alors avec les objectifs, les activités, les intérêts du groupe. En fin de compte. ils deviennent les siens, et l'homme acquiert la conscience de groupe. Cela est l'amour. Cela conduit à la sagesse, qui est l'amour en activité manifestée. L'intérêt de soi devient l'intérêt du groupe. Tel devrait être l'objectif majeur de tout véritable effort d'éducation. L'amour de soi (conscience de soi), l'amour de ceux qui nous entourent (conscience de groupe), deviennent finalement l'amour du tout (conscience de Dieu). Telles en sont les étapes.

3. L'Intelligence active.

Ceci concerne le développement de la nature  créatrice de l'homme spirituel, conscient. Il s'effectue par l'emploi correct du mental, avec sa faculté de recevoir des idées par intuition, de répondre à l'impact, d'interpréter, d'analyser et de construire des formes pour la révélation. Ainsi, l'âme de l'homme crée. Ce processus créateur peut être décrit de la façon suivante, quant à ses stades :

a. L'âme crée son corps physique, son apparence phénoménale, sa forme extérieure.

b. L'âme crée, dans le temps et l'espace, selon ses désirs. De cette manière, apparaît le monde secondaire des choses phénoménales et notre civilisation moderne est le résultat de cette activité créatrice de la nature de désir de l'âme, limitée par la forme.

Réfléchissez à ceci.

c. L'âme crée par le moyen direct du mental inférieur, d'où l'apparition du monde des symboles qui remplissent notre vie d'intérêts, de concepts, d'idées et de beauté par le truchement du mot écrit, de la parole et des arts créateurs. Ce sont les  résultats de la réflexion des penseurs.

La juste direction de cette tendance déjà développée est le but de toute éducation véritable. La nature des idées, la manière d'en recevoir l'intuition, les lois qui devraient gouverner tout travail créateur sont ses buts et ses objectifs. Nous en arrivons ainsi au monde des attributs qui complètent l'activité des trois aspects, comme les trois rayons majeurs sont aidés et rehaussés par le travail des quatre rayons mineurs. Ces quatre développements d'attributs, dus à l'activité de l'âme en manifestation sont chez l'homme :

4. L'attribut de l'harmonie, réalisée par le conflit.

Ceci conduit à la libération et, en fin de compte, au pouvoir de créer. C'est l'un des attributs dont devrait traiter l'éducation, sous l'angle de l'intuition ; elle devrait le proposer à ses représentants comme objectif de la personnalité et du groupe. C'est l'attribut latent dans toutes les formes.

C'est l'impulsion ou l'insatisfaction innée qui conduit l'homme à lutter, à progresser, à évoluer, en vue de réaliser finalement l'unification et l'union avec son âme. C'est l'aspect inférieur de cette triade supérieure, spirituelle et monadique, qui se reflète dans l'âme. C'est la conscience de l'harmonie et de la beauté, qui pousse l'homme sur le sentier de l'évolution, vers un retour à sa Source d'émanation.

L'éducation doit donc utiliser cette insatisfaction et l'expliquer à ceux qui reçoivent l'enseignement, pour qu'ils puissent se comprendre euxmêmes et travailler intelligemment.

5. L'attribut de la connaissance concrète

Grâce auquel l'homme peut concrétiser ses concepts et, ainsi, construire des formes-pensées par l'intermédiaire desquelles il matérialisera ses visions et ses rêves, et donnera vie à ses idées. Cela par l'activité du mental intérieur concret. Le véritable travail de l'éducation est d'entraîner l'homme intérieur à un juste discernement et à une vraie sensibilité quant à la vision afin qu'il puisse construire en conformité avec le dessein de son âme et produire sur terre ce qui sera sa contribution au tout. C'est exactement là que le travail de l'éducation moderne doit commencer. L'homme ne peut pas encore travailler avec intelligence dans le monde des idées et des modèles ; il n'est pas encore sensible aux vraies valeurs spirituelles. Cela, c'est le but du disciple, bien que les masses ne puissent pas encore fonctionner sur ces niveaux. La première chose à faire est d'entraîner l'enfant à utiliser correctement la faculté de discernement, le pouvoir de choix et de dessein dirigé. On doit l'amener à une compréhension plus vraie du dessein sous-jacent au fait "d'être" et le conduire à agir avec sagesse dans le champ de l'activité créatrice, ce qui signifie, en dernière analyse, utiliser de façon correcte la "substance mentale", la chitta de Patanjali. C'est  ainsi, et seulement ainsi, qu'il peut être libéré de la domination de sa nature intérieure.

6. L'attribut de la dévotion est le suivant à examiner.

La dévotion est le fruit de l'insatisfaction, à laquelle s'ajoute l'usage de la faculté de choix. Selon la profondeur de son mécontentement et selon son aptitude à voir clair, l'homme passe d'un état de satisfaction temporaire à un autre, manifestant à chaque fois sa dévotion à un désir, à une personnalité, à un idéal, à une vision, jusqu'à ce que finalement il s'unifie avec l'idéal le plus élevé possible pour l'homme.

C'est tout d'abord l'âme, puis la Sur-âme ou Dieu.

Il s'offre donc aux éducateurs l'occasion d'agir intelligemment vis-àvis de cet idéal inné, existant chez tout enfant. Ils ont pour tâche intéressante de conduire les jeunes d'un but déjà atteint à un autre.

Mais cela, dans l'avenir, ils devront le faire en conformité avec l'objectif ultime de l'âme et non, comme dans le passé, selon une norme particulière d'éducation nationale. Ceci est un point important, car il marquera le transfert de l'attention du non-essentiel à l'essentiel.

7. Finalement,

 l'attribut de l'ordre et l'imposition d'un rythme établi par le développement de la faculté innée de fonctionner selon un dessein et un rituel dirigés. Cet attribut particulier de la divinité est maintenant hautement développé sous un de ses aspects, de sorte que nous avons aujourd'hui une grande standardisation de l'humanité, et l'imposition autocratique au public d'un rythme ritualiste dans un grand nombre de pays. Comme on peut l'observer, cela atteint la perfection dans les écoles publiques, mais c'est une perfection indésirable. C'est dû partiellement à la reconnaissance que l'unité, ou l'individu, n'est qu'une partie d'un plus grand tout (reconnaissance très nécessaire) et une partie du développement évolutionnaire de la race. Vu, néanmoins, notre application erronée de toute vérité nouvelle, cela correspond encore à submerger l'individu dans le groupe, lui laissant peu de possibilités d'exercer librement sa volonté, son intelligence, le dessein et la technique de l'âme. Les éducateurs auront à s'occuper de ce principe d'attribut inné et de l'instinct du rythme ordonné, rendant ce dernier plus créativement constructif, et fournir par lui un champ de développement aux pouvoirs de l'âme.

J'ai poussé la digression jusque-là pour instiller certaines idées de base qui devraient être sous-jacentes aux tendances de l'éducation. Ces pensées, rapprochées de celles que j'ai déjà données, constituent une déclaration des objectifs proposés aux éducateurs objectifs que vous auriez avantage à examiner. Précédemment, j'ai suggéré le but. Maintenant, je relie ce but aux possibilités, car je viens de parler des moyens (aspects et attributs) que l'on rencontre, à un quelconque stade de développement, chez tout être humain. C'est en partant de ces traits et instincts cachés que les éducateurs de l'avenir doivent travailler. Ils ne doivent pas agir, comme aujourd'hui sur l'appareil cérébral et sur les aspects inférieurs du mental ; ils ne doivent pas non plus insister sur l'effort fait pour imprimer au cerveau et au mental les prétendus faits du processus évolutionnaire et de la recherche du plan physique.

Les remarques ci-dessus vous indiqueront que le véritable éducateur devrait travailler avec les énergies, dans un monde d'énergie ; que ces énergies sont colorées et qualifiées par des attributs divins distincts ; que chaque être humain peut donc être considéré comme un agrégat d'énergies, dominé par un type particulier d'énergie qui sert à le caractériser parmi ses frères, et produit les différences entre les êtres humains. S'il est vrai qu'il y a sept types majeurs d'énergie qualifiant toutes les formes, et qu'elles sont à leur tour divisées en quarante-neuf types d'énergie caractérisée, la complexité du problème apparaît clairement. S'il est vrai que toutes ces énergies caractéristiques jouent constamment sur l'énergie-substance (esprit-matière), produisant "les myriades de formes qui constituent la forme de Dieu" (Bhagavad Gita, XI), et s'il est vrai que chaque enfant est la représentation microcosmique (à quelque stade de son développement) du macrocosme, l'ampleur du problème devient évidente ; l'étendue du service qui nous est demandé fera appel aux pouvoirs les plus élevés qu'un être humain puisse exprimer, à un moment donné dans le temps et l'espace.

Vous noterez que ces mots "temps et espace" sont revenus constamment au cours de cette instruction. Pourquoi donc ? Car il faut se souvenir constamment que nous vivons dans le monde de l'illusion, une illusion temporaire et éphémère qui, un jour, disparaîtra, emportant avec elle l'illusion de l'apparence, l'illusion du développement évolutionnaire, l'illusion de la séparation et l'illusion de l'identité distincte, cette illusion qui nous fait dire "Je suis".

L'éducateur de l'avenir commencera son service pour l'enfant par une reconnaissance de cette conception erronée de l'âme, conception éphémère et transitoire, et non par imposer, autant de connaissances organisées, relatives à l'existence phénoménale, que la mémoire de l'enfant pourra en absorber.

Comment puis-je illustrer ce changement d'attitude sous la forme la plus simple ? Peut-être en signalant que, tandis qu'aujourd'hui les parents et ceux qui s'occupent de l'enfant passent beaucoup de leur temps à répondre aux questions posées par l'enfant dont la conscience s'éveille, ou à les éviter, dans l'avenir, la situation sera renversée. Les parents répondront sans cesse aux questions posées par l'intelligence naissante de l'enfant, en demandant toujours à l'enfant : Pourquoi ? Pourquoi demander cela ? Pourquoi est-ce ainsi ? Ils rejetteront constamment sur l'enfant la responsabilité de répondre aux questions, tout en laissant, néanmoins, tomber subtilement la solution dans le mental de l'enfant.

Ce processus commencera dans la cinquième année de la vie de l'enfant ; l'éducateur obligera constamment l'intelligence qui cherche (l'enfant lui-même) à prendre une position de recherche intérieure, et non de demande extérieure d'une réponse pouvant être enregistrée par la mémoire et reposant sur l'autorité de l'adulte. Si cela vous semble encore impossible, rappelez-vous que les enfants qui seront venus en incarnation après la période de stimulation accrue, entre 1935 et 1942, répondront normalement et naturellement à cette évocation de l'élément du mental.

L'une des fonctions majeures de ceux qui entraînent le mental des enfants sera de déterminer, le plus tôt possible dans la vie, laquelle des sept énergies déterminantes domine dans chaque cas. La technique, qui sera appliquée plus tard, sera alors construite sur cette importante décision initiale, d'où, répétons le la responsabilité croissante de l'éducateur. La note et la qualité de l'enfant seront déterminées de bonne heure et tous les plans en vue de son instruction découleront de cette connaissance de base. Ceci n'est pas encore possible, mais le sera bientôt, quand on pourra découvrir scientifiquement la qualité et la nature de tout corps éthérique individuel. Cet événement n'est pas aussi lointain qu'il pourrait s'y attendre ou le supposer.

Je n'ai pas l'intention de traiter des détails de ce processus, ou de m'étendre sur les méthodes selon lesquelles les enfants pourront être instruits. Notre objectif est de traiter de la nécessité plus universelle et plus immédiate de jeter un pont sur l'ouverture séparant les différents aspects du soi inférieur, afin de faire apparaître une personnalité intégrée. Notre objectif est ensuite de jeter un pont sur l'ouverture séparant l'âme de la triade spirituelle, afin de parvenir à un libre jeu de la conscience et à une identification complète avec la Vie Une, ce  qui conduit à la disparition du sentiment de séparation et à la fusion de la partie dans le Tout, sans perte d'identité, mais sans reconnaissance d'une identification personnelle.

Voici un point intéressant qui devrait être noté soigneusement. Il détient la clé du développement futur de la race. La nouvelle science de la psychologie, qui a progressé si remarquablement pendant les trente dernières années, nous y prépare. Les étudiants devraient s'entraîner à distinguer entre le sutratma et l'antahkarana, entre le fil de vie et le fil de conscience. L'un des fils est la base de l'immortalité et l'autre, la base de la continuité. Il y a là une subtile distinction pour le chercheur. L'un des fils (le sutratma) relie et vivifie toutes les formes en un tout qui fonctionne, et incarne la volonté et le dessein de l'entité qui s'exprime, qu'il s'agisse d'un homme, de Dieu, ou d'un cristal.

L'autre fil (l'antahkarana) incarne la réponse de la conscience, qui est au sein de la forme, à un champ toujours plus vaste de contacts à l'intérieur du tout environnant.

Le sutratma est le courant direct de vie, ininterrompu et immuable, que l'on peut envisager, symboliquement, comme le flot direct d'énergie vivante s'écoulant du centre vers la périphérie, de la source vers l'expressionextérieure, ou apparence phénoménale. C'est la vie. Il produit le processus individuel et le développement évolutif de toutes les formes. C'est donc le sentier de la vie qui va de la monade à la personnalité, via l'âme. C'est le fil égoïque qui est un et indivisible. Il transmet l'énergie de la vie et s'ancre finalement dans le centre du coeur humain, et dans quelque point focal central au sein de toutes les formes d'expression divine. Rien n'existe et rien ne demeure que la vie.

Le fil de conscience (antahkarana) est le résultat de l'union de la vie et de la substance, ou des énergies de base qui constituent la première différenciation dans le temps et l'espace ; cela produit quelque chose de différent. qui n'apparaît que comme la troisième manifestation divine après que l'union des dualités de base ait été faite. C'est le fil qui est tissé comme résultat de l'apparition de la vie dans la forme sur le plan physique. De plus, en termes symboliques, on pourrait dire que le sutratma agit du haut vers le bas. et qu'il est la précipitation de la vie dans la manifestation extérieure. L'antahkarana est tissé, développé et créé, comme résultat de cette création primordiale ; il agit de bas en haut, de l'extérieur vers l'intérieur, du monde des phénomènes exotériques vers le monde des réalités subjectives et des causes.

Ce "Sentier de Retour" le long duquel l'humanité se retire de l'extériorité et commence à enregistrer les connaissances intérieures conscientes de ce qui n'est pas phénoménal, a déjà atteint – par le processus évolutionnaire – un point de développement, permettant à certains êtres humains de suivre ce sentier, de la conscience physique à l'émotionnelle, de la conscience émotionnelle à la mentale. Cette partie du travail est déjà accomplie dans des milliers de cas, et ce qui est maintenant nécessaire est l'utilisation aisée et correcte de ce pouvoir.

Ce fil d'énergie, coloré par une réaction sensible consciente, l'est plus tard par le discernement conscient du mental, ce qui produit l'intégration intérieure qui fait finalement de l'homme un être pensant efficace. Au début, ce fil est utilisé purement en vue d'intérêts égoïstes à mesure que le temps passe, il progresse régulièrement en force et en puissance, jusqu'à devenir un fil robuste, clair et net, qui va directement de la vie physique extérieure, d'un point à l'intérieur du cerveau, jusqu'au mécanisme intérieur. Ce fil néanmoins n'est pas identifié avec le mécanisme, mais avec la conscience de l'homme. Grâce à ce fil, l'homme prend conscience de sa vie émotionnelle sous ses nombreuses formes (notez l'expression) et prend conscience du monde de la pensée ; il apprend à penser et commence à fonctionner consciemment sur le plan mental, où les penseurs de la race – dont le nombre croît régulièrement – ont la vie, le mouvement et l'être. De plus en plus, il apprend à fouler ce sentier de conscience et, de ce fait, cesse de s'identifier à la forme extérieure animale ; il apprend à s'identifier avec les qualités et attributs intérieurs. Il vit d'abord la vie des rêves, puis la vie de la pensée. Puis vient le moment où cet aspect intérieur de l'antahkarana est achevé, et où la première grande unité consciente est consommée. L'homme est une personnalité vivante, consciente, intégrée. Le fil de continuité entre les trois aspects intérieurs de l'homme est établi et peut être utilisé. Il s'étend, si on peut employer un tel terme (mon intention est uniquement picturale), du centre de la tête au mental qui, à son tour, est un centre d'énergie dans le monde de la pensée. En même temps, cet antahkarana s'entrelace avec le fil de vie, ou sutratma, qui vient du centre du coeur.

L'objectif de l'évolution dans la forme est alors relativement atteint.

Lorsqu'on en arrive à ce stade, la sensibilité continue à s'exercer vers l'univers environnant. L'homme tisse un fil semblable au fil que l'araignée tisse de façon si étonnante. Il va toujours plus loin dans son entourage possible, et découvre un aspect de lui-même auquel il n'avait guère songé dans les premiers stades de son développement. Il découvre l'âme et subit l'illusion de la dualité. C'est un stade nécessaire, mais non permanent. C'est celui qui caractérise l'aspirant de ce cycle mondial, peut-être devrais-je dire de ce manvantara ou de cette période mondiale. Il cherche à fusionner avec l'âme, à s'identifier, lui, personnalité consciente, avec l'âme adombrante. C'est à ce point, pour parler en termes techniques, que la vraie construction de l'antahkarana doit être entreprise. C'est le pont entre la personnalité et l'âme.

