I. L'INERTIE DE L HOMME SPIRITUEL MOYEN

I. L'INERTIE DE L HOMME SPIRITUEL MOYEN


L'homme spirituel ordinaire (homme de bonne volonté ou disciple) est constamment conscient de l'occasion que les temps et les événements spirituels peuvent lui offrir. Le désir de bien faire et de poursuivre des buts spirituels aiguillonne sans cesse sa conscience. Qui aime ses frères, qui rêve de voir le Royaume de Dieu se matérialiser sur terre, ou qui est conscient de l'éveil des masses (aussi lent soit-il) aux valeurs spirituelles supérieures, ne peut être que profondément insatisfait. Il se rend compte qu'il contribue en vérité bien peu à la réalisation des buts qui lui sont chers. Il sait que sa vie spirituelle est quelque chose de secondaire. Il la garde soigneusement cachée et craint souvent d'en parler aux êtres qui lui sont le plus proches et le plus chers.
Il essaye de concilier ses efforts spirituels avec les activités de sa vie quotidienne, et s'efforce de trouver pour eux un peu de temps et quelques occasions agréables, futiles et innocentes. Il se sent impuissant devant la tâche d'organiser et de remanier sa vie de telle sorte qu'il puisse vivre spirituellement en toutes circonstances. Il cherche des excuses et se raisonne lui-même avec tant de succès qu'il finit par en conclure qu'il agit de son mieux, étant donné les circonstances actuelles. La vérité est qu'il fait si peu que probablement une heure ou deux seulement, sur vingt-quatre, sont consacrées au travail du Maître. Il se dérobe sous prétexte que ses obligations familiales l'empêchent de faire davantage et ne s'aperçoit pas que, avec le tact et avec une affectueuse compréhension, son milieu familial doit et peut être le champ de sa victoire. Il oublie qu'il n'existe pas de circonstances ou l'esprit de l'homme puisse être vaincu, et où l'aspirant ne puisse méditer, penser, parler et préparer les voies pour la venue du Christ, pourvu qu'il le veuille suffisamment et connaisse la signification du sacrifice et du silence. Les circonstances et l'environnement n'offrent aucun véritable obstacle à la vie spirituelle.
Peut-être se retranche-t-il derrière l'excuse d'une mauvaise santé, derrière celle de maux souvent imaginaires. Il consacre tant de temps au soin de sa personne que les heures qui pourraient être consacrées à l'oeuvre du Maître sont directement et considérablement abrégées. Il pense tellement à se sentir fatigué, ou à soigner un rhume, ou à une soi-disant maladie du coeur, que la "conscience corporelle" se développe sans cesse jusqu'à dominer finalement sa vie. Il est alors trop tard pour faire quelque chose. Tel est particulièrement le cas des personnes qui ont atteint ou dépassé la cinquantaine. C'est une excuse difficile à abandonner, car beaucoup se sentent fatigués ou malades et, avec les années, cet état peut aller s'empirant.
Le seul remède à cette inertie insinuante consiste à oublier son corps et à trouver sa joie dans une vie de service. Je ne parle pas ici de maladies caractérisées, ni d'infirmités physiques sérieuses, auxquelles il faut accorder les soins et les attentions appropriés. Je parle aux milliers d'hommes et de femmes souffrants, préoccupés d'eux-mêmes et gaspillant ainsi le temps qui pourrait être consacré au service de l'humanité. Ceux qui cherchent à suivre le Sentier du Disciple devraient consacrer au service de la Hiérarchie ces nombreuses heures employées à d'illusoires soins personnels.
Une autre excuse encore qui conduit à l'inertie est la peur de parler à autrui des choses du Royaume de Dieu. On a peur d'être un objet de moqueries, de passer pour bizarre ou indiscret. On garde donc le silence, on rate des occasions et l'on ne découvre jamais combien les gens sont prêts à discuter de réalités, à recevoir l'espérance et le réconfort que peut apporter la pensée du retour du Christ, ou à bénéficier de la lumière spirituelle. Ce manque de courage est si répandu qu'il est la cause de la perte de millions d'heures de service pour le monde.
Il est encore d'autres excuses, mais les précédentes sont les plus répandues.
Si la majorité des gens se libéraient de ces obstacles, tant d'heures et d'efforts supplémentaires seraient consacrés au service du Christ que la tâche de ceux qui n'admettent pas d'excuses se trouverait grandement allégée, et le retour du Christ considérablement hâté. Nous ne sommes pas appelés à vivre au même rythme que le Christ et la Hiérarchie spirituelle, rythme vibrant en harmonie avec les besoins humains et les réactions spirituelles de l'homme.
Toutefois, nous sommes appelés à déployer une certaine activité spirituelle et à refuser de nous réfugier derrière des excuses. Il est indispensable que tous les hommes spirituels reconnaissent qu'ils peuvent et doivent travailler dans leur milieu, parmi les personnes avec qui ils sont en rapport et avec les possibilités physiologiques qui sont les leurs. Nulle contrainte, nulle pression n'est exercée au service de la Hiérarchie. La situation est claire et simple.
