LIVRE III - 26. De la méditation, fixée sans défaillance sur le soleil, s'ensuivra la conscience (ou la connaissance) des sept mondes.

26. De la méditation, fixée sans défaillance sur le soleil, s'ensuivra la conscience (ou la connaissance) des sept mondes.

 

Ce passage a été depuis des siècles longuement commenté par de nombreux écrivains. Dans un simple but de clarté, nous moderniserons cet énoncé et ramènerons ses termes à ceux de l'occultisme moderne :

"D'une méditation constante et sans défaillance sur la cause dont émane notre système solaire, s'ensuivra une prise de conscience des sept états de l'être."

Les divers termes employés ici créent fréquemment une confusion dans l'esprit de l'étudiant et il serait sage de n'employer que deux groupes de mots, l'un transmettant la terminologie orientale orthodoxe telle qu'elle se trouve dans les meilleurs commentaires, et l'autre étant celui qui sera le plus familier à l'investigateur occidental. Selon la traduction de Woods, nous avons ce qui suit :

7. Satya le monde des Dieux non manifestés.
6. Tapas le monde des Dieux par eux-mêmes Brahma lumineux.
5. Jana ce qu'il y a de plus bas dans le monde de Brahma. Svar
4. Mahar Prajapatya le grand monde.
3. Mahendra la demeure des Agnishvattas (les Egos).
2. Antariksa l'espace intermédiaire.
1. Bhu le monde terrestre.

Cette répartition du monde en sept grandes divisions est également intéressante, pour autant qu'elle démontre l'exactitude égale de la quintuple division à laquelle se tiennent quelques-uns des commentateurs.

Ces sept mondes correspondent à la division occulte moderne de notre système solaire en sept plans, incorporant sept états de conscience et englobant sept grands types d'êtres vivants. L'analogie se présente comme suit :

1. Plan physique Bhu Monde terrestre. Conscience physique.

2. Plan astral Antariksa Monde des émotions. Conscience kamique ou du désir.

3. Plan mental Mahendra Monde du mental et de l'âme. Conscience mentale.

4. Plan bouddhique Mahar Monde du Christ. Prajapatya Conscience intuitive ou christique. Conscience de groupe.

5. Plan atmique Jana Monde spirituel. Conscience planétaire. Monde du troisième aspect.

6. Plan monadique Tapas Monde divin. Conscience divine. Monde du second aspect.

7. Plan logoïque Tatya Monde de la cause émanante. Conscience absolue. Monde du premier aspect.


Il est intéressant de noter certains commentaires de Vyasa au sujet de ces différentiations, car ils sont conformes à la pensée théosophique moderne.

Le plan terrestre est décrit par lui comme "supporté respectivement par la matière solide, par l'eau, par le feu, par le vent, par l'air et par l'obscurité... dans lesquels sont nées les créatures vivantes auxquelles a été assignée une longue et douloureuse durée de vie et qui ressentent la détresse qu'elles encourent comme résultat de leur propre karma." Aucun commentaire n'est ici nécessaire.

En corrélation avec le second plan, l'astral, il est fait allusion au fait que les étoiles (les vies) sont, sur ce plan, "menées par le vent comme les bœufs sont menés par le laboureur en un cercle autour de l'aire", et qu'elles sont "réglementées par la persistante impulsion du vent". Nous avons ici une merveilleuse image de la façon dont les vies sont entraînées, par la force de leur désir, sur la route de la renaissance.