C'est cette reconnaissance qui constitue le problème de l'éducateur moderne. C'est un problème qui a toujours existé, mais jusqu'ici, il concernait davantage l'individu que le groupe. Maintenant il concerne le groupe, tant d'hommes étant prêts pour cette construction. Au cours des âges, les individus ont construit leur pont individuel entre l'être intérieur et l'être supérieur, mais le processus évolutionnaire a tellement bien réussi que le temps est venu aujourd'hui d'une compréhension de groupe de cette technique naissante, d'un pont de groupe conduisant à une subséquente révélation de groupe.

Cela offre une possibilité moderne dans le domaine de l'éducation. Cela indique la responsabilité de l'éducateur, et met en lumière la nécessité d'un développement nouveau des méthodes d'éducation. Il faut faire le nécessaire pour "l'aspirant" constitué par le groupe, et il faut construire l'antahkarana de groupe. Cela, néanmoins, lorsqu'on l'aura compris correctement, n'annulera pas l'effort individuel. Il faudra toujours y faire face ; mais la compréhension de groupe aidera de plus en plus l'individu.

Coordination et Intégration

Jusqu'ici, nous nous sommes occupés de généralisations concernant les méthodes d'éducation de l'avenir, de l'appareil du mental qui est soumis à un plan d'instruction bien précis, et qui est influencé subjectivement et de manière supra-consciente au cours de ce processus. Je suppose que vous saisissez déjà la nécessité de la construction de l'antahkarana et de ce travail de jonction. Il est sage aussi d'accepter le fait que nous sommes en mesure d'instaurer le véritable processus de construction du chaînon, ou pont, devant relier les différents aspects de l'homme, de sorte qu'au lieu de la différenciation nous aurons l'unité, et qu'au lieu d'une attention mouvante et fluide, dirigée ici ou là, dans le champ de la vie matérielle et des relations émotionnelles, nous apprendrons à maîtriser le mental, à supprimer les divisions, et nous pourrons ainsi diriger à volonté l'attention inférieure de la manière désirée. Ainsi, tous les aspects de l'homme, spirituels et physiques, pourront être focalisés où ce sera nécessaire.

Ce travail de jonction est déjà réalisé en partie. L'humanité, dans son ensemble, a déjà relié la nature astrale émotionnelle à l'homme physique.

Comme je l'ai dit ailleurs :

Nous pourrions généraliser de la manière suivante les stades de croissance et l'aptitude subséquente à devenir un agent au pouvoir toujours grandissant, faisant appel aux ressources d'énergie dynamique des trois mondes :

Les types inférieurs d'humanité emploient le sutratma, passant dans le corps éthérique.L'homme ordinaire utilise presque entièrement la partie du sutratma qui passe sur le plan astral. Ses réactions sont surtout basées sur le désir et sont émotionnelles.L'homme intellectuel utilise le sutratma qui traverse les niveaux inférieurs du plan mental, puis l'astral et le physique dans ses deux sections. Ses activités sont stimulées par le mental et non par le désir comme dans les cas précédents.

L'aspirant du plan physique utilise le sutratma qui traverse les deux sous-plans inférieurs des niveaux abstraits du plan mental, et commence à construire progressivement l'antahkarana, ou pont, entre la Triade et la personnalité. Le pouvoir de l'Ego peut commencer à se faire sentir.

Le candidat à l'initiation et l'initié jusqu'à la troisième initiation utilisent à la fois le sutratma et l'antahkarana, les employant comme une unité. Le pouvoir de la Triade commence à se déverser, stimulant ainsi toutes les activités humaines sur le plan physique, et vitalisant de manière toujours croissante les formes-pensées de l'homme. La clé de la formation du Mayavirupa se trouve dans la juste compréhension de ce processus.

Traité sur le Feu Cosmique, pages anglaises 959-960.

Il faut noter ici que ce pont doit être construit dans l'aspect conscience et concerne la continuité, chez l'homme, de la conscience de vie dans tous ses aspects divers. L'énergie utilisée pour relier, dans la conscience, l'homme physique et le corps astral est focalisée dans le plexus solaire. En termes symboliques, beaucoup de personnes aujourd'hui font avancer ce pont, et relient le mental aux deux aspects déjà reliés. Ce fil d'énergie émane de la tête, y est ancré. Quelques personnes relient assidûment l'âme et le mental qui, à son tour, est relié aux deux autres aspects. L'énergie de l'âme, lorsqu'elle est reliée aux autres fils, est ancrée dans le coeur. Un très petit nombre de personnes (les initiés), ayant effectué les synthèses inférieures, sont maintenant occupées à obtenir une union encore plus élevée avec cette triple Réalité qui utilise l'âme comme moyen d'expression, exactement comme l'âme, à son tour, s'efforce d'utiliser son ombre, l'homme inférieur triple.

Ces distinctions et unifications sont des questions de forme, de symboles dans la parole, et sont utilisées pour exprimer des événements du monde des énergies et des forces dans lesquels l'homme est nettement impliqué. C'est de ces unifications que nous parlons quand la question de l'initiation est envisagée.

Le fil de vie, le cordon d'argent, ou sutratma, est de nature double en ce qui concerne l'homme. Le fil de vie lui-même, qui est l'un des deux fils constituant l'antahkarana, est ancré dans le coeur, tandis que l'autre fil, qui incarne le principe de la conscience, est ancré dans la tête. Vous le savez déjà, mais j'éprouve le besoin de le répéter constamment. Dans le travail du cycle évolutionnaire, néanmoins, l'homme doit répéter ce que Dieu a déjà fait. Il doit créer lui-même, à la fois dans le monde de la conscience et dans le monde de la vie. Comme l'araignée, l'homme tisse les fils de liaison et opère ainsi la jonction et le contact avec son entourage, ce par quoi il obtient expérience et subsistance. Le symbole de l'araignée est souvent utilisé dans les livres d'occultisme anciens et dans les écritures de l'Inde, lorsqu'il s'agit de l'activité de l'être humain.

Les fils que l'homme crée sont triples, et, avec les deux fils de base qui ont été créés par l'âme, ils constituent les cinq types d'énergie qui font de l'homme un être conscient. Les fils triples créés par l'homme sont ancrés dans le plexus solaire, la tête et le coeur. Quand le corps astral et le mental commencent à fonctionner comme une unité, et que l'âme est aussi reliée consciemment (n'oubliez pas qu'elle est toujours reliée inconsciemment), une extension de ce fil quintuple – les deux fils de base et les trois fils humains – est dirigée sur le centre de la gorge ; lorsque cela se produit, l'homme peut devenir un créateur conscient sur le plan physique. A partir de ces lignes majeures d'énergie, des lignes mineures peuvent rayonner à volonté. C'est sur cette connaissance que tout le développement psychique intelligent de l'avenir doit être fondé.

Dans le paragraphe ci-dessus, et dans ses implications, vous avez une déclaration, brève et inadéquate, concernant la Science de l'Antahkarana.

Je me suis efforcé de l'exprimer en termes symboliques si vous voulez, qui transmettront à votre mental une idée générale du processus. Nous pouvons apprendre beaucoup en utilisant l'imagination visuelle. Beaucoup d'aspirants ont déjà établi les chaînons suivants de l'antahkarana :

1. Entre le corps physique et le corps éthérique ou vital. Ceci, en vérité, est une extension du fil de vie, entre le coeur et la rate.

2. Entre le corps physique et le corps vital, considérés comme une unité, et le véhicule astral ou émotionnel. Ce fil émane du plexus solaire, y est ancré, et il est porté vers le haut par l'aspiration jusqu'à ce qu'il s'ancre dans les pétales d'amour du lotus égoïque.

3. Entre les véhicules physique et astral, et le corps mental. L'une des extrémités est ancrée dans la tête, et l'autre dans les pétales de connaissance du lotus égoïque, étant poussée vers l'avant par un acte de la volonté.

Beaucoup de personnes aussi sont en train de relier les trois aspects inférieurs, que nous appelons la personnalité, avec l'âme elle-même, par la méditation, la discipline, le service et l'attention dirigée. Une véritable relation est alors établie entre les pétales de sacrifice ou de volonté du lotus égoïque, et les centres de la tête et du coeur, ce qui produit une synthèse entre la conscience, l'âme et le principe de vie. Ce processus d'établissement d'une relation réciproque et de renforcement du pont ainsi construit se poursuit jusqu'à la troisième initiation. Les lignes de force sont alors tellement reliées entre elles que l'âme et son mécanisme d'expression forment une unité. Une unification et un fusionnement supérieurs peuvent alors se poursuivre.

Il est nécessaire que je m'arrête ici, et que je signale que tout ce qui précède est simplement l'image verbale du processus d'interrelation des énergies, et a une véritable valeur si cela peut vous faire connaître et vous rendre réel le fait des processus indiqués. Certains aspirants et étudiants ont la conscience mystique hautement développée ; ils sont donc aptes à s'irriter, et à considérer comme inutile la présentation plus technique et intellectuelle d'une vérité qu'ils sentent et qu'ils connaissent, mais qui demeure une vérité non définie. Mon but est de vous aider à une plus grande précision dans la compréhension et l'expression. Ceci ne devrait, en aucune manière, aller à l'encontre de la merveilleuse beauté de ce que vous sentez, mais devrait augmenter votre pouvoir de connaître, et aussi de mettre à la disposition des autres la connaissance que vous avez acquise.

Dans le passé, le mystique exprimait sa réalisation par l'amour et la bonté pratique, la traduisant sur le plan physique par des actes charitables et le sacrifice de soi et, sur les niveaux émotionnels, par son aspiration, sa vision et sa capacité d'exprimer au monde l'amour de Dieu. Le mystique, aujourd'hui, poursuit le même processus, mais sous la poussée évolutionniste devient capable de plus que cela. Il devrait pouvoir formuler sa connaissance intelligemment et exprimer sa prise de conscience clairement, afin de pouvoir la partager avec le public qui progresse régulièrement en intelligence, mais qui a grand besoin de la vision. Je vous demande donc de ne pas vous irriter de la formulation technique de la vérité, car si l'éducation a un sens quelconque, et si nous devons examiner la manière dont elle devra être appliquée pour engendrer cette jonction ou synthèse, il est essentiel que nous évitions toute paresse mentale et toute inertie mystique qui sont les caractéristiques de tant de mystiques, ainsi que la ligne de moindre résistance pour beaucoup de prétendus disciples.

Il est donc nécessaire que nous saisissions les faits suivants :

1. La nouvelle éducation s'occupera tout d'abord de la jonction consciente et scientifique des divers aspects de l'être humain, ce qui produira coordination et synthèse, ainsi qu'une expansion de conscience par l'établissement de justes lignes d'énergie.

2. La tâche de l'éducation nouvelle est donc de coordonner la personnalité pour l'amener finalement à l'unification avec l'âme.

3. La nouvelle éducation, traitera, analysera et interprétera les lois de la pensée, car le mental sera considéré comme le chaînon entre l'âme et le cerveau. Ces lois sont le moyen par lequel :

a. Les idées sont perçues par intuition.

b. Les idéaux sont promulgués.

c. Les concepts mentaux, ou formes-pensées, sont construits qui, en temps voulu, exerceront leur impact télépathique sur le mental des hommes.

4. L'éducation nouvelle organisera et développera le mental inférieur concret.

5. Elle enseignera à l'être humain à raisonner de l'universel au particulier de même qu'à analyser ce dernier. En conséquence, les écoles de l'avenir mettront moins l'accent sur l'entraînement de la mémoire.

L'intérêt aidera beaucoup la volonté de se souvenir.

6. L'éducation nouvelle fera de l'homme un bon citoyen, en développant les aspects rationnels de sa conscience et de sa vie, en lui enseignant à se servir des moyens dont il est doué, qu'il a acquis ou hérités, pour faire preuve d'attitudes et de conscience sociales.

7. Par-dessus tout, les éducateurs du nouvel âge s'efforceront d'enseigner à l'homme la science consistant à unifier les trois aspects de lui-même que l'on place sous l'appellation générale d'aspects mentaux :

a. Le mental intérieur concret.

b. Le Fils du Mental, l'Ame, le Soi.

c. Le mental supérieur abstrait ou mental de l'intuition, ou bien,

a. Le mental réceptif, ou bon sens.

b. Le mental individualisé.

c. Le mental illuminé.

8. Les éducateurs du nouvel âge s'occuperont des procédés ou des méthodes à employer pour jeter un pont sur l'ouverture de conscience, séparant les différents aspects. Ainsi, la Science de l'Antahkarana sera nettement portée à l'attention du public.

9. L'extension de ce concept de jonction sera développée afin d'inclure non seulement l'histoire intérieure de l'homme, mais aussi la jonction entre lui et ses frères, à tous les niveaux.

10. L'éducation nouvelle comprendra aussi l'entraînement du mécanisme humain à répondre aux impacts de la vie et à l'âme. Cette âme est essentiellement intelligence, utilisée de manière vitale sur tous les plans. Elle agit comme mental de discernement sur le plan mental, comme conscience sensible sur le plan émotionnel, et comme participant actif à la vie physique. Cette activité intelligente s'exerce toujours sous l'angle de la sagesse.

11. L'éducation nouvelle prendra en considération :

a. Le mental et sa relation avec le corps d'énergie, corps éthérique qui sous-tend le système nerveux, met en activité le corps physique et le galvanise.

b. Le mental et sa relation avec le cerveau.

c. Le mental et sa relation avec les sept centres de force du corps éthérique, leur extériorisation et leur utilisation par le moyen des plexus nerveux majeurs se trouvant dans le corps humain, et leur relation (qui deviendra de plus en plus évidente) avec les glandes endocrines.

d. Le cerveau, en tant que facteur de coordination du corps dense, et dans sa capacité de diriger les activités de l'homme par le moyen du système nerveux.

D'après les déclarations ci-dessus, vous aurez vu combien vaste est notre thème et, cependant, j'ai l'intention de le traiter avec la plus grande brièveté, et de n'écrire qu'un manuel fondamental qui servira de poteau indicateur à l'élaboration de la culture nouvelle qui caractérisera l'Ere du Verseau. D'autres disciples développeront plus tard mon thème, mais la question est encore si mal comprise qu'une grande partie de ce que je pourrais dire serait sans signification même pour les plus intelligents.

L'éducation moderne commence à porter quelque attention à la nature du mental et aux lois de la pensée. Sous ce rapport, nous devons beaucoup à la psychologie et à la philosophie. On s'intéresse aussi de plus en plus à l'endocrinologie comme moyen matériel d'apporter des modifications, généralement chez les enfants déficients et chez les mongoloïdes. Néanmoins, tant que les éducateurs modernes n'auront pas commencé à admettre la possibilité d'unités centrales chez l'homme, sous-jacentes au mécanisme tangible et visible, et tant qu'ils n'admettront pas non plus la possibilité d'une centrale d'énergie derrière le mental, les progrès de l'éducation resteront relativement à un point mort ; l'enfant ne recevra pas l'enseignement initial ni les idées fondamentales qui lui permettraient de devenir un être humain intelligent, se dirigeant lui-même. La psychologie, qui met l'accent sur les trois aspects de l'homme – pensée, affectivité, et organisme corporel – a déjà apporté une contribution importante et fait beaucoup pour provoquer des changements radicaux dans nos systèmes d'éducation. Il reste beaucoup à faire.

L'interprétation de l'homme en termes d'énergie et le fait de saisir que sept types d'énergie le déterminent, lui et ses activités, en provoquant des changements immédiats.

CHAPITRE II

LE DEVELOPPEMENT CULTUREL DE L'HUMANITE

Civilisation et Culture

On met beaucoup l'accent, aujourd'hui, sur l'éducation, qu'il s'agisse de coordination, de relation, de psychologie, de vocation ou de formation. Il faut ajouter à cela la vieille méthode d'entraînement de la mémoire et la tentative d'instiller la religion dans le mental de l'enfant, ou bien de la passer sous silence de manière délibérée et intentionnelle. L'éducation moderne a été principalement compétitive, nationaliste et donc séparative. Elle a formé l'enfant à considérer les valeurs matérielles comme d'importance majeure, à croire que sa propre nation est aussi d'importance majeure, et que toute autre nation est secondaire. Elle a nourri son orgueil et entretenu la croyance que son groupe et sa nation sont infiniment supérieurs aux autres personnes et aux autres peuples. On lui enseigne donc à être une personne partiale, dont l'appréciation des valeurs mondiales est fausse, et dont les attitudes envers la vie sont caractérisées par le parti pris et le préjugé. On lui enseigne les rudiments des arts pour lui permettre d'agir, avec l'efficacité nécessaire, dans un cadre compétitif et dans l'entourage particulier à sa vocation. Lire, écrire, compter et connaître l'arithmétique élémentaire, sont considérés comme le minimum requis ; on y ajoute aussi, dans beaucoup de pays, et pour une certaine classe d'individus, une certaine connaissance des événements passés, historiques, géographiques, littéraires, philosophiques et scientifiques. On porte aussi à son attention une partie de la littérature mondiale.

Le niveau général d'information, dans le monde, est élevé mais habituellement partial, influencé par des préjugés nationaux ou religieux, ce qui fait de l'homme un citoyen de son propre pays, mais non un être humain en relation avec le monde. On ne met pas l'accent sur la citoyenneté mondiale.

L'enseignement donné stimule la conscience de masse latente chez l'enfant, et fait appel à la mémoire, raciale et individuelle, par la communication de faits – faits sans corrélation – dont la plupart sont sans relation avec la vie quotidienne. S'ils étaient employés techniquement, et comme pensées semences dans la méditation, ces faits pourraient servir à recouvrer, à partir de la conscience et de la mémoire raciales, non seulement l'histoire nationale, mais aussi l'histoire du passé. Je le mentionne afin de faire ressortir le danger d'insister ainsi indûment sur le passé, car si c'était fait sur une grande échelle, ce serait désastreux. Cela donnerait une prime aux idéaux et objectifs raciaux et nationaux, et conduirait rapidement à une cristallisation et une sénilité raciales (en termes métaphoriques). On a vu l'exemple d'un effort en ce sens se développer en Allemagne et, à un moindre degré, en Italie ; l'Axe en est résulté.