A l'époque actuelle, trois grandes activités principales se poursuivent :
Premièrement, l'activité ressentie dans le Centre où la Volonté de Dieu est connue, cette Volonté-de-Bien qui a entraîné toute la création vers une plus grande gloire et vers une réaction intelligente toujours plus profonde.
Aujourd'hui, cette Volonté s'efforce constructivement d'instaurer un nouvel ordre dans le monde, l'ordre du Royaume de Dieu sous la surveillance physique du Christ. On peut considérer cet ordre comme l'extériorisation de la Hiérarchie spirituelle sur notre planète. Le retour du Christ à une activité visible en sera le signe et le symbole.
Deuxièmement, l'activité exceptionnelle qu'exerce la Hiérarchie spirituelle se manifeste pleinement, depuis le Christ Lui-même jusqu'au plus humble aspirant situé à la périphérie de ce Centre où l'Amour de Dieu est en pleine activité. C'est là que l'on réalise pleinement que, selon les paroles de saint Paul, "jusqu'à ce jour, la création toute entière soupire et souffre les douleurs de l'enfantement, attendant la manifestation des Fils de Dieu". (Rom., VIII, 22.)
Les Fils de Dieu qui sont les fils des hommes se préparent actuellement pour cette manifestation. Un à un, ces Maîtres entrent déjà en activité sur le plan physique en vue du service extérieur actif qui doit s'accomplir. On ne Les reconnaît pas pour ce qu'Ils sont, mais Ils s'occupent des affaires du Père, manifestant la bonne volonté, cherchant à élargir l'horizon de l'humanité. Ils préparent ainsi les voies de Celui qu'Ils servent, le Christ, le Maître de tous les Maîtres, l'Instructeur à la fois des anges et des hommes.
Troisièmement, il y a l'humanité elle-même, ce Centre que nous appelons la race des hommes, un Centre actuellement en proie au chaos, au trouble et à la confusion, une humanité douloureuse et désorientée, bien qu'elle soit mentalement consciente de possibilités infinies. Les hommes se battent avec ardeur pour réaliser le plan qu'ils estiment le meilleur, mais sans aucun sens de cohésion et sans comprendre que ce plan doit être à un monde un pour une humanité une (one world for the one humanity). Ils désirent simplement une paix d'ordre sentimental, la sécurité qui leur permettra de vivre et de travailler, et la vision d'un avenir qui satisfera leur sens confus de la persistance divine.
Ils sont physiquement malades, privés, pour la plupart, des choses essentielles à une vie normale et saine, tenaillés par un sentiment d'insécurité financière.
Consciemment ou non, ils invoquent le Père en leur faveur et en faveur de l'humanité toute entière.
La solution se trouve dans la réapparition du Christ. Telle est la Volonté bien établie de Dieu, et toutes les écritures saintes du monde en témoignent.
Tel est le désir du Christ Lui-même et de Ses disciples, les Maîtres de la Sagesse. Telle est l'aspiration inconsciente des peuples de tous les pays. En présence de cette unanimité, de cette uniformité d'intention spirituelle et d'appel conscient, il n'y a qu'un obstacle susceptible d'empêcher la réapparition du Christ, c'est l'incapacité de l'humanité à se préparer en vue de cet événement capital. Il faudrait qu'elle "prépare le chemin du Seigneur", qu'elle "aplanisse Ses sentiers" (Matt., III, 2), qu'elle familiarise partout les hommes avec l'idée de Son avènement et qu'elle instaure la paix sur terre dans la mesure nécessaire, une paix basée sur de justes relations humaines.
Il est certainement superflu de parler ici de la préparation intérieure que chaque individu doit entreprendre en vue du travail à faire. Les principes d'une juste conduite spirituelle ont été exposés depuis des siècles. Toutefois, les hommes les ont surtout considérés égoïstement en songeant qu'une conduite juste les conduirait au ciel. Pour ceux qui travaillent à préparer la venue du Christ et qui ont en plus une intelligence saine et la pratique d'une vie bien organisée, la petite prière suivante résume tout l'indispensable : "Seigneur, Dieu tout-puissant ! que la paix descende sur terre, et tout d'abord en moi." Mais aujourd'hui le mobile de l'action doit être autre que celui du salut personnel (lequel est supposé ou sous-entendu) et la préparation exigée consiste à travailler avec force et intelligence en vue d'établir de justes relations humaines, une tâche plus vaste en vérité ! C'est là un mobile qui n'est plus égocentrique, mais qui place chaque travailleur individuel et chaque humanitaire du côté de la Hiérarchie et le met en contact avec tous les hommes de bonne volonté. Venons-en maintenant au second obstacle majeur.