LE TIBETAIN

LES ENSEIGNEMENTS DU TIBETAIN

Rayon 6 Sixième Rayon

Sixième Rayon

"Je vois une vision. Elle satisfait le désir ; elle alimente et stimule sa croissance. Je dépose ma vie sur l'autel du désir, ce qui est vu, ce qui est senti, ce qui m'attire, la satisfaction de mon besoin, un besoin de ce qui est matériel, de ce qui alimente l'émotion, satisfait le mental, répond à ma demande de vérité, de service et à ma vision du but. C'est la vision que je vois, le rêve que je fais, la vérité que je tiens, la forme active qui répond à mon besoin, ce que je saisis et comprends. Ma vérité, ma paix, mon désir satisfait, mon rêve, ma vision de la réalité, mon idéal limité, ma pensée limitée de Dieu, pour cela je lutte, je me bats et je meurs.

L'amour de la vérité doit toujours exister. Le désir et l'aspiration, cherchant à saisir ce qui est matériel ou s'envolant vers la vision de la réalité, doivent toujours recevoir satisfaction. C'est pour cela que les hommes travaillent, s'épuisent et irritent les autres. Ils aiment la vérité telle qu'ils l'interprètent ; ils aiment la vision et le rêve, oubliant que la vérité est limitée par le mental, étroit et figé, unitaire et non inclusif ; oubliant que la vision ne touche que le bord extérieur du mystère, et qu'elle voile et cache la réalité.

Le mot procède de l'âme vers la forme : Ne cours pas en si droite ligne. Le sentier où tu es conduit au cercle extérieur de la vie de Dieu : la ligne continue vers le bord extérieur. Reste au centre. Regarde de chaque côté. Ne meurs pas pour les formes extérieures. N'oublie pas Dieu Qui réside derrière la vision. Aime davantage ton prochain."

On verra donc que le disciple du sixième rayon doit, tout d'abord, accomplir la tâche ardue de se dissocier de sa vision, de sa vérité adorée, de ses idéaux aimés, de l'image qu'il s'est faite de lui-même en tant que partisan dévoué et disciple qui suit son Maître jusqu'à la mort si nécessaire ; s'obligeant (par son amour de la forme) et obligeant tous ses compagnons à se consacrer à ce qu'il voit.

Il faut reconnaître qu'il lui manque le vaste amour du disciple du second rayon, amour qui est la réflexion de l'amour de Dieu. Il est tout le temps occupé de lui-même, de son travail, son sacrifice, sa tâche, ses idées, et ses activités. Lui, le dévoué, est perdu dans sa dévotion. Lui, l'idéaliste, est poussé par son idée. Lui, le partisan, court aveuglément après son Maître, l'idéal qu'il a choisi, et se perd dans le chaos de ses aspirations incontrôlées et le mirage de ses propres pensées. Un rapport étroit existe, assez curieusement, entre le troisième et le sixième rayon, de la même façon qu'il existe entre le premier et second rayon, et entre le second et le quatrième. Le quatrième, le cinquième, le sixième et le septième rayon n'offrent pas de semblables rapports. 1 plus 1 égale 2, 2 plus 2 égalent 4, 3 plus 3 égalent 6. Entre ces paires de rayons il existe une ligne d'énergie spéciale qui s'écoule et qui mérite l'attention des disciples qui commencent à devenir conscients de leurs rapports. Ce rapport et ce jeu réciproques ne deviennent actifs qu'à un stade d'évolution relativement élevé.

Le problème de l'aspirant du sixième rayon est donc de se libérer de la servitude de la forme (mais pas de la forme) et de demeurer calmement au centre, de même que le disciple du troisième rayon doit apprendre à le faire. Là, il acquiert l'étendue de la vision et un sens correct des proportions. Ces deux qualités lui font toujours défaut jusqu'à ce qu'arrive le moment où il peut prendre position et, là, s'aligner sur toutes les visions, sur toutes les formes de vérité, sur tous les rêves de réalité, et derrière eux trouver Dieu et ses semblables. Alors et alors seulement peut-on lui faire confiance pour travailler au Plan.