Heureusement, on peut faire confiance à la vague de vie animant la jeunesse de toutes les nations, pour lancer la pensée de la race dans une meilleure direction et non évoquer de prétendues gloires passées, et mettre en relief des choses qu'il faudrait laisser derrière soi.

Je souhaite ici interpréter quelque peu des mots très employés et souvent aussi mal employés : culture et civilisation. Car c'est la réalisation d'une certaine forme de culture – matérielle ou spirituelle, ou matérielle et spirituelle – qui est l'objectif de toute éducation. Dans le monde, l'éducation est l'agent majeur.

La civilisation est la réaction de l'humanité au dessein de toute période

mondiale particulière ; au cours de chaque ère, quelque idée doit être exprimée par l'idéalisme courant de la race. Aux temps atlantéens, l'idée qui prédominait était fondamentalement un mysticisme ou idéalisme religieux sensoriel, s'exprimant en termes d'approche vers une divinité non vue, mais sentie ; c'était l'expression d'une manière de sentir. Cependant, il y avait des races hautement sensibles, composées de nations et de groupes qui travaillaient au développement de la nature sensible, quelquefois consciemment, mais en général inconsciemment.

Leur attitude réciproque, en tant qu'individus et nations, était principalement sensible et émotionnelle, état de conscience (je ne peux pas dire état d'esprit) très difficile à saisir, ou même à percevoir par intuition, pour la race aryenne moderne, car en nous, le mental commence à fonctionner. Leur attitude envers la divinité était également sensible, et leurs activités religieuses étaient mystiques et dévotes, complètement dépourvues de compréhension mentale. Ils étaient, de manière significative, émotifs dans leurs réactions à la beauté, à la terreur suscitée par la divinité et aux caractéristiques affectives de Dieu, au sens de la lumière et du merveilleux. Le mystérieux, le sentiment de crainte respectueuse, le fait de suivre aveuglément quelque être "sensible" reconnu, d'un ordre plus élevé que l'être humain ordinaire, et l'interprétation de Dieu et de la nature en termes de sensibilité perceptive, tout cela a posé les bases de l'ancienne civilisation et a beaucoup influencé nos attitudes actuelles ; ceci du moins jusqu'à l'avènement du Christ qui opéra de grands changements dans la conscience humaine, et introduisit une civilisation nouvelle.

Les enfants sont encore en grande partie atlantéens dans leur conscience ; pour eux, c'est une forme de récapitulation, analogue au stade prénatal. La même récapitulation se poursuit sur le sentier, quand l'homme retrouve la conscience mystique, après avoir évoqué sa nature mentale, et avant de s'ouvrir à la vraie connaissance ou conscience occulte, et aux réactions du mental supérieur. Le problème posé à l'éducation est de partir de la conscience atlantéenne de l'enfant et d'en faire une conscience aryenne ou mentale. Les Atlantéens n'avaient pas de système d'éducation, tel que nous l'entendons. Les rois et les prêtres agissaient par intuition ; les masses obéissaient.

Dans la race actuelle, une attitude civilisée différente se fait jour. A chaque époque, quelque idée s'exprime par l'idéalisme, à la fois racial et national. Sa tendance de base, au cours des siècles, a produit notre monde moderne, et elle a été strictement matérialiste. Une nation aujourd'hui est considérée comme civilisée lorsqu'elle est éveillée aux valeurs mentales et qu'en même temps elle demande des valeurs matérielles ; et aussi, quand le mental (mental inférieur) – dans son aspect mémoire, ses aspects de séparation et de discernement, son aptitude à formuler des idées concrètes fondées sur la perception matérielle, sur le désir matériel et sur les desseins matériels – reçoit l'instruction qui aboutit à une civilisation matérielle, faisant de notre civilisation matérielle ce qu'elle est aujourd'hui. Etant donné que l'accent se déplace de la perception sensible à l'attitude mentale envers la vie, étant donné la tendance de considérer la vie matérielle du citoyen de toutes les nations, comme le facteur dominant de la pensée nationale, étant donné le développement du mental consacré au mode de vie matériel et la science délibérément engagée à n'énoncer que ce qui peut être prouvé et ne s'occupant que des énergies à effet matériel, est-ce étonnant que l'intérêt majeur de notre civilisation moderne se situe dans le domaine de l'économie ? Nous nous préoccupons des conditions matérielles ; nous avons pour objet d'accroître nos possessions, d'améliorer les situations dans le monde d'ici-bas, de perfectionner la vie du plan physique, de substituer le tangible à l'intangible, le concret au spirituel, et les valeurs physiques aux valeurs subjectives. Néanmoins, ces dernières devront un jour apparaître et s'exprimer.

La déclaration ci-dessus est superficielle et de caractère si général qu'elle ne tient pas compte de la minorité relativement faible qui sent les valeurs plus vastes et travaille à les faire apparaître dans la vie des hommes. Ces personnes sont les gardiennes des idéaux avancés de la civilisation actuelle, mais l'énergie qu'elles libèrent a souvent pour résultat l'établissement temporaire de valeurs plus concrètes. Mes remarques ne sont que partielles, et les faits également.

J'exagère peut-être, peut-être pas. Néanmoins, le fait demeure que les deux grandes civilisations dont nous pouvons vraiment savoir quelque chose – l'aryenne et l'atlantéenne – présentent les deux positions ou objectifs extrêmes, vers lesquels l'humanité des deux périodes a dirigé et dirige encore son attention.

La civilisation atlantéenne était nettement religieuse dans ses attitudes ; la religion était le lieu commun de la vie et la raison d'être de tout ce qui existait.

Le monde d'après la mort était l'objet d'intérêt et de croyance inébranlable et incontestée. Les influences subtiles émanant des règnes invisibles, les forces de la nature et leur relation avec l'homme, vu sa sensibilité aiguë, et toute la gamme de ses attitudes émotionnelles constituaient la vie, et influençaient ce qu'il y avait, ou ce qu'il aurait pu y avoir, de pensée embryonnaire. Le résultat de tout cela, hérité par nous quand l'histoire telle que nous la connaissons se fit jour (à partir du déluge, quelle qu'en ait été la date) peut s'exprimer par les mots animisme, spiritualisme, psychisme intérieur et sensibilité. Le sens de Dieu, le sens de l'immortalité, le sens de l'adoration et la sensibilité excessive de l'homme moderne, sont l'héritage marquant que nous avons reçu des civilisations de l'ancienne Atlantide.

Sur cette structure de base, on impose aujourd'hui exactement le contraire, et par réaction – normale, juste, en développement – l'homme établit une superstructure où l'accent est de plus en plus mis sur le tangible, le matériel, le vu, sur ce qui peut être prouvé, diagnostiqué, analysé, utilisé pour améliorer la vie extérieure de l'homme, et sa position matérielle sur la planète. Les deux civilisations ont été trop loin, et le mouvement du pendule va inévitablement nous ramener à une position médiane, au "noble sentier du milieu". Cette voie médiane, utilisant les idéaux les meilleurs et les plus élevés produits par les deux civilisations précédentes, caractérisera l'ère du Verseau, et ses civilisations. Une telle expression du matériel et de l'immatériel, du visible et de l'invisible, du tangible et du spirituel, a toujours été le but de ceux qui comprennent le véritable sens de la culture. En dernière analyse et pour les desseins de notre thème, la civilisation concerne les masses et la conscience de masse, tandis que la culture concerne l'individu et l'homme spirituel invisible. Donc, une civilisation exprimant complètement la vraie culture se trouve très loin en avant dans le développement de l'humanité.

La culture est le rapprochement de deux manières d'être, affective et mentale ; de deux mondes, sensibilité et pensée ; et des attitudes de relation qui permettront à l'homme de vivre comme un être subjectif intelligent dans un monde physique tangible. L'homme cultivé lie le monde des causes au monde des apparences, et les considère dans son mental (donc dans son cerveau, ce qui indique l'existence d'une relation) comme constituant un seul monde à deux aspects. Il se meut avec une égale liberté dans les deux mondes, et avec simultanéité en ce qui concerne sa conscience. Même aux temps atlantéens, certaines personnes comprenaient la signification de la culture en tant que conséquence naturelle de la civilisation.

Il faut civiliser les masses ; c'est un pas vers la culture qui leur sera donnée, pour en faire des hommes véritables et de valeur. Un homme doit forcément être capable de vivre dans le monde des réalités extérieures et, en même temps, de se rendre compte qu'il vit dans un monde intérieur, en tant que mental et âme. Il exprime alors une vie subjective intérieure d'une telle puissance qu'elle domine la vie du plan physique, lui donnant ses mobiles et sa vraie direction. Cette attitude de l'être humain et la tâche d'amener cet état de conscience à maturité ont été considérées depuis des siècles comme la tâche de la religion organisée, tandis que c'est essentiellement et nécessairement celle de l'éducation. Il est vrai que l'Eglise d'autrefois avait le rôle d'éducateur, mais l'accent était mis sur la vie subjective intérieure ; en général, il n'existait aucune tentative de faire fusionner l'existence de bien-être matériel extérieur et l'existence spirituelle intérieure. L'éducation est la tâche des penseurs les meilleurs et la responsabilité de tous les gouvernements, responsabilité qu'ils reconnaissent rarement.

Finalement, nous essaierons de voir quelles sont les idées de base (en commençant par les instincts reconnus) qui ont conduit l'homme, pas à pas. à sa lutte actuelle pour l'amélioration du monde, l'élévation sociale, l'autodétermination naturelle, dans l'intention – inconsciente pour la plus grande part – de fournir un meilleur organe d'expression au sein de l'organisme vivant qu'est l'humanité.

C'est donc un truisme de déclarer qu'aujourd'hui l'humanité traverse une crise d'immenses proportions. Les causes de cette crise doivent être cherchées dans beaucoup de facteurs. Elles se trouvent dans le passé, dans le développement par l'évolution de certaines tendances fondamentales chez l'homme, dans les erreurs passées. dans les occasions offertes actuellement et dans l'activité puissante de la Hiérarchie d'Amour 1*. L'avenir est très prometteur, pourvu que l'homme apprenne les leçons du présent qui lui ont été clairement présentées ; il doit les accepter, comprendre clairement la nature de son problème et de la crise, avec ses nombreuses ramifications et ses diverses implications.

1* L'un des trois centres majeurs par lesquels la divinité se manifeste : Shamballa, où la volonté de Dieu est connue ; la Hiérarchie, où l'amour de Dieu domine ; l'humanité incarnant l'aspect Intelligence de Dieu.

L'agitation bouillonnante dans laquelle vivent les masses actuellement et l'apparition d'un ou de deux personnages-clé par nation ont une relation étroite.

Ces individus font entendre leur voix et suscitent l'attention ; leurs idées sont suivies – à tort ou à raison – avec attention, estime, ou méfiance.

La formation lente et précise du Nouveau groupe des serviteurs du monde indique la crise. Ce groupe veille à l'introduction du nouvel âge ; il est présent aux douleurs d'enfantement de la civilisation nouvelle, à la manifestation d'une nouvelle race, d'une nouvelle culture et d'un point de vue mondial nouveau. Ce travail est nécessairement lent ; ceux qui sont plongés dans les problèmes et la souffrance trouvent difficile d'envisager l'avenir avec assurance, ou  d'interpréter le présent avec clarté.

Dans le domaine de l'éducation, l'unité d'action est essentielle. Une unité fondamentale d'objectifs devrait, sans aucun doute, gouverner les systèmes d'éducation des nations, même si l'uniformité de méthodes et de techniques n'est pas possible. Les différences de langue, d'éléments acquis et de culture  existeront et devront toujours exister ; elles constituent la splendide tapisseriede la vie humaine à travers les âges. Mais beaucoup de ce qui a jusqu'ici entravé les bonnes relations humaines doit être éliminé.

Dans l'enseignement de l'histoire, par exemple, allons-nous en revenir aux anciens errements, où chaque nation se glorifie, fréquemment aux dépens d'autres nations, où les faits sont systématiquement travestis, où les pivots de l'histoire sont les diverses guerres au cours des siècles, donc, une histoire d'agression, de montée d'une civilisation matérielle et égoïste, d'esprit nationaliste et donc séparatif qui a entretenu la haine raciale et stimulé l'orgueil national ? La première date historique dont le petit Anglais moyen se souvient habituellement est "Guillaume le Conquérant, 1066". L'Américain se souvient du débarquement des Pères Pèlerins et de la conquête progressive du pays dépossédant ses habitants légitimes.

Les héros de l'histoire sont tous des guerriers : Alexandre le Grand, Jules César, Attila, Richard Coeur de Lion, Napoléon, George Washington et beaucoup d'autres. La géographie est en grande partie l'histoire sous une autre forme mais présentée de manière semblable, une histoire de découvertes, de recherches et de mainmises, fréquemment suivies de traitement cruel et inique des habitants des terres découvertes. La cupidité, l'ambition, la cruauté et l'orgueil, sont les notes-clé de notre enseignement de l'histoire et de la géographie.

Les guerres, les agressions, et les spoliations, qui ont caractérisé toutes les grandes nations sans exception, sont des faits qui ne peuvent être niés. Mais, néanmoins, la leçon donnée par les maux qui s'en sont suivis (dont la guerre 1914-1945 a été le point culminant) peut être mise en lumière, et on peut indiquer les causes anciennes des préjugés et des antipathies d'aujourd'hui, et insister sur leur puérilité. N'est-il pas possible de construire une théorie de l'histoire sur les grandes et belles idées qui ont conditionné les nations et en ont fait ce qu'elles sont, et de mettre l'accent sur la créativité qui les a toutes caractérisées ? Ne pouvons-nous pas présenter plus efficacement les grandes époques culturelles qui – apparaissant soudain dans une nation – ont enrichi le monde entier et donné à l'humanité sa littérature, son art et sa vision ?

La guerre a causé de grandes migrations. Des armées ont parcouru toutes les parties du monde et s'y sont battues ; des peuples persécutés ont fui d'un pays pour se rendre dans un autre ; des hommes aux sentiments humanitaires sont allés de pays en pays, au service des soldats, soignant les malades, nourrissant les affamés et étudiant les conditions du milieu. Le monde aujourd'hui est très très petit, et les hommes découvrent (parfois pour la première fois de leur vie) que l'humanité est une, que tous les hommes se ressemblent, quelle que soit la couleur de leur peau, quel que soit le pays où ils vivent. Nous sommes tous mélangés aujourd'hui. Les Etats-Unis sont composés de personnes de tous les pays connus ; l'URSS est composée de cinquante races ou nations. Le Royaume Uni est une Communauté de nations indépendantes, liées ensemble en un seul groupe. L'Inde est composée d'une multiplicité de peuples, de religions, de langues, d'où son problème. Le monde est un grand creuset d'où l'Humanité Une est en train d'émerger. Ceci impose un changement radical de ces méthodes de présentation de l'histoire et de la géographie. La science a toujours été universelle. Le grand art et la littérature ont toujours appartenu au monde entier. C'est sur ces faits qu'il faut construire l'éducation à donner aux enfants, éducation basée sur les ressemblances, les réalisations dans la création, les idéalismes spirituels et les points de contacts.

Si on ne le fait pas, les plaies des nations ne seront jamais guéries. et les barrières qui ont existé depuis des siècles ne disparaîtront jamais.

Les éducateurs, placés en face de l'occasion mondiale actuelle, devraient veiller à ce que l'on pose de saines bases pour la prochaine civilisation ; ils doivent entreprendre ce qui est d'envergure générale et universelle, véridique dans sa présentation, constructif dans sa manière d'aborder les problèmes. Les mesures initiales que prendront les éducateurs de tous les pays détermineront inévitablement la nature de la civilisation à venir.

Ils doivent se préparer à une renaissance de tous les arts et à un flux libre et nouveau de l'esprit créateur de l'homme. Ils doivent donner beaucoup d'importance aux grands moments de l'histoire humaine où la divinité de l'homme a brillé d'un vif éclat et indiqué de nouveaux modes de pensée, de nouvelles manières de faire des plans, modifiant ainsi pour toujours le cours des affaires humaines. Ces moments ont produit la Grande Charte ; ils ont mis l'accent, par la Révolution française, sur les concepts de liberté, d'égalité, de fraternité ; ils ont formulé la Déclaration des droits en Amérique, et, de nos jours, en haute mer, ils nous ont donné la Charte de l'Atlantique et les Quatre Libertés. Ce sont les grands concepts qui doivent gouverner le nouvel âge, avec sa civilisation naissante et sa future culture. Si l'on enseigne aux enfants d'aujourd'hui la signification de ces cinq grandes déclarations, et qu'on leur montre en même temps la futilité de la haine et de la guerre, on peut espérer un monde meilleur, plus heureux et aussi plus sûr.

Deux idées majeures devraient être enseignées aux enfants de tous les pays. Ce sont : la valeur de l'individu et le fait de l'humanité une. Les garçons et les filles, contemporains de la guerre, ont appris par les apparences que la vie humaine est de peu de valeur ; les pays fascistes ont enseigné que l'individu est sans valeur, sauf dans la mesure où il met en oeuvre les desseins de quelque dictateur, un Hitler ou un Mussolini. Dans d'autres pays, certaines personnes et certains groupes – de par leur situation héréditaire et leurs ressources financières – sont considérés comme importants, et le reste de la nation, comme de peu d'importance. Dans d'autres pays encore, l'individu se considère comme de telle importance, et son droit d'agir à sa guise comme si capital, que sa relation avec le tout est complètement perdue. Cependant, la valeur de l'individu et l'existence de ce tout que nous appelons l'Humanité sont très étroitement reliées. Il faut y insister. Ces deux principes, lorsqu'ils seront correctement enseignés et compris, conduiront à une intensive culture de l'individu, et à la reconnaissance de sa responsabilité en tant que partie intégrante du corps tout entier de l'humanité.