Vyasa note que le monde mental est peuplé de six groupes de Dieux (les six groupes d'égos et leurs six rayons, les sous-rayons de l'unique rayon synthétique, qui est apparemment sous-entendu). Ceux-ci sont les fils du mental, les Agnishvattas (dont il est longuement question dans la Doctrine Secrète et dans Un Traité sur le Feu Cosmique) et ils sont dépeints comme :

1. Accomplissant leurs désirs, mus en cela par le désir de s'incarner.
2. Doués de la faculté d'émettre des atomes et d'autres pouvoirs ; capables, en conséquence, de créer leurs véhicules de manifestation.
3. Vivant pendant une période terrestre ; étant donc en incarnation au cours d'une époque du monde.
4. De belle apparence ; car les fils de Dieu sont lumineux, radieux et pleins de beauté.
5. Trouvant dans l'amour leurs délices ; car l'amour est la caractéristique de l'âme, et tous les fils de Dieu, ou fils du Mental, révèlent l'amour du Père.
6. Possédant des corps qui leur sont propres, dont "des parents ne sont pas la cause" ; ce corps, mentionné par saint Paul, "qui n'est pas fait de main d'homme, éternel dans les cieux".
Au sujet du quatrième monde, Vyasa note qu'il est le monde de la maîtrise, en conséquence la demeure des Maîtres et de toutes les âmes libérées "faisant de la contemplation leur nourriture", dont les vies couvrent "mille périodes du monde" et qui possèdent de ce fait l'immortalité.

Puis il décrit les trois plans supérieurs, avec les grandes existences qui sont les vies de ces plans et en qui nous avons "la vie, le mouvement et l'être". Elles correspondent aux trois plans de la Trinité, et les commentaires suivants que Vyasa donne de ces existences en leurs divers groupes jettent une grande clarté. Il dit :

1. "Leurs vies sont chastes" ; c'est-à-dire exemptes d'impureté, ou des limitations des formes inférieures.
2. Au-dessus, il n'y a à leur pensée nul obstacle et, au-dessous, nul objet qui soit obscur pour leur pensée. Elles connaissent toutes choses dans le système solaire.
3. "Il n'est fait par elles nulles fondations en vue d'une demeure." Elles n'ont donc pas de corps denses.
4. "Elles ont leurs assises en elles-mêmes... et vivent aussi longtemps qu'il y a des créations." Elles sont les grandes vies sousjacentes à toute existence sensible.
5. Elles font leurs délices de la contemplation sous ses divers aspects.
Nos mondes ne sont que le reflet de la pensée de Dieu et elles constituent la somme totale du mental de Dieu. L'ancien commentateur conclut par deux déclarations fondamentales qui doivent être notées par l'étudiant. Il dit :

"Dans son ensemble, cette conformation bien établie s'étend à partir du point le plus central de l'Œuf (du monde). Et l'œuf est un fragment infime de la cause première, tel une luciole dans le ciel."

Cela signifie que notre système solaire n'est rien qu'un atome cosmique et n'est lui-même qu'une partie d'un tout sphéroïdal encore plus grand. Puis il déclare :

"Par l'exercice d'une contrainte sur la porte du soleil, le yogi devrait avoir de tout cela une perception directe." Contrainte est un terme fréquemment employé dans la traduction de phrases qui signifient "l'équipement ou la répression des modifications du principe pensant" ; en d'autres termes, une méditation parfaitement axée sur un seul point. Par la méditation sur la porte du soleil, la pleine connaissance peut être atteinte. Très brièvement, cela signifie qu'ayant trouvé le portail du sentier par la connaissance du soleil dans son propre cœur, et grâce à la lumière émanant de ce soleil, on peut entrer en rapport avec le soleil qui est au cœur de notre système solaire, et trouver finalement le portail qui donne à l'homme l'accès au septuple sentier cosmique.
Il est inutile d'en dire davantage là-dessus, l'objectif du Raja Yoga étant de mettre l'homme à même de trouver la lumière en lui-même, et dans cette lumière, de voir la lumière. Cela le rend apte également à trouver la porte de la vie, et par la suite, à fouler le sentier.

Un seul point doit encore être noté. Esotériquement, le soleil est considéré comme triple :

1.
Le soleil physique le corps la forme intelligente.
2.
Le cœur du soleil l'âme l'amour.
3.
Le soleil spirituel central l'esprit la vie ou le pouvoir.

Dans l'homme – le microcosme – les correspondances sont :

1.
L'homme physique le corps la forme intelligente. personnel
2.
L'égo ou Christ l'âme l'amour.
3.
La monade l'esprit la vie ou le pouvoir.