L'alignement provoqué par cette "paisible position de repos" produit naturellement une crise, et, comme d'habitude, c'est une crise des plus difficiles qui confronte l'aspirant C'est une crise qui semble le laisser dépourvu de ressort, de motif, de sensation, d'appréciation de la part des autres, et de dessein dans la vie. L'idée de "ma vérité, mon maître, mon idée, ma voie" le quitte et il n'a encore rien pour la remplacer. Etant du sixième rayon et étant donc lié au monde de la vie astrale psychique, le sixième plan, il est particulièrement sensible à ses propres réactions et aux idées des autres en ce qui le concerne, lui et ses vérités. Il a le sentiment qu'il est ridicule et il croit que les autres pensent de même. La crise est donc sévère, car elle doit produire un ajustement total du Soi au soi. Son fanatisme, sa dévotion, la façon violente dont il se surmène et dont il surmène les autres, ses efforts perdus et son manque de compréhension du point de vue des autres ont tous disparu, mais rien encore n'a pris leur place. Il est envahi par un sentiment de vanité et son monde familier tremble sous lui. Qu'il se tienne immobile au centre, les yeux fixés sur l'âme, cessant toute activité pour une courte période de temps, jusqu'à ce que la lumière jaillisse.

Il est intéressant de noter ici que le Maître Jésus, alors qu'Il était cloué sur la Croix, eut (sur une courbe beaucoup plus élevée de la spirale qu'il n'est possible au disciple de se trouver) l'expérience du sommet le plus haut de la crise, bien que dans Son cas, étant à l'unisson de Dieu et de tous les enfants de Dieu, souffla avec violence sur Lui la somme des dilemmes des disciples du monde et toute l'agonie de la conscience astrale de ces dilemmes qui s'exprimèrent par les mots de l'agonisant : "Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m'as-Tu abandonné ?".

Mais face à face avec la vanité et avec lui-même, s'abandonnant à la vie qui est au centre, et se maintenant là, tranquille, en repos et cependant vif, la lumière fera irruption et lui révélera ce qu'il a besoin de connaître. Il apprend à exprimer l'amour inclusif qui est sa plus grande nécessité et à abandonner l'attitude étroite et tranchante qu'il a prise jusqu'alors pour l'amour. Il accueille avec plaisir toutes les visions si elles servent à élever et à réconforter ses frères ; il accueille avec plaisir toutes les vérités, si elles sont les agents de la révélation pour d'autres esprits ; il accueille avec plaisir tous les rêves s'ils peuvent agir comme encouragements pour ses semblables. Il partage tout avec eux, et cependant conserve son attitude équilibrée au centre.

Nous voyons donc que l'intégration essentielle de l'unité dans son groupe peut maintenant avoir lieu.

Le problème du disciple sur ce rayon est considérablement aggravé du fait que le sixième rayon a été le rayon dominant pendant un très grand nombre de siècles et que c'est seulement maintenant qu'il disparaît. En conséquence, les formes-pensées idéalistes et fanatiques, construites par les dévots sur ce rayon, sont puissantes et persistantes. Le monde d'aujourd'hui est fanatiquement idéaliste, et c'est là une des causes de la présente situation mondiale. Pour un homme dont toute la dévotion est concentrée sur un seul objet, il est difficile de se libérer de cette influence dominante, car l'énergie ainsi engendrée alimente ce qu'il voudrait abandonner. Toutefois, s'il est capable de saisir le fait que la dévotion, qui s'exprime à travers une personnalité, engendre le fanatisme, et que ce fanatisme est séparatif, souvent cruel, souvent motivé par des idéaux qui sont bons, mais que généralement il néglige la réalité immédiate en poursuivant une vision de la vérité qui s'engendre d'elle-même, alors il aura accompli un long chemin vers la solution de ses problèmes. Si alors il peut comprendre que la dévotion, qui s'exprime à travers l'âme, est amour, inclusivité et compréhension, alors il apprendra finalement à se libérer de l'idéalisme des autres et du sien propre, et il s'identifiera avec celui de la Hiérarchie, lequel constitue l'exécution aimante du Plan de Dieu. Ce Plan est sans haine, sans insistance sur un aspect ou une partie, et il n'est pas limité par le sentiment du temps.