Dans toutes les écoles d'aujourd'hui, on peut voir l'image imparfaite et symbolique du triple objectif de la nouvelle éducation : Civilisation, Culture, Unification.

Les écoles primaires pourraient être considérées comme les gardiennes de la civilisation ; elles doivent préparer l'enfant à l'état de citoyen, lui enseigner sa place en tant qu'unité sociale, insister sur les relations de groupe, lui permettant ainsi de vivre intelligemment et d'évoquer la mémoire du passé par les cours qu'il reçoit, afin de poser les bases de ses relations humaines. La lecture, l'écriture et l'arithmétique, l'histoire élémentaire (avec l'accent sur l'histoire du monde), la géographie et la poésie seront enseignées. L'école devra lui enseigner certains faits de base importants concernant la vie, les vérités fondamentales, la coordination et la maîtrise de soi.

Les écoles secondaires devraient se considérer comme les gardiennes de la culture ; elles devraient insister sur les valeurs plus larges de l'histoire et de la littérature, et donner quelques notions de l'art. Elles devraient commencer à entraîner garçons et filles à leur future profession, ou au mode de vie qui les conditionnera. L'état de citoyen sera enseigné en termes plus vastes, le monde des vraies valeurs sera mis en lumière, l'idéalisme consciemment et véritablement cultivé. L'école insistera sur l'application pratique des idéaux.

Elle instruira la jeunesse de manière telle, que celle-ci commencera à fusionner, dans sa conscience, le monde des apparences et le monde des valeurs et des causes. Ces jeunes devraient commencer à relier le monde de la vie extérieure objective, et celui de la vie intérieure subjective. Je choisis mes mots avec soin.

Les écoles supérieures et les universités devraient être une extension de tout ce qui a déjà été fait. Elles devraient embellir et compléter la structure qui a déjà été érigée, et traiter plus directement du monde des causes. Les problèmes internationaux – économiques, sociaux, politiques et religieux – devraient être envisagés, et l'homme plus précisément relié au monde entier.

Ceci n'indique nullement que seront négligés les problèmes individuels ou nationaux ; mais on cherchera à les incorporer dans le tout, en tant que parties intégrantes et effectives, évitant ainsi les attitudes séparatives qui ont amené la faillite du monde moderne.

L'université, en réalité, devrait correspondre dans le domaine de l'éducation au monde de la Hiérarchie ; elle devrait être la gardienne des méthodes techniques et systèmes de pensée et de vie qui relieront l'être humainaux mondes des âmes, au Royaume de Dieu, et non seulement aux autres êtres humains sur le plan physique ; non seulement au monde des phénomènes, mais aussi au monde intérieur des valeurs et de la qualité.

A nouveau, je répète que la préparation de l'homme à être un citoyen du royaume de Dieu n'est pas essentiellement une activité religieuse à mettre entre les mains des représentants des grandes religions. Ce devrait être la tâche de l'éducation supérieure donnant un but et une signification à tout ce qui a été fait. Si cela vous semble idéaliste et impossible, permettez-moi de vous assurer qu'au moment où l'ère du Verseau sera complètement épanouie, ce sera l'objectif reconnu et certain des éducateurs de ce temps-là.

La succession suivante s'offre à la pensée, lorsque nous envisageons le plan des programmes destinés à la jeunesse d'aujourd'hui :

Instruction primaire Civilisation Ages 1-14

Instruction secondaire Culture Ages 14-21

Instruction supérieure Spirituelle Ages 21-28

C'est seulement la pression et l'accent mis sur ce qui est matériel et économique qui obligent les jeunes à travailler avant qu'ils ne soient mûrs. Il faut aussi se souvenir (et ceci est plus généralement reconnu) que la qualité des enfants venant maintenant en incarnation devient régulièrement meilleure et plus élevée. Ils sont, dans beaucoup de cas, anormalement intelligents, et ce que vous appelez le quotient d'intelligence est fréquemment très élevé. Cela se produira de plus en plus jusqu'à ce que des jeunes de quatorze ans aient les moyens et l'intelligence des étudiants d'université brillants d'aujourd'hui.

Je ne peux pas prouver la vérité de ces déclarations, mais une étude de l'humanité et de l'enfant des pays développés indiquera des orientations et des tendances qui rendront ma position plus solide, dans votre estimation. Vous feriez bien d'étudier soigneusement la distinction entre la civilisation et la culture.

Pour exprimer la même vérité en termes différents, et en reconnaissant comme prémisse de base le potentiel essentiellement supra-normal de l'être humain, on pourrait dire :

Le premier effort de l'éducation pour civiliser l'enfant sera d'exercer et de diriger intelligemment ses instincts.

La seconde obligation de l'éducateur sera de le faire parvenir à la vraie culture en l'entraînant à utiliser correctement son intellect.

Le troisième devoir sera de susciter et de développer l'intuition.

Quand ces trois aspects seront développés et fonctionneront, on aura un être humain civilisé, cultivé, éveillé spirituellement, un homme aux instincts justes, à l'intelligence solide, à l'intuition consciente. Son âme, son mental et son cerveau fonctionneront comme ils le doivent, en justes relations réciproques, ce qui, de plus, produira la coordination et l'alignement correct. Un jour, on fera une analyse de la contribution des trois grands continents – Asie, Europe et Amérique – à ce triple développement, en ce qui concerne la race aryenne. Il faut, néanmoins, se souvenir de la gloire de l'humanité ; elle consiste en ceci : chaque race a produit des hommes qui ont exprimé le summum de ce qui était possible à leur époque, des hommes qui ont fusionné en eux-mêmes la triplicité : instinct, intellect et intuition.

Leur nombre était relativement faible dans les premiers stades du développement humain, mais le processus d'accélération du développement progresse rapidement, et nombreux sont ceux, actuellement, qui se préparent à "l'éducation supérieure" dans le vrai sens du terme. On fera beaucoup mieux quand les éducateurs du monde entier saisiront le dessein et le processus comme un plan complet de développement, et porteront leur attention sur l'instruction instinctive, intellectuelle et intuitive, de telle manière que la totalité des vingt-huit années d'instruction apparaîtra comme un processus ordonné, dirigé, dont le but fera l'objet d'une claire vision.

Il apparaîtra alors que les enfants à instruire seront jaugés selon les points de vue dont j'ai parlé :

a. Ceux qui sont capables d'être correctement civilisés. Il s'agit des masses.

b. Ceux que l'on pourra faire progresser jusqu'au monde de la culture. Ils sont en très grand nombre.

c. Ceux qui peuvent ajouter, aux avantages de la civilisation et de la culture, les moyens nécessaires pour fonctionner comme âmes conscientes, non seulement dans le monde de la vie instinctuelle et intellectuelle, mais aussi dans le monde de la vie spirituelle, en gardant cependant une complète continuité de conscience et une complète intégration triple.

Tous ne peuvent pas passer dans les degrés supérieurs, et ceci doit être évalué. L'estimation de l'aptitude sera fondée sur une compréhension des types de rayon (science de la psychologie ésotérique), sur une compréhension de l'état glandulaire et physiologique, sur certains tests spécifiques, et sur la nouvelle forme d'astrologie.

Je voudrais ici faire une simple demande à l'étudiant sérieux. Réfléchissez aux quatre déclarations suivantes :

1. L'antahkarana exprime la qualité du magnétisme qui ouvre la porte du centre d'enseignement de la Grande Loge Blanche.

2. L'antahkarana est la force d'intégration consciente.

3. L'antahkarana est le moyen de transfert de la lumière.

4. L'antahkarana concerne la continuité de la perception de l'homme.

Le processus de développement

Je voudrais ajouter encore une analogie à la précédente, qui servira à clarifier dans votre mental le processus de développement, et rendra notre thème tout entier encore plus clair et précis (du point de vue du genre humain) :

Développement général de l'humanité

Civilisation Sentier de la purification

Instruction de l'Intelligentsia Culture Sentier du disciple

Formation des individus

Illuminés

Illumination Sentier de l'initiation

Il vous apparaîtra donc que tout le but de l'effort, présent et futur, est d'amener l'humanité au point où – en termes occultes – "elle entre dans la lumière". Toute la tendance de l'actuelle poussée vers l'avant, que l'on peut noter si distinctement dans l'humanité, est de lui permettre d'acquérir la connaissance, de la transmuer en sagesse à l'aide de la compréhension, et ainsi d'atteindre à la "complète illumination". L'illumination est le but majeur del'éducation.

C'est précisément dans cette région de la pensée et de la reconnaissance que se trouve la distinction entre le travail du Bouddha et le travail du Christ.

Le Bouddha parvint à "l'Illumination" et fut le premier de notre humanité à y parvenir. Une illumination de moindre degré avait fréquemment été atteinte par des Fils de Dieu incarnés précédemment. Le Christ, à cause de la réalisation du Bouddha, et à cause de son propre point d'évolution, eut la possibilité d'instaurer une ère nouvelle et un but nouveau, où un autre principe divin parvint à se manifester et à être reconnu de tous. Il inaugura "l'âge de l'amour" et exprima, pour les hommes, un nouvel aspect divin, celui de l'amour. Le Bouddha fut le point culminant de "l'âge de la connaissance". Le Christ instaura "l'âge de l'amour". Ces deux âges incarnent et expriment deux principes divins majeurs. Ainsi la nouvelle éducation a été rendue possible par le travail du Bouddha. Ceci vous indiquera combien est lente la progression de l'évolution. La religion nouvelle a été rendue possible par le travail et par la vie du Christ. En termes ésotériques, les pétales de connaissance du lotus égoïque humain se sont déployés, et le Bouddha accéléra l'action rapide de cet événement. Maintenant, les pétales d'amour du lotus égoïque de la famille humaine se déploient aussi, la rapidité de cet événement résultant de l'action du Christ. Comprenez-vous la signification de ce que j'essaie de vous dire, et le sens de ce que je vais vous dire ?

Les points que je cherche à mettre en lumière sont les suivants :

Vu que les trois pétales de connaissance du lotus égoïque humain sont maintenant déployés dans la race (quand j'emploie le mot race, je veux dire la famille humaine et non la race aryenne), il est maintenant possible aux pétales d'amour de se déployer. L'énergie affluant de la rangée extérieure de pétales a eu un triple effet :

1. Elle a vitalisé le corps tout entier de l'humanité, et a produit l'actuelle civilisation de "vitesse", civilisation intelligente (ou devrais-je dire intellectuelle ?), et la culture moderne, partout où elle se trouve. Lecerveau de l'humanité est maintenant prêt à être vitalisé, d'où l'instruction de masse.

2. Elle a ouvert un canal afin que les pétales d'amour puissent vitaliser le corps astral de l'humanité, ce qui conduit à la coopération générale et à l'amour de groupe. Le coeur de l'humanité est maintenant prêt à être vitalisé, d'où les mouvements philanthropiques, de bonne volonté, et sociaux d'aujourd'hui.

3. Cela rendra possible, plus tard, la vitalisation du corps mental, par les pétales de volonté ou de sacrifice, ce qui donnera la conscience du Plan. Le dessein dirigé et la synthèse de groupe.

Le premier de ces pétales de connaissance s'ouvrit aux temps lémuriens et apporta une certaine mesure de lumière à la conscience du plan physique de l'humanité. Le second s'ouvrit aux temps atlantéens et apporta la lumière au plan astral. Dans notre race aryenne, le troisième pétale s'ouvrit et apporta la lumière de la connaissance mentale à l'homme. Ainsi fut achevée (dans les trois races), la tâche ardue de vitaliser le monde manifesté triple (physique, astral. mental), et l'énergie de l'intelligence devint un facteur puissant et dominant.

Maintenant se poursuit la tâche de vitaliser l'homme par l'énergie de l'amour, et elle avance rapidement ; les effets (vu qu'ils émanent du second aspect de la divinité) seront produits avec une grande facilité, et dans le domaine de la perception consciente. Je vous dis ceci afin de vous encourager.

Par l'activité de l'énergie de la connaissance, on obtient : Civilisation Culture Illumination et dans le second cas : Coopération Compréhension aimante Amour de groupe

Il existe des correspondances plus élevées pour lesquelles nous n'avons pas encore de termes adéquats.

La bonne volonté de coopération est tout ce que l'on peut attendre des  masses actuellement ; c'est la sublimation des forces libérées par la civilisation.

C'est par la compréhension aimante que le groupe cultivé, plus sage, devrait se distinguer et faire preuve de la faculté de relier le monde des causes au monde des effets extérieurs. Réfléchissez à cette phrase. L'amour de groupe est, et doit être, la caractéristique dominante des individus Illuminés ; actuellement, c'est la motivation puissante des Maîtres de Sagesse, jusqu'au moment où suffisamment de disciples exprimeront cette force particulière.

Quand les pétales de volonté ou de sacrifice du lotus égoïque humain seront ouverts, il apparaîtra une triade encore supérieure de correspondances.

Ce sera :

Participation Dessein Précipitation

Donc, comme conséquence des processus de l'évolution de l'humanité, apparaîtra la catégorie suivante de forces et d'énergies, chacune d'elles manifestant certaines qualités précises, et concordant avec l'ouverture des pétales du lotus égoïque humain (voir page anglaise 56).

Vous noterez, d'après ce tableau, que les pétales d'amour donnent des signes d'épanouissement, ce qui éclaircira pour vous la possibilité de certains événements espérés. Le monde doit avancer régulièrement et dans l'ordre. Les événements prématurés sont généralement désastreux.

Tout ceci concerne le développement culturel de l'humanité et avance à grands pas. Quand les facteurs déterminants seront mieux compris, quand leur méthode et leur dessein seront saisis, nous verrons ceux qui s'intéressent à l'éducation s'efforcer d'agir avec plus de rapidité ; cela hâtera la réalisation de la culture pour les masses, et celle de l'illumination pour le groupe plus intellectuel.

Je voudrais ici expliquer un point. Dans l'avenir, l'illumination sera envisagée principalement sous l'angle intellectuel ; toute la question sera abordée mentalement et non tellement, comme c'est le cas aujourd'hui, sous l'angle religieux. L'illumination, le mysticisme et la religion sont allés de pair.

L'une des contributions de l'époque actuelle au développement de l'humanité a été la reconnaissance croissante que la spiritualité ne doit pas être confondue avec l'acceptation et l'observance des préceptes contenus dans les Ecritures, ni se limiter à cela ; elle ne peut pas en rester aux implications qu'une caste orthodoxe de prêtres a tirées de ces Ecritures, ni être régie par l'orientation des anciennes théologies. Dieu peut être connu par Ses oeuvres, qui peuvent être plus facilement appréciées par les révélations de la science que par les hymnes, prières et sermons des églises du monde entier.

EDUCATION ET SCIENCE

I. PETALES DE CONNAISSANCE

Civilisation

La masse des hommes

Sentier de Purification

Culture

Les intellectuels

Sentier du Disciple

Illumination

Homme spirituel

Sentier d'Initiation

Plus

RELIGION ET PHILOSOPHIE

II. PETALES D'AMOUR Coopération

Les intellectuels

Compréhension

aimante

Les aspirants

Amour de groupe

La Hiérarchie

Plus

GOUVERNEMENT ET ORDRE SOCIAL

III. PETALES DE VOLONTE ET DE SACRIFICE

Participation

(au Plan)

Dessein

(Volonté dirigée de

tous les disciples)

Précipitation

(du Plan par la

Hiérarchie)

Quelle sera alors la tâche des églises à l'avenir ? Et quel sera l'objectif majeur de la prochaine et nouvelle religion ? Tout d'abord, ce sera de susciter l'épanouissement des pétales d'amour, ce qui instaurera une ère de coopération véritable, de compréhension aimante et d'amour de groupe. Ceci se fera en entraînant le peuple et l'individu à observer les règles de l'Approche Correcte.

La note-clé de l'éducation nouvelle est essentiellement une juste interprétation de la vie, passée et présente, et sa relation avec l'avenir de l'humanité. La note-clé de la nouvelle religion doit être une approche correcte de Dieu, transcendant dans la nature, immanent chez l'homme, tandis que la note-clé de la nouvelle science de la politique et du gouvernement sera de justes relations humaines. L'éducation doit préparer l'enfant en vue de ces deux derniers facteurs.

Ceux qui travaillent dans ces trois groupes doivent finalement agir en étroite coopération, et c'est à cette compréhension conforme aux plans, à cette activité intelligente de l'humanité, que la nouvelle éducation doit préparer.

Dans les commentaires ci-dessus et dans ce que j'ai dit précédemment, se trouvent les suggestions que je me suis efforcé d'exprimer, concernant le développement culturel de l'humanité. La vraie histoire de l'humanité, qui est longue et variée, perdue dans les indications spéculatives des ésotéristes (rarement démontrables, lorsqu'elles sont vraies) l'a amenée à un point de son évolution où la lumière de la connaissance pénètre nettement les lieux sombres de la terre. Une masse d'informations est maintenant mise à la disposition de ceux qui savent lire et écrire (leur nombre augmente chaque jour) tandis que les moyens de communication et de transmission ont pratiquement annihilé le temps, et ont réduit le monde à une seule unité de fonctionnement. Dans tous les pays civilisés, apparaît un très haut niveau d'instruction. Le citoyen moyen possède une quantité considérable de données sur tous les sujets imaginables. Une grande partie en est mal digérée et inutilisable, mais tend à l'élévation générale du processus mental. La production écrite ou parlée de la pensée des hommes, englobant ce qui est ancien, ce qui est nouveau et moderne, ce qui est superficiel et relativement sans valeur, est si vaste aujourd'hui qu'il est impossible de l'enregistrer, et que la vie d'un livre est brève. Pour couronner le tout, il existe un net effort pour mettre les ressources de l'éducation à la portée de tous. Cela se réalisera finalement, et le type d'éducation prévu atteindra les objectifs suivants, préparant ainsi le terrain pour le futur développement d'une éducation plus élevée et meilleure.

1. Mettre à la disposition du citoyen moyen ce qui "s'est fait jour" dans le passé.

2. Susciter un intérêt pour les sciences et les connaissances nouvelles qui se font jour.

3. Développer la mémoire et le pouvoir de reconnaître ce qui est présenté à l'esprit.

4. Relier le passé et le présent.

5. Instruire les citoyens quant à la nature et aux droits de la possession, en mettant l'accent sur la manière de jouir et d'user correctement des dons matériels et intellectuels de la vie ; en insistant aussi sur leur relation avec le groupe.

6. Indiquer la véritable vocation après une étude sérieuse.

7. Indiquer les méthodes pour parvenir à la coordination de la personnalité.

Tout cela lancera l'homme dans l'arène de la vie avec un certain bagage de connaissances quant à ce qui a été découvert dans le passé et quant à son héritage personnel ; avec une certaine mesure d'activité mentale, qui peut être développée et perfectionnée si lui-même le désire et y parvient en se comportant correctement par rapport à son entourage ; avec certaines spéculations, rêves et idéaux mentaux qui peuvent être transmués en atouts valables s'il est doué de persévérance, et si ses facultés d'imagination n'ont pas été émoussées par un programme imposé, déséquilibré ; s'il a eu aussi la chance d'avoir un professeur sage et quelques amis compréhensifs parmi ses aînés.

II sera aussi évident que la tâche de la nouvelle éducation est de prendre en main les masses civilisées et de les conduire jusqu'à la culture ; de prendre en charge, de la même manière, les personnes cultivées et de les entraîner dans les voies des Etres illuminés. Finalement, on s'apercevra que ce qui est actuellement enseigné dans les écoles ésotériques fera partie du programme reconnu et obligatoire de la génération montante, et que l'enseignement donné aux personnes pensantes, avancées, d'aujourd'hui, sera adapté aux besoins de la jeunesse de l'époque.

Nature de l'ésotérisme

Les éducateurs mettront de plus en plus l'accent sur la manière ésotérique d'aborder les problèmes ; il pourrait être utile que je tente ici de définir l'ésotérisme en termes adaptés à l'intelligence générale moyenne des étudiants de l'ésotérisme, et à leur point d'évolution. Je voudrais vous rappeler que le vrai ésotérisme (du point de vue de la Hiérarchie) est une chose beaucoup plus profonde que vous ne pouvez le comprendre.

L'une des définitions les plus inadéquates de l'ésotérisme est qu'il concerne ce qui est caché et qui, même s'il est soupçonné, demeure encore inconnu. On peut en déduire que l'ésotériste cherche à pénétrer un certain domaine secret, où l'étudiant ordinaire n'a pas le droit d'entrer. Si ce n'était que cela, alors tous  les savants et tous les mystiques présenteraient l'approche du type mental, et du type émotionnel développé, au monde de l'ésotérisme et des réalités cachées.

Cela, néanmoins, ne serait pas exact. Le mystique n'est jamais un vrai ésotériste, car il ne s'occupe pas, dans sa conscience, d'énergies et de forces, mais d'un vague "quelque chose d'autre" (appelé Dieu, le Christ, le Bien-aimé) et donc, en réalité, de ce qui satisfait la soif de son âme. Le savant qui, maintenant, pénètre si rapidement le monde des forces, des énergies, et en traite, est en réalité un véritable ésotériste – même s'il nie leur source, dans son effort pour les maîtriser. Cela est relativement de peu d'importance ; plus tard, il reconnaîtra la source dont elles émanent.

L'approche de base, pour tous ceux qui s'efforcent de saisir l'ésotérisme ou de l'enseigner, est de mettre l'accent sur le monde des énergies et de reconnaître que, derrière tous les événements du monde des phénomènes (par là, je désigne les trois mondes de l'évolution humaine), il existe un monde d'énergies ; ces dernières sont extrêmement diverses et complexes, mais toutes se meuvent et fonctionnent selon la Loi de Cause à Effet. Il est donc à peine nécessaire que j'indique la nature très pratique de cette définition, son applicabilité à la vie de l'aspirant, à la vie de la communauté, aux affaires mondiales, ou aux niveaux immédiats des énergies spirituelles expérimentales qui cherchent constamment l'impact ou le contact du monde des phénomènes. Elles le font, sous direction spirituelle, afin de mettre en oeuvre le Plan. La déclaration ci-dessus est d'importance fondamentale, elle contient implicitement toutes les autres définitions ; c'est la première vérité importante concernant l'ésotérisme, qui doit être apprise et appliquée, par chaque étudiant, au mystère et à l'universalité de ce qui fait mouvoir les mondes et sous-tend le processus de l'évolution.

La première tâche de l'ésotériste est de comprendre la nature des énergies qui cherchent à le conditionner, et qui aboutissent à l'expression sur le plan physique par l'intermédiaire des moyens dont il est doué, son véhicule de manifestation. L'étudiant de l'ésotérisme doit donc saisir :

1. Qu'il est un agrégat de forces héritées, façonnées par ce qu'il a été, auquel s'ajoute une grande force antagoniste qui n'est pas un principe et que nous appelons le corps physique.

2. Qu'il est sensible à certaines énergies inconnues de lui, inutilisables par lui, et dont il devrait prendre conscience de plus en plus s'il veut pénétrer plus profondément dans le monde des forces cachées. Il peut s'agir d'énergies qui, pour lui, seraient mauvaises et qu'il lui faut discerner et rejeter ; il en est d'autres qu'il doit apprendre à utiliser, car elles se révéleraient bénéfiques, accroîtraient sa connaissance, et devraient être considérées comme bonnes. Cependant, gardez bien à l'esprit que les énergies en soi ne sont ni bonnes ni mauvaises. La Grande Loge Blanche, notre Hiérarchie spirituelle, et la Loge Noire emploient les mêmes énergies universelles, mais avec des motifs et des objectifs différents ; les deux groupes sont constitués d'ésotéristes compétents.

L'ésotériste en cours d'entraînement doit donc :

1. Prendre conscience de la nature des forces qui constituent les moyens de sa personnalité, et qu'il a lui-même amenées magnétiquement à l'expression dans les trois mondes. Elles forment une combinaison de forces actives. Il doit apprendre à distinguer l'énergie strictement physique, qui réagit automatiquement à d'autres énergies intérieures, de celles qui émanent des niveaux de conscience émotionnels et mentaux ; ces dernières se focalisent dans le corps éthérique qui, à son tour, provoque certaines activités de son véhicule physique, en le motivant et en le galvanisant.

2. Devenir sensible aux énergies déterminantes de l'âme émanant des niveaux mentaux supérieurs. Elles cherchent à maîtriser les forces de l'homme triple quand un point précis d'évolution est atteint.

3. Reconnaître les énergies qui conditionnent son entourage, les envisageant non comme des événements ou des circonstances, mais comme de l'énergie en action. De cette façon, il apprend à pénétrer derrière la scène des événements extérieurs, dans le monde des énergies ; il y recherche le contact et les qualifications pour certaines activités. Il réussit ainsi à entrer dans le monde des causes. Les événements, les circonstances et les phénomènes physiques de toutes sortes sont simplement des symboles de ce qui arrive dans les mondes intérieurs, et c'est dans ces mondes que l'ésotériste doit pénétrer, autant que sa perception le lui permet. Il découvrira successivement des mondes qui feront appel à sa capacité d'investigation scientifique.

4. Pour la majorité des étudiants, la Hiérarchie elle-même reste un domaine ésotérique qui demande à être découvert, et qui acceptera d'être pénétré. Je choisis mes mots avec soin, afin de susciter chez vous une réaction ésotérique.

Je ne désire pas aller au-delà du but prévu pour l'humanité ; pour les initiés et les disciples n'ayant pas encore pris l'initiation de la Transfiguration, les domaines supérieurs de conscience et le "Lieu secret du Très-Haut" (la Chambre du Conseil de Sanat Kumara) demeurent profondément ésotériques.

Ce sont des domaines supérieurs d'énergies, planétaires, extra-planétaires et interplanétaires. Les éducateurs n'ont pas à s'en soucier, et les enseignants des écoles ésotériques n'ont pas à en traiter. La tâche consiste à entraîner l'étudiant à reconnaître l'énergie et la force ; à distinguer entre les différents types d'énergie, à la fois par rapport à eux-mêmes et par rapport aux affaires mondiales ; à commencer à faire la liaison entre ce qui est vu et expérimenté et ce qui est invisible, qui conditionne et détermine. Voilà la tâche de l'ésotérisme.

Il y a une tendance, parmi les étudiants de l'ésotérisme, surtout chez ceux des anciens groupes des Poissons, à considérer tout intérêt porté aux énergies produisant les événements mondiaux ou concernant le gouvernement et la politique, comme contraire à l'effort spirituel ésotérique. Mais le nouvel ésotérisme qu'appuieront des groupes plus modernes et un type d'homme plus mental, envisagera tous les événements, les mouvements mondiaux, les gouvernements nationaux et toutes les circonstances politiques, comme l'expression des énergies du monde intérieur de la recherche ésotérique.

Ces groupes ne voient donc aucune raison sérieuse d'exclure un aspect si important des affaires humaines de leur raisonnement, de leur pensée, et de la recherche de nouvelles vérités et techniques qui peuvent engendrer une ère nouvelle de justes relations humaines. Ils demandent : Pourquoi écarter la recherche politique du programme spirituel ? Ils l'estiment comme d'égale, sinon de plus grande importance que l'activité des églises ; les gouvernements façonnent le peuple, et aident à produire toute civilisation du moment, imposant aux masses certaines lignes de pensée nécessaires. Les églises et les hommes de partout ont besoin d'apprendre qu'il n'existe rien dans le monde des phénomènes, des forces et des énergies, qui ne puisse être placé sous la domination du spirituel. Tout ce qui existe est, en réalité, esprit en manifestation. Aujourd'hui, les masses commencent à s'intéresser à la politique et, du point de vue des Maîtres, c'est un grand pas en avant. Quand les personnes de mentalité spirituelle du monde entier incluront cette zone relativement nouvelle de la pensée et ses activités internationales dans le champ de la recherche ésotérique, un très grand progrès aura été accompli.

Permettez-moi de vous donner une illustration simple : La guerre est, en fait, une grande explosion d'énergies et de forces, générée sur les plans intérieurs où l'ésotériste devrait travailler (mais où il est rarement), qui trouve son expression atroce et catastrophique sur le plan physique. Ceci est indiqué aujourd'hui par l'usage constant des termes "Forces de Lumière" et "Forces du Mal". Quand les causes intérieures, ésotériques et prédisposantes de la guerre seront découvertes par la recherche ésotérique, alors la guerre ou les guerres n'existeront plus. Cela est du vrai travail ésotérique ; mais il est méprisé par les ésotéristes d'aujourd'hui qui se croient spirituellement supérieurs à de telles affaires et qui – dans leur tour d'ivoire – se concentrent sur leur propre développement en y ajoutant un peu de philosophie.

Il faudrait ici affirmer une chose : L'ésotérisme n'est nullement de nature vague ou mystique. C'est une science, essentiellement la science de l'âme de toutes choses, avec sa propre terminologie, ses expériences, ses déductions et ses lois. Quand je dis "âme", je désigne la conscience présente dans toute la nature et qui l'anime, et présente sur les niveaux situés au-delà de ce que nous entendons habituellement par nature. Les étudiants oublient facilement que tous les niveaux de conscience, du plus élevé au plus bas, sont des aspects du plan physique cosmique, et donc de nature matérielle, selon le processus de l'évolution. Pour certains Observateurs divins, ils sont véritablement tangibles et formés de substance créatrice. L'ésotériste traite constamment de substance ; ce qui le concerne, c'est la substance vivante, vibrante, dont les mondes sont faits – héritée d'un système solaire précédent – colorée par les événements passés et, comme on l'a dit, "déjà teintée de Karma". Il faudrait noter aussi que, de même que le plan physique, si familier pour nous, n'est pas considéré comme un principe par l'étudiant de l'ésotérisme, de même le plan physique cosmique (du point de vue de certaines vies cosmiques) "n'est pas non plus un principe". Je vous donne ici matière à réflexion.

On pourrait dire que l'ésotériste travaille à découvrir les principes animant chaque niveau du plan physique cosmique ; ce sont en réalité, des aspects de l'énergie vitale qualifiée qui agit dans et par la substance dépourvue de principe. Sa tâche est de détourner le centre de son attention du côté forme – substance de l'existence, pour prendre conscience de ce qui a été la source de la production des formes, sur n'importe quel niveau spécifique. Sa tâche est de développer en lui-même la sensibilité et la réceptivité nécessaires à la qualité de la vie dominant n'importe quelle forme, jusqu'à ce qu'il parvienne finalement à la qualité de la Vie Une qui anime la planète ; c'est au sein de l'activité de cette Vie Une que nous avons la vie, le mouvement et l'être.

Pour cela, il lui faut tout d'abord découvrir la nature de ses propres énergies qualifiées (ici, intervient la nature des rayons dominants) qui s'expriment par ses trois véhicules de manifestation et. plus tard, par sa personnalité intégrée. Etant arrivé, dans une certaine mesure, à cette connaissance, et s'étant orienté vers la qualité de l'aspect vie, il commence à développer en lui-même le mécanisme intérieur subtil par lequel il peut prendre contact avec les aspects plus généraux et universels. Il apprend à distinguer entre la qualité ou prédispositions karmiques de la substance "sans principe" dont sa forme et toutes les formes sont faites, et les principes qualifiés qui cherchent à s'exprimer par ces formes ; il les rachète, les sauve et les purifie du même coup, afin que la substance du prochain système solaire soit d'un ordre plus élevé que celle du système actuel, donc plus réceptive à l'aspect volonté du Logos.

Envisagé sous cet angle, l'ésotérisme est la science de la rédemption dont tous les Sauveurs du monde sont le symbole éternel et les représentants. C'est pour racheter la substance et ses formes que le Logos planétaire vint en manifestation, et que la Hiérarchie tout entière avec son grand Guide, le Christ (symbole mondial actuel), peut être considérée comme une hiérarchie de rédempteurs, versés dans l'art de la rédemption. Lorsqu'ils auront maîtrisé cette science. Ils pourront alors passer à la Science de la Vie et s'occuper des énergies qui, un jour, contiendront et utiliseront la substance et les formes qualifiées, rachetées et alors douées de principe. La rédemption de la substance sans principe, sa restauration créatrice, son intégration spirituelle est Leur but ; le fruit de Leur travail apparaîtra dans le troisième et dernier système solaire.

Leur activité va produire une grande fusion spirituelle et planétaire, dont la fusion de la personnalité et de l'âme (à un certain point du sentier de l'évolution) est le symbole au sens microcosmique. Vous pouvez ainsi voir la relation étroite existant entre le travail du disciple ou de l'aspirant, alors qu'il rachète, sauve et purifie son triple corps de manifestation, et le travail du Logos planétaire lorsqu'il accomplit une tâche semblable sur les "trois véhicules périodiques" par lesquels il s'exprime : le véhicule de sa personnalité, le véhicule d'expression de son âme et son aspect monadique.

Grâce à tout ce que j'ai dit, vous comprendrez que je m'efforce d'enlever toute imprécision au mot "ésotérisme" et d'indiquer la nature extrêmement pratique et scientifique de l'entreprise dans laquelle s'embarquent tous les ésotéristes.

L'étude de l'ésotérisme, lorsqu'elle va de pair avec un mode de vie ésotérique, finit par révéler le monde des causes et conduit en fin de compte au monde de la signification. L'ésotériste commence par essayer de découvrir le pourquoi des choses ; il se bat avec le problème des événements, des crises, des circonstances, afin d'en arriver aux causes qu'elles devraient lui révéler ; lorsqu'il a vérifié le sens d'un problème spécifique, il l'utilise comme une invitation à pénétrer plus profondément dans le monde des causes, nouvellement révélé. Il apprend alors à incorporer ses petits problèmes personnels dans le plus grand Tout, perdant ainsi de vue le petit soi, et découvrant le plus grand Soi. Le véritable point de vue ésotérique est toujours celui du plus grand Tout. Il s'aperçoit que le monde des causes s'étend comme un réseau complexe sur toute l'activité et sur tous les aspects du monde phénoménal. De ce réseau, le lacis éthérique est le symbole et le dessin ; le lacis éthérique existant entre les centres, le long de la colonne vertébrale de l'individu, est sa correspondance microcosmique, comme une série de portes d'entrée dans le monde plus vaste des causes. Cela, en réalité, concerne la vraie Science des Centres dont j'ai souvent fait mention. Ce sont des modes de pénétration consciente (lorsqu'ils sont développés et fonctionnent) dans le monde de la réalité subjective, et dans des phases jusqu'ici inconnues de la conscience divine.

L'ésotérisme, néanmoins, ne s'occupe pas des centres en tant que tels.

L'ésotérisme n'est pas un effort pour éveiller scientifiquement les centres, comme beaucoup d'étudiants le pensent. L'ésotérisme est réellement l'entraînement de l'aptitude à fonctionner librement dans le monde des causes ; il ne s'occupe d'aucun aspect de la forme mécanique ; il s'occupe entièrement  de l'aspect âme – aspect du Sauveur, du Rédempteur et de l'Interprète – ainsi que du principe médiateur entre la vie et la substance. Ce principe médiateur est l'âme de l'aspirant ou du disciple (si l'on peut utiliser un terme aussi trompeur) ; c'est aussi l'anima mundi du monde dans son ensemble.

L'ésotérisme implique donc une vie vécue en harmonie avec les réalités subjectives ; c'est seulement possible quand l'étudiant est intelligemment polarisé, et mentalement focalisé ; il n'est utile que lorsque l'étudiant peut se mouvoir librement parmi ces réalités subjectives, de manière experte et compréhensive. L'ésotérisme implique aussi une compréhension de la relation entre les forces et les énergies et la capacité d'utiliser l'énergie pour le renforcement, puis pour l'utilisation de façon créatrice des forces contactées ; d'où leur rédemption. L'ésotériste utilise les forces du troisième aspect, celui de la substance intelligente, en tant que réceptrices des énergies issues des deux aspects supérieurs et, ce faisant, sauve la substance. L'ésotérisme est l'art de "faire descendre sur terre" les énergies émanant des sources les plus hautes, puis de les y ancrer. A titre d'illustration : ce fut l'activité ésotérique d'un groupe mondial d'étudiants qui aboutit à dispenser l'enseignement concernant le Nouveau Groupe des Serviteurs du Monde, ancrant et fixant ainsi, dans la  conscience de l'humanité, le fait de l'existence de ce groupe fondamentalement subjectif ; le travail de ce groupe fut ainsi focalisé et son activité rédemptrice intensifiée.

Toute vraie activité ésotérique produit lumière et illumination ; elle engendre, pour la lumière de la substance héritée, une intensification et une qualification par la lumière supérieure de l'âme qui, dans le cas de l'humanité, fonctionne consciemment. Il est donc possible de définir l'ésotérisme et son activité en termes de lumière, mais je m'en abstiens, vu l'imprécision qu'ont exprimée les ésotéristes des dernières décennies et l'application mystique qu'ils en ont fait. Si les ésotéristes voulaient bien accepter, sous sa forme la plus simple, l'affirmation de la science moderne selon laquelle substance et lumière sont des termes synonymes ; s'ils voulaient bien reconnaître aussi que la lumière qu'ils peuvent diriger sur la substance (application de l'énergie à la force) est également de nature substantielle, ils aborderaient la question d'une manière beaucoup plus intelligente. L'ésotériste traite en vérité de la lumière sous ses trois aspects, mais il est préférable actuellement de tenter une approche différente jusqu'à ce que – par le développement, l'épreuve et l'expérimentation – il connaisse ces triples différenciations dans la pratique, et non seulement de manière théorique et mystique. Il nous faut tenir compte, pour les éliminer, de certaines erreurs du passé.

Je vous ai donné beaucoup d'autres définitions dans mes divers livres, dont certaines étaient très simples ; elles peuvent avoir un sens aujourd'hui et contenir plus tard, pour vous, une signification plus abstruse.

J'exhorte tous les ésotéristes à tenter d'aborder pratiquement la question ainsi que je viens de l'indiquer : Je leur demande de vivre une vie rédemptrice, de développer leur sensibilité mentale innée, de travailler continuellement avec les causes qui sont à l'arrière-plan de l'individu, de la communauté, des affaires nationales et mondiales. Si vous agissez ainsi, la lumière brillera soudain et de plus en plus sur votre chemin. Vous pouvez devenir des porteurs de lumière sachant alors que "dans cette lumière vous verrez la Lumière", et vos frères aussi la verront.

 1* Traité sur la Magie Blanche, pages anglaises 398-433 ;  PsychologieEsotérique, Traité sur les Sept Rayons, Vol. II, pages anglaises 629-751.

CHAPITRE III

LE PROCHAIN PAS DANS LE DEVELOPPEMENT MENTAL DE L'HUMANITE

La période actuelle de transition

Il y a trois pas immédiats à franchir dans les systèmes d'éducation ; un certain progrès a déjà été réalisé dans ce sens. Souvenez-vous que, selon la loi de l'évolution, de tels pas sont souvent franchis sans aucune compréhension des objectifs, et sans que soient saisis le dessein et la signification prêts à émerger.

Ils sont simplement réalisés, car les besoins de l'époque en font l'évidente mesure à prendre immédiatement, car l'ancien système ne répond plus au dessein prévu, car les résultats sont indiscutablement indésirables, car un homme ayant la vision réalise une nouvelle méthode et impose sa volonté à ceux qui l'entourent, pour démontrer l'idéal nouveau. Ces trois pas immédiats sont :

Premièrement : Le développement de moyens plus adéquats, pour comprendre et étudier l'être humain. Ce sera rendu possible de trois manières :

1. Par le développement de la Science de la Psychologie. C'est la science de l'homme dans son essence qui, actuellement, est plus généralement reconnue comme utile et conforme au développement correct de l'individu. Les diverses écoles de psychologie, si nombreuses et séparatives, apporteront chacune finalement leur vérité propre et spécifique, permettant ainsi à la vraie science de l'âme de se dégager de cette synthèse.

2. Par le développement de la Science des Sept Rayons. Cette science jettera la lumière sur les problèmes individuels et raciaux. Elle formulera avec clarté la nature des problèmes de l'individu et de la société ; elle indiquera les forces et les énergies qui, en eux, luttent pour s'exprimer. Quand l'éducateur reconnaîtra et étudiera les deux rayons majeurs et les trois rayons mineurs (qui se rencontrent en tout homme) par rapport à l'individu, il en résultera une instruction correcte de l'individu et du groupe, et des indications justes quant à la vocation.

3. L'acceptation de l'enseignement concernant la constitution del'homme, donné par les ésotéristes, impliquant la relation entre l'âme et le corps, la nature des corps, leurs qualités, leur dessein, et l'interrelation de l'âme et des trois véhicules d'expression dans les trois mondes de l'effort humain.

Afin d'aboutir à cela, il faudra disposer du meilleur que l'Orient puisse offrir et de la connaissance de l'Occident. L'entraînement du corps physique, la maîtrise du corps émotionnel, le développement d'une juste appréhension mentale devront se taire successivement, en prêtant beaucoup d'attention au facteur temps, ainsi qu'à la période où le plan de coordination de tous les aspects de l'homme devrait être mis en oeuvre avec soin.

Deuxièmement : La reconnaissance des faits de l'Astrologie Esotérique.

Lorsque ceux-ci seront reconnus, il sera possible d'éduquer l'enfant dès son premier souffle. Il faudra noter ce moment exact, le moment de la naissance, ou du premier souffle, souvent accompagné du premier cri. Les traits du caractère seront notés et comparés avec le sujet au cours de son développement, ainsi qu'avec la carte des rayons ; la relation de l'horoscope et de la carte des rayons sera soumise à une analyse sérieuse tous les sept ans. Ces méthodes guideront l'éducateur quant aux mesures nécessaires et sages qu'il y a lieu de prendre pour hâter le développement de l'enfant. L'astrologie moderne ordinaire, avec son facteur de prévision, son accent sur le non essentiel et sur les préoccupations physiques de l'âme incarnée, sera progressivement remplacée par la reconnaissance de relations, d'objectifs de vie, de prédispositions fondamentales du caractère, et de dessein de l'âme ; beaucoup de choses deviendront alors possibles pour le guide et ami plein de sagesse de la jeunesse, ce que tout éducateur devrait s'efforcer de devenir.

Troisièmement : L'admission de la Loi de Renaissance, en tant que processus naturel et dominant.

Ce sera un facteur déterminant dans la vie de l'humanité, et apportera beaucoup de lumière au domaine de l'éducation. Retrouver et relier les tendances de base au développement racial du passé, aux épisodes raciaux anciens, se révélera être intéressant et important ; bien que le souvenir des vies passées soit sans intérêt, la reconnaissance des caractéristiques héritées du passé sera véritablement utile. On pourra alors étudier les enfants du point de vue du niveau probable qu'ils ont atteint sur l'échelle de l'évolution, et on les groupera en :

a. Lémuriens, à prédispositions physiques.

b. Atlantéens, à dominante émotionnelle.

c. Aryens, à tendances et inclinations mentales.

d. Race nouvelle, avec des qualités et une conscience de groupe, ainsi qu'avec une vision idéaliste.

Le facteur temps (sous l'angle de l'acquis actuel et du but possible de la vie actuelle) sera envisagé avec soin, afin d'éviter toute démarche inutile ; le garçon ou la fille seront aidés et analysés avec compréhension et non avec ignorance et critique. Ils seront protégés, non punis ; ils seront stimulés, non retenus ; ils seront reconnus au sens occulte, et ne constitueront donc pas un problème.

Il vous apparaîtra évidemment que quelques décennies doivent s'écouler avant qu'un tel état de choses puisse devenir possible et habituel, mais notez bien que j'ai dit "décennies" et non "siècles". Les premières expériences en ce sens ne seront possibles que dans de petites écoles avec des enfants spécialement sélectionnés, ou dans de petites universités où le corps enseignant sera choisi, entraîné et prêt à expérimenter avec précaution. C'est seulement en démontrant l'avantage de ces méthodes d'étude et de formation de l'enfant que les autorités nationales préposées à l'éducation seront persuadées de la lumière que peuvent jeter sur ce problème, ces manières d'aborder la tâche délicate qu'est la préparation d'un être humain à la vie. Par ailleurs, il est essentiel que de telles écoles et de tels instituts conservent toute la mesure possible du programme ordinaire exigé, afin de pouvoir démontrer leur efficacité dans la compétition avec d'autres systèmes d'éducation.

Si une vraie compréhension des types des sept rayons, de la constitution de l'homme, de l'astrologie, et une application correcte de la psychologie de synthèse, ont la moindre utilité, il faudra le démontrer par la production d'un être humain correctement coordonné, sagement développé, très intelligent, et dirigé par le mental.

L'erreur de la majorité des tentatives précédentes visant à imposer une forme nouvelle d'éducation à un enfant moderne a été de nature double :

Premièrement, il n'y a pas eu de compromis entre la forme actuelle d'éducation et l'idéal désiré ; on n'a opéré aucune jonction scientifique ; on n'a pas tenté de relier le meilleur des méthodes actuelles (probablement bien adapté à l'enfant de l'époque) avec certaines des méthodes les plus appropriées contenues dans la vision nouvelle – en particulier avec celles qu'il est facile de rapprocher des méthodes en usage. C'est seulement de cette manière qu'on peut avancer pas à pas, jusqu'à ce que la nouvelle éducation soit un fait accompli, et que les techniques nouvelles et anciennes soient soudées en un tout approprié. Jusqu'ici l'idéaliste visionnaire a été maître du terrain et a donc ralenti le processus.

Deuxièmement, les nouvelles méthodes ne peuvent être essayées avec succès que sur des enfants soigneusement sélectionnés. On doit veiller sur ces enfants dès le premier âge ; leurs parents doivent être d'accord pour coopérer à la tâche consistant à fournir de bonnes conditions et une saine atmosphère dès le début ; la vie de ces enfants, (l'historique de leur cas) doit être étudiée dans le sens précédemment suggéré.

Les espoirs et les rêves, visionnaires ou mystiques, sont utiles dans la mesure où ils indiquent un but possible ; ils sont de peu d'utilité pour déterminer un processus et une méthode. Imposer les modes d'éducation du nouvel âge à un enfant fondamentalement atlantéen, ou aux premiers stades de la conscience aryenne est une entreprise stérile qui l'aidera vraiment très peu.

C'est pour cette raison qu'il faut analyser soigneusement le cas de l'enfant, à partir du moment même de sa naissance. Alors, avec des renseignements aussi complets que possible, l'éducateur s'efforcera de satisfaire aux besoins des trois types majeurs d'enfants : les atlantéens, type fondamentalement émotionnel et sensitif ; les aryens au stade de début, type mental émotionnel ; les aryens avancés, type du nouvel âge au stade de début, qui seront des personnalités surtout mentales, en même temps qu'idéalistes, brillantes et coordonnées.

Une question se pose ici : Comment peut-on employer de telles méthodes sans que le processus tout entier ressemble à une expérience de laboratoire où l'enfant est considéré comme un spécimen – un enfant échantillon – devant subir certains types d'impression qui le privent de la liberté d'être lui-même, un individu (ce qui semble toujours si désirable et nécessaire) ; tout ce processus ne risque-t-il pas d'apparaître comme une violation de la dignité, héritage de tout être humain ? De tels problèmes et objectifs d'éducation semblent importants, beaux et imposants mais que signifient-ils réellement ?

J'ai suggéré qu'on récrive les manuels en termes de justes relations humaines, et non sous l'angle actuel, nationaliste et séparatif. J'ai signalé aussi quelques idées de base qui devraient être inculquées  mmédiatement : la valeur unique de l'individu, la beauté de l'humanité, la relation de l'individu avec le tout, et la responsabilité qu'il a de s'insérer dans le cadre général, de manière constructive et volontairement ; j'ai fait observer l'imminence de la prochaine renaissance spirituelle. A tout ceci, je voudrais ajouter que l'un de nos objectifs immédiats de l'éducation doit être d'éliminer l'esprit de compétition et d'y substituer la coopération consciente. Ici, la question se pose immédiatement :

Comment peut-on y parvenir, et en même temps obtenir un haut niveau de formation individuelle ? La compétition n'est-elle pas l'aiguillon majeur de tout effort ? Il en a été ainsi jusqu'ici, mais ce n'est pas indispensable.

Aujourd'hui l'enfant moyen, pendant les cinq ou six premières années de sa vie, est la victime de l'ignorance de ses parents, de leur égoïsme ou de leur manque d'intérêt. Souvent, ses parents le font tenir tranquille ou l'écartent, trop occupés de leurs propres affaires pour lui consacrer le temps nécessaire,  occupés d'affaires non essentielles, comparé à la question importante et indispensable de donner un bon départ à leur enfant sur le sentier de la vie, dans cette incarnation. On l'abandonne à ses propres ressources, ou à celles de quelque bonne d'enfants ignorante, à un moment où ce petit animal destructeur devrait être transmué en petit citoyen constructif. Parfois, il est choyé, parfois grondé, traîné ici ou là, selon les caprices ou l'intérêt de ses parents qui l'envoient en classe avec une impression de soulagement afin de l'occuper et de l'écarter. A l'école, il est souvent confié à une personne jeune, ignorante quoique bien intentionnée, dont la tâche est de lui enseigner les rudiments de la civilisation : une certaine attitude superficielle, une certaine forme de manières qui devraient gouverner ses relations dans le monde des hommes, la possibilité de lire, d'écrire et de compter, des notions d'histoire et de géographie (rudimentaires en vérité), la manière correcte de parler et de rédiger.

A ce moment-là, néanmoins, le mal est fait, et la forme que peuvent prendre, par la suite, les modes d'éducation qu'on lui appliquera après l'âge de onze ans, est de peu d'importance. On lui a donné une orientation, une attitude (habituellement de défense, et donc d'inhibition), on lui a imposé un mode de conduite superficiel et non basé sur les réalités des justes relations. L'individu vrai, qui existe en tout enfant – expansif, ouvert, bien intentionné (ce que sont la majorité des enfants) – a, en conséquence, été repoussé vers l'intérieur et a disparu ; il s'est caché derrière une coque extérieure, imposée par l'enseignement et la coutume. Ajoutez à cela une multitude de cas de mauvaise compréhension de la part de parents aimants et bien intentionnés, mais superficiels, une longue série de petites catastrophes en relation avec les autres ; il devient évident que la plupart des enfants prennent un mauvais départ et commencent la vie, handicapés de manière fondamentale. Le mal fait aux enfants, au cours des années où ils sont malléables, est souvent irrémédiable et cause beaucoup de souffrances plus tard dans la vie. Que peuton donc faire ? Quel devrait-être l'effort des parents et des éducateurs, mises à part les méthodes plus techniques que j'ai indiquées dans les chapitres précédents ?

Tout d'abord et par-dessus tout, il faudrait faire l'effort d'assurer une atmosphère où certaines qualités peuvent apparaître et s'épanouir.

1.

Une atmosphère d'amour, d'où la peur est bannie, où l'enfant comprend qu'il n'a pas lieu d'être timide ou sur ses gardes, où il est traité courtoisement par les autres, et où l'on attend de lui, en retour, des manières également courtoises. Cela est, en vérité, bien rare dans les salles d'écoles, ou même dans les foyers. Cette atmosphère d'amour ne repose pas sur une forme d'amour émotionnel, sentimental, mais sur la compréhension du potentiel de l'enfant en tant qu'individu, sur un sens de vraie responsabilité, d'absence de préjugés ou d'antagonisme racial, et par-dessus tout, sur une tendrecompassion. Cette tendre compassion est basée sur le fait qu'on connaît la difficulté de vivre, sur la sensibilité à la réaction normalement affectueuse de l'enfant, et sur le fait qu'on sait que l'amour suscite toujours le meilleur chez l'enfant et chez l'homme.

2.

Une atmosphère de patience où l'enfant peut se mettre à chercher,  normalement et naturellement, la lumière de la connaissance ; où il est  sûr de trouver toujours une réponse rapide et sérieuse à ses questions, et où n'existe jamais l'impression de hâte. La plupart du temps, la nature de l'enfant est faussée par la bousculade et la précipitation que manifestent ceux avec qui il vit. On n'a pas le temps de l'instruire et de répondre à ses petites questions très nécessaires ; le facteur temps devient donc une menace pesant sur son juste développement, et conduit finalement à une vie de faux-fuyants et de fausses perspectives. Son échelle des valeurs est déformée par l'observation de ceux avec qui il vit ; beaucoup de ce qu'il voit est porté à son attention par l'impatience qu'on lui manifeste. Cette impatience de la part de ceux dont il dépend de manière si émouvante sème les graines de l'irritation ; beaucoup de vies sont gâchées par l'irritation.

3.

Une atmosphère d'activité ordonnée où l'enfant peut apprendre les premiers rudiments de la responsabilité. Les enfants qui viennent en incarnation actuellement et qui peuvent bénéficier du nouveau type d'éducation sont nécessairement au bord de la conscience de l'âme.

L'une des premières indications de ce contact de l'âme est le sens de la responsabilité qui se développe rapidement. Il faut garder cela soigneusement à l'esprit, car le fait de se charger de petits devoirs et de partager les responsabilités (ce qui se rapporte toujours à quelque forme de relation de groupe) est un facteur puissant dans la détermination du caractère de l'enfant et de sa future vocation.

4.

Une atmosphère de compréhension où l'enfant est toujours sûr que les raisons de ses actions seront reconnues, et que les adultes qui vivent avec lui comprendront toujours le motif de ses impulsions, même s'ils n'approuvent pas ce qu'il a fait, ou ses activités. Beaucoup des choses que fait l'enfant moyen ne sont ni méchantes, ni perverses, ni mauvaises en soi. Il y est fréquemment poussé par un esprit curieux frustré, par le désir de se venger de quelque injustice, due à ce que l'adulte n'a pas compris ses motifs, par une inaptitude à employer le temps correctement, car la volonté de direction, à cet âge, est souvent en repos complet, et ne devient active que lorsque le mental commence à fonctionner. Il est poussé aussi par un désir d'attirer l'attention, désir nécessaire au développement de la conscience de soi, mais qui demande à être compris et très soigneusement guidé.

C'est l'ancienne génération qui entretient dès le début, chez l'enfant, un sens de culpabilité, de péché et de mauvaise action, complètement inutile. On insiste tellement sur les petites choses mesquines, qui ne sont pas vraiment mal, mais agaçantes pour les parents ou l'enseignant, que le vrai sens du mal (à savoir, reconnaître que de bonnes relations n'ont pas été maintenues avec le groupe) se trouve masqué et non reconnu pour ce qu'il est. Les nombreux petits péchés, imposés à l'enfant par la constante répétition du "Non", par l'emploi du terme "vilain", et basés sur le fait que les parents ne savent ni comprendre, ni occuper leur enfant, n'ont pas vraiment d'importance. Si ces aspects de la vie de l'enfant sont correctement pris en main, ce qui est mal, la violation du droit des autres, l'empiétement du désir individuel sur les nécessités et les conditions du groupe, le tort ou le dommage fait aux autres à des fins de gain personnel, apparaîtront en une juste perspective et au moment voulu. La voix de la conscience (le murmure de l'âme) ne sera pas étouffée, et l'enfant ne deviendra pas antisocial. Il ne devient antisocial que lorsqu'il n'a pas rencontré de compréhension et donc ne comprend pas, ou lorsque les circonstances exigent trop de lui.

Vous pourriez demander ici, après l'examen de ces quatre types d'atmosphère, considérés comme mesures préliminaires essentielles à la nouvelle éducation : Comment dans ce cas, tenez-vous compte de l'instinct hérité, de l'inclination naturelle basée sur le point d'évolution et sur les tendances du caractère déterminées par les forces de rayon et par les influences astrologiques ?

Je n'y ai pas insisté, mais je reconnais qu'il s'agit de facteurs conditionnants auxquels il faut prêter attention ; j'ai traité ci-dessus de la vaste et inutile accumulation de difficultés imposées qui ne sont pas innées ou vraiment caractéristiques chez l'enfant, mais qui résultent de son entourage et du fait que ni son cercle de famille, ni les établissements d'éducation ne l'aident correctement à s'adapter à la vie et à son temps. Quand l'enfant sera traité avec sagesse dès le bas âge, quand il sera considéré comme la préoccupation la plus importante de ses parents et de ses maîtres (car il est l'avenir en embryon), et quand, par ailleurs, on lui enseignera le sens des proportions en l'intégrant correctement dans le petit monde dont il fait partie, nous verrons alors apparaître clairement les principales lignes de difficulté, les tendances fondamentales du caractère et les lacunes existant dans ses aptitudes. Elles ne seront pas cachées jusqu'à l'adolescence par les petits péchés et les fauxfuyants, par les mêmes complexes embryonnaires qui lui ont été imposés par les autres et ne faisaient pas partie de ses dispositions innées, lorsqu'il est venu en incarnation. On pourra alors traiter, de manière éclairée, de telles  difficultés et les tendances de base indésirables ; la sagesse de l'éducateur pourra les compenser par la coopération et la compréhension de l'enfant. Ilcomprendra car il sera compris et, en conséquence, il sera sans appréhension.

Formulons maintenant un plan plus étendu pour l'éducation future des enfants. Nous avons noté qu'en dépit des méthodes d'éducation universelles, et de nombreux centres d'enseignement dans tous les pays, nous n'avons pas encore réussi à donner aux jeunes le genre d'éducation qui leur permettra de vivre pleinement et constructivement. L'éducation s'est développée selon trois lignes, partant de l'Orient et atteignant son point culminant aujourd'hui, en Occident. Naturellement, je ne parle que des deux ou trois derniers millénaires.

En Asie, au cours des siècles, il y a eu une instruction intensive de certains individus soigneusement choisis, et une négligence complète des masses.

L'Asie, et l'Asie seule, a produit les figures remarquables qui sont, même aujourd'hui, l'objet de la vénération universelle. Laotze, Confucius, le Bouddha, Shri Krishna et le Christ. Ils ont marqué de leur sceau des millions d'hommes et continuent de le faire.

Puis, en Europe, dans le domaine de l'évolution, l'attention s'est concentrée sur quelques groupes privilégiés, recevant une formation culturelle conforme à un plan soigneusement établi ; les masses ne recevaient que les rudiments nécessaires du savoir. Ceci produisit périodiquement des époques importantes d'expression culturelle, telles la période élisabéthaine, la Renaissance, l'ère victorienne avec ses poètes et ses écrivains ; l'Allemagne avec ses poètes et ses musiciens, les artistes dont la mémoire est perpétuée dans l'école italienne, hollandaise et espagnole.

Finalement, dans les pays neufs tels les Etats-Unis, l'Australie et le Canada, on institua l'éducation de masse, qui fut largement copiée dans tout le monde civilisé. Le niveau général de la culture s'abaissa beaucoup ; le  niveau de l'information et de la compétence de masse s'accrut considérablement. La question se pose maintenant : Quel sera le prochain développement de l'évolution dans le monde de l'éducation ?

Rappelons-nous une chose importante. Ce que l'éducation peut faire, dans un sens indésirable, a été très nettement démontré par l'Allemagne, qui a détruit l'idéalisme, a inculqué de mauvaises attitudes et relations humaines, a glorifié tout ce qu'il existe de plus égoïste, de plus brutal et de plus agressif.

L'Allemagne a prouvé que lorsque les méthodes d'éducation étaient convenablement organisées et surveillées, conformes à un plan systématique et mises au service d'une idéologie, leur effet est puissant spécialement si l'enfant est pris assez jeune, et s'il est protégé de tout enseignement contraire pendant assez longtemps. Rappelons-nous aussi que cette efficacité démontrée peut jouer dans les deux sens, et que ce qui a été réalisé dans le sens du mal peut réussir tout autant dans le sens du bien.

Nous devons comprendre aussi qu'il faut faire deux choses : Insister sur l'éducation des moins de seize ans – plus ils seront jeunes, mieux cela vaudra – et commencer avec ce qui existe, tout en reconnaissant les limitations des systèmes actuels. Il faut renforcer les aspects qui sont bons et désirables ; développer de nouvelles attitudes et techniques qui prépareront l'enfant à vivre pleinement, à le rendre vraiment humain, à en faire un membre créateur et constructeur de la famille humaine. Le meilleur du passé doit être conservé, mais ne devrait être considéré que comme le fondement d'un système meilleur, une manière plus sage de s'approcher du but de la citoyenneté mondiale.

Il serait intéressant ici de préciser ce que l'éducation peut être si elle reçoit l'élan de la vraie vision, si elle répond au besoin mondial pressenti et à ce qu'exige l'époque.

L'éducation est l'entraînement, donné intelligemment, qui permettra à la jeunesse de prendre contact avec son entourage de manière intelligente et saine, et de s'adapter aux conditions existantes. Aujourd'hui, ceci est  d'importance primordiale ; c'est un des poteaux indicateurs dans un monde qui est tombé en morceaux.

L'éducation est un processus grâce auquel l'enfant est doté de l'information qui lui permettra d'agir en bon citoyen, et d'accomplir les fonctions d'un père plein de sagesse. Elle doit tenir compte des tendances inhérentes de l'enfant, de ses attributs raciaux et nationaux, et s'efforcer d'y ajouter la connaissance qui le conduira à vivre constructivement dans son cadre mondial particulier, et à se comporter en citoyen utile. La tendance générale de son éducation sera plus psychologique que par le passé, et l'information acquise de cette manière sera mise au service de sa situation particulière. Tous les enfants possèdent certains atouts ; il faut leur enseigner la manière de les utiliser ; c'est le cas de l'humanité tout entière quelle que soit la race ou la nationalité. A l'avenir donc, les éducateurs mettront l'accent sur :

1. Le développement de la domination mentale sur la nature émotionnelle.

2. La vision ou aptitude à voir, au-delà de ce qui est, ce qui pourrait être.

3. La connaissance des faits, héritée, à laquelle il sera possible d'ajouter la sagesse de l'avenir.

4. La faculté d'agir avec sagesse dans les relations, de reconnaître et d'endosser la responsabilité.

5. La possibilité d'utiliser le mental de deux manières :

a. En tant que "sens commun" (j'emploie ce terme dans sa connotation ancienne) qui analyse et synthétise l'information transmise par les cinq sens.

b. En tant que projecteur, pénétrant dans le monde des idées et de la pensée abstraite.

La connaissance vient de deux directions. Elle résulte de l'utilisation intelligente des cinq sens ; elle découle aussi de l'effort fait pour saisir et comprendre les idées. Ces deux aspects sont mis en oeuvre par la curiosité et le désir de recherche.

L'éducation devrait être de trois sortes, toutes trois nécessaires pour amener l'humanité au point voulu de développement. C'est un processus qui consiste, tout d'abord, à s'instruire des faits – passés et présents – et puis d'apprendre à déduire et à rassembler, dans cette masse d'informations progressivement accumulées, ce qui peut être d'utilité pratique dans n'importe quelle situation donnée. Ce processus comprend les principes de base des systèmes actuels d'éducation.

C'est ensuite un processus enseignant que la sagesse se développe à partir de la connaissance, et consistant à saisir avec compréhension le sens caché derrière les faits extérieurs impartis. C'est la possibilité d'appliquer la connaissance de telle manière qu'il en résultera naturellement un mode de vie sain, un point de vue compréhensif et une technique de conduite intelligente.

Cela implique aussi l'entraînement en vue d'activités spécialisées, basées sur les tendances innées, les talents, ou le génie.

C'est, finalement, un processus qui cultive l'unité ou sens de la synthèse.

On enseignera à la jeunesse de l'avenir à se considérer en relation avec le groupe, la famille et la nation, où son destin l'a placée. On lui enseignera aussi à penser en termes de relations mondiales, et à envisager sa nation par rapport aux autres nations. Cela couvre l'instruction en vue de l'état de citoyen, de l'état de parents, et d'une compréhension du monde. Cette instruction est fondamentalement psychologique, et devrait communiquer une compréhension de l'humanité. Quand ce type d'instruction sera donné, nous formerons des hommes et des femmes à la fois civilisés et cultivés, qui auront aussi la faculté d'avancer (à mesure que la vie se déroulera) dans le monde des causes, sousjacent au monde des phénomènes extérieurs, et qui commenceront à envisager les événements humains en termes de valeurs plus profondes et universelles.

L'éducation devrait être le processus par lequel on enseigne à la jeunesse à raisonner de cause à effet, à savoir pourquoi certaines actions produisent inévitablement certains résultats, et pourquoi (étant donné certains moyens mentaux et émotionnels ajoutés à un classement psychologique vérifié) certaines tendances de vie peuvent être déterminées, et certaines professions ou carrières offrir un cadre correct de développement, ainsi qu'un champ d'expérience utile et profitable. Des tentatives ont été faites dans certaines écoles et universités pour déterminer les aptitudes psychologiques des garçons et des filles à certaines vocations, mais tout cet effort est encore au niveau de l'amateurisme. Lorsqu'il sera plus scientifique, il ouvrira la porte à l'enseignement des sciences ; il donnera de la signification à l'histoire, à la biographie, au savoir, ce qui évitera la communication sommaire des faits et le processus fruste d'entraînement de la mémoire qui a caractérisé les méthodes du passé.

La nouvelle éducation examinera l'enfant en se rapportant à son hérédité, à sa position sociale, à ses conditions nationales, à son entourage, à ses aptitudes mentales et émotionnelles. Elle cherchera à lui ouvrir tout le monde des possibilités, lui signalant que les apparentes barrières au progrès ne sont que des aiguillons invitant à un effort renouvelé. Elle cherchera à le "faire sortir" (vrai sens du mot "éducation") de toute condition limitative, et à l'habituer à penser en termes de citoyenneté mondiale. L'accent sera mis sur le développement, prélude à d'autres développements.

L'éducateur de l'avenir abordera le problème de la jeunesse sous l'angle de la réaction instinctive des enfants, de leur capacité intellectuelle et de leurpotentiel d'intuition. Dans le bas âge et pendant les premières années de l'école, on surveillera et on cultivera le développement de justes réactions instinctives ; dans les degrés suivants, correspondant à l'école secondaire, on insistera sur le développement intellectuel et sur la maîtrise des processus mentaux. Dans les universités, on favorisera l'épanouissement de l'intuition ; on mettra l'accent sur l'importance des idéaux et des idées, sur le développement de la perception et de la pensée abstraite ; cette dernière phase sera solidement basée sur les fondements intellectuels antérieurs sains. Ces trois facteurs – instinct, intellect et intuition – fournissent la note-clé des trois institutions scolaires où passeront tous les jeunes gens, et où, aujourd'hui déjà, ils passent par milliers.

A l'avenir, l'éducation utilisera beaucoup plus largement la psychologie que précédemment. On voit nettement une tendance dans ce sens. On examinera soigneusement la nature – physique, vitale, émotionnelle, mentale des garçons et des filles, et les buts de leur vie incohérents seront aiguillés dans la bonne direction ; on leur enseignera à se reconnaître comme celui qui agit, qui sent et qui pense. Ainsi, la responsabilité du "je" central, occupant le corps, sera enseignée. Cela modifiera entièrement l'attitude actuelle de la jeunesse envers son entourage et favorisera, dès le début, la reconnaissance du rôle à jouer et de la responsabilité à endosser ; les jeunes se rendront compte que l'éducation est une méthode de préparation à un avenir utile et intéressant.

Il est donc de plus en plus évident que l'éducation future pourrait se définir, dans un sens neuf et plus large, comme la Science des justes relations humaines et de l'organisation sociale. Cela donne un but relativement nouveau à tout programme imparti, mais n'indique pas qu'il faille en exclure rien de ce qui y était précédemment inclus ; il faudra seulement mettre en évidence une motivation meilleure, et éviter une présentation nationaliste et égoïste. Si l'histoire, par exemple, est présentée sur la base des idées qui ont modelé l'humanité et l'ont fait avancer, et non sur la base des guerres d'agression et du vol national ou international, c'est alors que l'éducation s'occupera de la juste perception et de la juste utilisation des idées, de leur transformation en idéaux pratiques, de leur application à la volonté-de-bien, à la volonté-de-vérité, et à la volonté-de-beauté. Il se produira ainsi une très nécessaire modification des buts de l'humanité, qui transformera nos objectifs actuels de compétition matérialiste en une expression plus complète de la Règle d'Or ; des relations justes entre les individus, les groupes, les parties, les nations seront établies, ainsi que dans le monde dans son ensemble.

De plus en plus, l'éducation devrait s'occuper de la vie dans son ensemble, autant que des détails de la vie individuelle quotidienne. L'enfant, en tant qu'individu, sera développé, formé, entraîné ; on suscitera ses motivations, puis on lui montrera ses responsabilités envers le tout, et la valeur de la contribution qu'il peut et doit apporter au groupe.

Il est peut-être banal de dire que l'éducation devrait nécessairement s'occuper du développement des facultés de raisonnement de l'enfant, et non surtout – comme c'est habituellement le cas maintenant – de l'entraînement de la mémoire, de l'enregistrement de faits, de dates, d'éléments d'information mal digérés et sans corrélation, à la manière d'un perroquet. L'histoire de la croissance des facultés de perception de l'homme, dans diverses conditions nationales et raciales, est d'un intérêt profond. Les grandes figures de l'histoire, de la littérature, de l'art et de la religion, seront sûrement étudiées sous l'angle de leur effort et de leur influence bonne ou mauvaise sur leur époque ; on examinera la qualité et le dessein de leur fonction de guide. L'enfant absorbera ainsi une grande quantité d'informations historiques, d'activité créatrice, d'idéalisme et de philosophie, non seulement avec le maximum de facilité, mais avec un effet permanent sur le caractère.

On portera à son attention la continuité de l'effort, les effets de l'ancienne tradition sur la civilisation, les événements, bons et mauvais, l'influence réciproque des aspects culturels variés de la civilisation ; l'information sèche, les dates, les noms seront laissés de côté. Toutes les branches de la connaissance humaine pourraient ainsi devenir vivantes et atteindre un degré nouveau d'utilité constructive. Il existe déjà nettement une tendance dans cette direction, ce qui est bon et sain. On reconnaîtra de plus en plus que le passé de l'humanité est le fondement des événements présents, et que le présent est le facteur déterminant de l'avenir ; ainsi, de grands et nécessaires changements seront effectués dans l'ensemble de la psychologie humaine.

L'aptitude créatrice de l'être humain devrait aussi, dans l'ère nouvelle, recevoir une plus complète attention ; l'enfant sera stimulé à l'effort individuel correspondant à son tempérament et à ses capacités. Il sera ainsi poussé à participer comme il le pourra à la beauté du monde et, par la pensée juste, à l'ensemble de la pensée humaine ; il sera encouragé à la recherche, ce qui lui ouvrira le monde de la science. Derrière l'application de tous ces stimulants, on trouvera les motifs de la bonne volonté et des justes relations humaines.

Finalement et sans aucun doute, l'éducation devrait présenter l'hypothèse de l'âme en l'homme, comme facteur intérieur qui produit le bon, le vrai et le beau. L'expression créatrice et l'effort humanitaire recevront donc une base logique. Cela ne se fera pas par une présentation doctrinale et théologique, comme c'est le cas aujourd'hui, mais en proposant un problème à étudier, et en demandant un effort pour répondre à la question : Qu'est l'homme ; quelle est sa raison d'être intrinsèque dans le schéma général ? L'influence et le dessein déclaré, que l'on trouve à l'apparition constante des grands guides au cours des siècles, dans les domaines spirituel, artistique et culturel seront étudiés ; leur vie sera soumise à la recherche historique et psychologique. La jeunesse aura ainsi sous les yeux tout le problème de la conduite des hommes et de la motivation. L'éducation sera donc donnée sous forme d'intérêt humain, de réalisation humaine et de possibilité humaine. Cela se fera de manière telle que le contenu du mental de l'étudiant sera non seulement enrichi de faits littéraires et historiques, mais que son imagination sera enflammée, son ambition et son aspiration suscitées dans un sens vrai et juste. Le monde de l'effort humain passé lui sera présenté dans une perspective plus vraie, et l'avenir lui sera aussi ouvert par un appel à son effort individuel et à sa contribution personnelle.

Ce que j'ai écrit ci-dessus n'implique nullement une accusation des méthodes passées, si ce n'est que le monde d'aujourd'hui est en lui-même un réquisitoire ; il ne s'agit pas non plus d'une vision utopique ou d'un espoir mystique, basé sur des souhaits irréalisables. Il s'agit d'une attitude envers la vie et l'avenir, qui est celle de milliers de personnes aujourd'hui et, parmi celles-ci, se trouvent de nombreux éducateurs dans tous les pays. Les  erreurs des techniques passées sont évidentes, et point n'est besoin d'y insister ou d'accumuler les exemples. Ce qu'il faut c'est comprendre la possibilité immédiate, et reconnaître que le nécessaire changement d'objectif et de méthodes prendra beaucoup de temps. Il faudra préparer les enseignants différemment, et beaucoup de temps sera perdu en tâtonnements à rechercher des méthodes nouvelles et meilleures, à rédiger de nouveaux manuels, à trouver des hommes et des femmes réceptifs à l'impression de la vision nouvelle et prêts à travailler pour la nouvelle civilisation. J'ai seulement voulu insister sur des principes, tout en reconnaissant que beaucoup d'entre eux ne sont nullement nouveaux, mais il est nécessaire d'y mettre l'accent. J'ai essayé de montrer que l'occasion s'offre actuellement, car tout doit être reconstruit, tout ayant été détruit dans la plus grande partie du monde. La guerre a démontré qu'on n'avait pas bien enseigné. Il faut donc élaborer un meilleur système d'éducation, qui présentera des possibilités de vie humaine de manière que les barrières soient abattues, les préjugés écartés, et l'entraînement donné à l'enfant apte à lui permettre, lorsqu'il sera adulte, de vivre avec les autres hommes dans l'harmonie et la bonne volonté. Cela peut être réalisé si l'on  développe la patience et la compréhension, et si les éducateurs comprennent que "là où il n'y a pas de vision, le peuple périt".

Un système international d'éducation, élaboré par une conférence réunissant les enseignants à l'esprit large, et les autorités en matière d'éducation de tous les pays, est aujourd'hui une nécessité criante, qui serait un atout majeur pour la sauvegarde de la paix. Des mesures dans ce sens sont déjà en cours de réalisation ; aujourd'hui, des groupes d'éducateurs se réunissent et discutent de la formation d'un meilleur système, qui garantira aux enfants des différentes nations (à commencer par les millions d'enfants ayant besoin d'instruction) un enseignement de la vérité, sans partialité, ou préjugés. La démocratie mondiale prendra forme lorsque les hommes de partout seront considérés en réalité comme égaux ; quand on enseignera aux garçons et aux filles qu'il importe peu qu'un homme soit asiatique, américain, européen, britannique, juif ou gentil, mais que chacun a son arrière-plan historique, son histoire qui lui permettent de contribuer au bien de l'ensemble, et que la principale nécessité est une attitude de bonne volonté et d'effort constant pour entretenir de bonnes relations. L'unité du monde sera un fait quand on enseignera aux enfants que les différences de religion sont en grande partie une question de naissance ; que si un homme naît en Italie, il sera probablement catholique romain ; s'il naît juif, il suivra l'enseignement juif ; s'il naît en Asie, il sera peut-être mahométan, bouddhiste, ou appartiendra à quelque secte hindoue ; s'il naît dans d'autres pays, il sera peut-être protestant, etc... Les enfants apprendront que les différences religieuses sont en grande partie le résultat de querelles engendrées par l'homme, sur des interprétations humaines de la vérité. Ainsi, progressivement, nos querelles et nos différends seront supprimés, et l'idée d'une Humanité Une prendra place.

Il faudra instruire et choisir les enseignants de l'avenir avec beaucoup plus de soin. Leur niveau mental et la connaissance de leur propre sujet seront importants, mais plus importante encore est la nécessité d'être sans préjugés, et de considérer tous les hommes comme les membres d'une grande famille.

L'éducateur de l'avenir devra être un psychologue plus entraîné qu'il ne l'est actuellement. Il comprendra qu'en dehors de l'enseignement d'une connaissance académique, sa tâche principale sera de susciter, dans sa classe d'étudiants, un véritable sens des responsabilités ; quoi qu'il ait à enseigner – histoire, géographie, mathématique, langues, science dans ses diverses branches ou philosophie – il reliera toute chose à la Science des justes relations humaines, et essaiera de donner une perspective plus vraie de l'organisation sociale que dans le passé.

Quand la jeunesse de l'avenir – soumise à l'application des principes proposés – sera civilisée, cultivée et réceptive à l'état de citoyen du monde, nous aurons une humanité éveillée, créatrice, ayant un vrai sens des valeurs, et un point de vue constructif sur les affaires mondiales. Il faudra longtemps pour en arriver là, mais ce n'est pas impossible, comme l'histoire elle-même l'a prouvé.

Toutefois, il suffit de bon sens pour comprendre que cette intégration ne sera pas possible pour tous les étudiants. Néanmoins, on pourra tous les entraîner, quelles que soient leurs capacités initiales, à la Science des justes relations humaines, et satisfaire ainsi à l'objectif majeur des systèmes d'éducation de l'avenir. On en voit des indications de tous côtés, mais jusqu'ici on n'y insiste pas dans l'entraînement des enseignants, ni dans l'influence exercée sur les parents. Des groupes éclairés, dans tous les pays, ont fait beaucoup et même énormément dans ce sens, en étudiant les exigences de l'état de citoyen, en entreprenant des recherches relatives à des relations sociales correctes (communales, nationales et internationales), et par le moyen d'organisations nombreuses qui essaient de donner aux masses le sens des responsabilités quant au bien-être et au bonheur des hommes. Le véritable travail en ce sens devrait commencer dès la première enfance, afin que la conscience de l'enfant (si aisément dirigée) puisse, dès les premières années, faire preuve d'une attitude non égoïste envers le prochain. Cela peut commencer très simplement si les parents le désirent, et peut se poursuivre progressivement si les parents et les enseignants donnent, dans leur propre vie, l'exemple de ce qu'ils enseignent. Finalement le temps viendra où, dans ces conditions, lorsqu'une crise nécessaire et prévue surviendra à la fin de l'adolescence, le jeune se stabilisera d'une manière prévue par la destinée, afin d'accomplir sa tâche de justes relations, par le moyen d'un service conforme àsa vocation.

C'est un travail de jonction qui doit être fait actuellement, jetant un pont entre ce qui existe aujourd'hui et ce qui peut exister dans l'avenir. Si, pendant les 150 prochaines années, nous développons cette technique de liaison entre les nombreux clivages présents dans la famille humaine, et si nous surmontons les haines raciales, les attitudes séparatives des personnes et des nations, nous aurons réussi à faire naître un monde où la guerre sera impossible.

L'humanité comprendra qu'elle constitue une seule famille humaine et non un agrégat de personnes et de nations en lutte, rivalisant pour tirer le maximum les unes des autres, et entretenant avec succès, préjugés et haines. Cela, nous le savons, a été l'histoire du passé. L'homme s'est développé à partir d'un animal isolé, poussé uniquement par son instinct de conservation, mangeant, s'accouplant, passant par les stades de la vie de famille, de la vie tribale et nationale, jusqu'à ce qu'il saisisse, aujourd'hui, un idéal encore plus élevé – l'unité internationale et le fonctionnement sans heurts de l'Humanité Une. Cet idéal grandissant s'efforce de passer au premier plan de la conscience humaine, en dépit de toutes les inimitiés séparatives. C'est à lui qu'est dû, pour une large part, le chaos présent, et l'institution des Nations Unies. Il a produit les idéologies contradictoires qui cherchent à s'exprimer sur le plan mondial ; il a produit l'apparition dramatique de prétendus sauveurs nationaux, de prophètes, d'idéalistes, d'opportunistes, de dictateurs, de chercheurs et de philanthropes. Ce conflit d'idéaux est une indication saine, que nous les approuvions ou non.

Ils exploitent nettement la demande humaine – urgente et juste – de meilleures conditions, de plus de lumière et de compréhension, de plus de coopération, de sécurité, de paix, d'abondance, au lieu de la peur, de la terreur, de la famine.

Il est difficile pour l'homme moderne de concevoir un temps où il n'y aura pas de conscience raciale, nationale ou religieuse, séparative dans la pensée humaine. Il était également difficile pour l'homme préhistorique de concevoir un temps où il existerait une pensée nationale ; c'est une bonne chose à garder à l'esprit. Le temps où l'humanité sera capable de penser en termes d'universalité est encore bien loin, mais le fait que nous puissions en parler, le désirer, faire des plans dans ce sens, est sûrement la garantie que ce n'est pas impossible.

L'humanité a toujours progressé de stade éclairé en stade éclairé, de gloire en gloire. Nous sommes aujourd'hui en route vers une civilisation bien  meilleure que n'en a jamais connu le monde, assurant une humanité plus heureuse, qui verra la fin des différends nationaux, des distinctions de classe, basées sur l'hérédité ou l'argent, et qui garantira à tous une vie plus pleine et plus riche.

Il est évident que de nombreuses décennies devront s'écouler avant qu'un tel état de choses puisse devenir activement présent, mais il s'agit de décennies et non de siècles si l'humanité peut apprendre les leçons de la guerre, et si l'on peut empêcher les réactionnaires de chaque nation de faire reprendre à la civilisation le mauvais chemin. Mais on peut commencer immédiatement. La simplicité doit être notre mot d'ordre, car c'est la simplicité qui supprimera l'ancienne manière de vivre matérialiste. La coopération dans la bonne volonté est certainement la première idée à présenter aux masses et à enseigner dans les écoles, ce qui garantira une civilisation nouvelle et meilleure. Lacompréhension aimante, appliquée intelligemment, devrait être le sceau des groupes cultivés et plus sages, ces derniers tâchant de relier le monde des causes au monde de l'effort extérieur, au bénéfice des masses. La citoyenneté mondiale  en tant qu'expression de bonne volonté et de compréhension devrait être le but de tous les gens éclairés et la marque de l'homme spirituel ; ces trois facteurs établissent un juste rapport entre l'éducation, la religion et la politique.

Tout le travail accompli à présent est nettement transitoire, donc des plus difficiles. Il implique un processus de jonction entre l'ancien et le nouveau, et présenterait des difficultés presque insurmontables, s'il n'était le fait que les deux prochaines générations introduiront les types d'égos aptes à traiter de ce problème. Ceux d'entre vous qui sont concernés par l'éducation et son système ; ceux qui sont effarés par la vision présentée et par le devoir de se rapprocher des possibilités qu'ils désirent, doivent s'en remettre à ce fait avec confiance.

La pensée claire, beaucoup d'amour, le sens du vrai compromis (notez cette expression) feront beaucoup pour poser les bases nécessaires et pour tenir grande ouverte la porte de l'avenir. Un processus d'équilibrage est en cours pendant cette période intérimaire, et l'éducateur moderne devrait y prêter attention.

Peut-être puis-je indiquer la nature de ce processus. J'ai dit, ici et ailleurs, que l'âme s'ancre en deux points du corps :

1. Il existe un fil d'énergie, que nous appelons l'aspect vie ou esprit, ancré dans le coeur. Il utilise le courant sanguin, ainsi qu'on le sait, comme agent de distribution ; au moyen du sang, l'énergie de vie régénère et coordonne tout l'organisme physique et maintient le corps en un "tout".

2. Il existe un fil d'énergie, que nous appelons l'aspect conscience, ou faculté de connaissance de l'âme, ancré au centre de la tête. Il gouverne le mécanisme de réponse que nous appelons le cerveau ; par son intermédiaire il dirige l'activité et amène la prise de conscience dans le corps tout entier, au moyen du système nerveux.

Ces deux facteurs d'énergie, connus des êtres humains en tant que vie et connaissance, ou en tant qu'énergie de vie et intelligence, sont les deux pôles d'existence de l'enfant. La tâche qui l'attend est de développer consciemment l'aspect médian ou équilibrant qui est l'amour ou relation de groupe, afin que la  connaissance soit subordonnée au besoin et à l'intérêt du groupe, et que cette énergie vivante soit dirigée consciemment, et avec intention, vers l'ensemble du  groupe. Ce faisant, un véritable équilibre sera obtenu, provoqué par la reconnaissance que la Voie du Service est une technique scientifique pour  parvenir à cet équilibre. Les éducateurs doivent donc avoir trois objectifs présents à l'esprit pendant l'actuelle période de transition :

1. Réorienter la connaissance, l'aspect conscience chez l'enfant, de manière qu'il comprenne dès l'enfance que tout ce qu'on lui a enseigné, ou tout ce qu'on lui enseigne, a pour but le bien des autres, et non le sien propre. On l'habituera donc à regarder nettement vers l'avant. Les informations quant à l'histoire passée de l'humanité lui seront données sous l'angle de la croissance de la conscience raciale, et non tellement sous l'angle des faits de conquêtes matérielles ou agressives, comme c'est le cas maintenant. A mesure que le passé, dans le mental de l'enfant, sera relié au présent, sa capacité de corrélation, d'unification, de liaison se développera quant aux différents aspects de sa vie, sur les divers plans.

2. Lui enseigner que la vie qu'il sent battre dans ses veines n'est qu'une petite partie de la vie totale qui bat dans toutes les formes, dans tous les règnes de la nature, dans toutes les planètes et dans le système solaire. Il apprendra qu'il la partage avec tout ce qui existe, et qu'il y a donc partout une vraie "Fraternité de sang". En conséquence, dès le début de sa vie, on pourra lui enseigner la relation ; cela le petit enfant  est apte à en prendre conscience plus vite que l'adulte moyen, habitué aux manières et aux attitudes de l'ère révolue. Quand ces deux notions – responsabilité et relation – seront inculquées très tôt à l'enfant, le troisième objectif de la nouvelle éducation deviendra plus facilement accessible.

3. L'unification, dans la conscience, de l'impulsion vitale et du désir de connaissance conduira finalement à une activité conforme à un plan.

Cette activité constituera le service qui, à son tour, sera d'une triple utilité pour l'enfant à qui la pratique en sera enseignée :

a. Il servira d'agent de direction dès les premières années, indiquant finalement la vocation, ce qui aidera aux choix d'une profession.

b. Il suscitera ce qu'il y a de meilleur chez l'enfant, et en fera un centre de magnétisme rayonnant, là où il se trouve. Il lui permettra d'attirer à lui ceux qui peuvent l'aider ou être aidés par lui, ceux qui peuvent le servir ou être le mieux servis par lui.

c. Il le rendra nettement créateur, capable de tisser le fil d'énergie qui, lorsqu'il s'ajoutera au fil de vie et au fil de conscience, reliera la tête, le coeur et la gorge, en un seul organisme de fonctionnement unifié.

Satisfaire aux trois exigences ci-dessus sera le premier stade (à l'échelle humaine) de la construction de l'antahkarana ou pont entre :

1. Les divers aspects de la nature formelle.

2. La personnalité et l'âme.

3. L'homme et les autres êtres humains.

4. L'homme en tant que membre de la famille humaine et le monde qui l'entoure.

D'après ceci, notez que l'éducation devrait s'occuper fondamentalement de relations et d'interrelations, de jeter un pont sur les clivages ou de les colmater rétablissant ainsi l'unité ou synthèse. L'instauration de la Science des justes relations est la mesure suivante et immédiate à prendre, en vue du développement mental de l'humanité. Ce sera l'activité majeure de la nouvelle éducation.

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