LE TIBETAIN

LES ENSEIGNEMENTS DU TIBETAIN

LIVRE II - 27. La connaissance (ou illumination) réalisée est septuple et progressivement atteinte.

27. La connaissance (ou illumination) réalisée est septuple et progressivement atteinte.

 

L'enseignement hindou estime que les états de conscience du mental sont au nombre de sept. Le sixième sens et son utilisation provoquent sept modes de pensée, ou – plus techniquement – le principe pensant présente sept modifications majeures, qui sont :

1.
Le désir de connaissance. C'est cela qui incite au départ le Fils Prodigue, l'âme dans les trois mondes de l'illusion ou (pour porter la métaphore plus loin encore dans le temps), c'est ce qui envoie en incarnation la Monade, ou Esprit. Ce désir fondamental est la cause de toute expérience.

2.
Le désir de liberté. Le résultat des expériences et investigations que l'âme continue à faire au cours de ses multiples cycles de vie, se manifeste par une ardente aspiration à une condition différente et un grand désir d'être libérée et affranchie de la roue des renaissances.

3.
Le désir de bonheur. C'est là une caractéristique fondamentale de tous les êtres humains, bien qu'elle se manifeste sous de nombreux et différents aspects. Elle se base sur une faculté inhérente de discrimination et sur un penchant, profondément ancré, à opposer la "maison du Père" à la condition actuelle du Fils Prodigue. Cette aptitude innée à la "félicité" ou au bonheur est ce qui provoque l'inquiétude et le besoin impulsif de changement sous-jacent à l'impulsion évolutive elle-même. C'est ce qui cause l'activité et le progrès. Le fait d'être mécontent de la condition présente provient du vague souvenir d'un temps de satisfaction et de félicité ; celles-ci doivent être recouvrées avant qu'il soit possible de connaître la paix.

4.
Le désir de faire son devoir. Les trois premières modifications du principe pensant amèneront finalement l'humanité en voie d'évolution à un état où le motif déterminant de la vie sera simplement, pour chacun, l'accomplissement de son dharma. L'ardent désir de connaissance, de liberté et de bonheur a conduit l'homme à un état de mécontentement généralisé. Rien ne lui apporte plus de joie ou de paix véritables. Il s'est épuisé en une recherche de joie personnelle ; maintenant, il commence à élargir son horizon et à chercher (au sein du groupe et dans son entourage) où peut se trouver l'objet de sa quête.
Il s'éveille au sens de sa responsabilité envers autrui et commence à chercher le bonheur dans l'accomplissement de ses obligations envers ceux qui dépendent de lui : sa famille, ses amis et tous ceux avec qui il entre en contact. Cette nouvelle tendance est le début d'une vie de service, qui l'amène en définitive à se rendre compte pleinement de ce que signifie la conscience de groupe. H.P.B. a dit que le sens de la responsabilité est la première indication de l'éveil de l'égo ou du principe christique.

5.
Le chagrin. Plus le véhicule humain est affiné, plus vive est la réaction du système nerveux aux couples de contraires, la peine et le plaisir.
Tandis que l'homme progresse et, qu'au sein de la famille humaine, il s'élève sur l'échelle de l'évolution, il devient évident que sa capacité à ressentir le chagrin ou la joie s'accroît très sensiblement. Ceci se révèle terriblement vrai dans le cas d'un aspirant ou d'un disciple. Le sens des valeurs devient chez lui si aigu et son véhicule physique si sensibilisé, qu'il souffre davantage que l'homme moyen, ce qui aide à stimuler son avancement et à poursuivre plus activement sa recherche.
Sa réaction aux contacts extérieurs est de plus en plus rapide et son aptitude à la souffrance physique ou émotive s'accroît dans une grande mesure. La cinquième race, et particulièrement la cinquième sous-race, démontrent ce fait par la fréquence croissante des suicides. La capacité de souffrir qui caractérise la race est due au développement et à l'affinement du véhicule physique et à l'évolution du corps de sensation, le corps astral.

6.
La peur. Le corps mental se développant et les modifications du principe pensant devenant plus rapides, la peur, et ce qui en découle, commence à se manifester. Ce n'est plus la peur instinctive des animaux ou des races sauvages, basée sur la réaction du corps physique à certaines conditions du plan physique, mais les peurs affectant le mental et se fondant sur la mémoire, l'imagination, l'anticipation et la capacité de visualisation. Ces peurs sont difficiles à surmonter et ne peuvent être dominées que par l'égo ou l'âme elle-même.

7.
Le doute. Il est, parmi les modifications, l'une des plus intéressantes, car il concerne les causes plus que les effets. Peut-être peut-on décrire l'homme qui doute comme doutant de lui-même en tant qu'arbitre de son sort, de ses semblables quant à leur nature et leurs réactions, de Dieu, ou cause première, en raison des témoignages apportés par les controverses qui s'édifient autour de la religion et de ses interprètes, de la nature elle-même, ce qui l'incite à une constante investigation scientifique et finalement, doutant du mental lui-même. Puis, lorsqu'il commence à mettre en question l'aptitude du mental à expliquer, interpréter et comprendre, il a pratiquement épuisé la totalité de ses ressources dans les trois mondes.
Ces sept états mentaux, produits par l'expérience de l'homme attaché à la Roue de la Vie, tendent à l'amener au point où il sent que la vie sur le plan physique, la sensibilité et les processus mentaux, n'ont rien à lui offrir et ne peuvent en aucune façon le satisfaire. Il atteint le stade dont parle Paul lorsqu'il dit : "Je tiens toutes choses pour perdues, afin de gagner le Christ."

Les sept stades de l'illumination ont été décrits comme suit par un instructeur hindou :

1.
Le stade où le chela se rend compte qu'il a parcouru toute la gamme des expériences de la vie dans les trois mondes, et peut dire : "J'ai connu tout ce qu'il y avait à connaître. Il n'y a plus rien à connaître." Il a la révélation de l'échelon sur lequel il se trouve. Il sait ce qu'il doit faire. Ceci se rapporte à la première modification du principe pensant, le désir de connaissance.

2.
Le stade où il se libère de toute limitation connue et peut dire : "Je me suis délivré de mes chaînes." Ce stade est long, mais il en résulte l'obtention de la liberté ; il se rapporte à la seconde des modifications dont il est question plus haut.

3.
Le stade où la conscience s'évade complètement de la personnalité inférieure et devient la véritable conscience spirituelle, centrée sur l'homme réel, sur l'égo ou âme ; ce qui fait entrer en jeu la conscience de la nature du Christ, laquelle est amour, paix et vérité. Il peut dire alors : "J'ai atteint mon but. Rien, dans les trois mondes, ne m'attire plus." Son désir de bonheur est satisfait. La troisième modification est transcendée.

4.
Le stade où il peut dire en toute vérité : "J'ai accompli mon dharma et rempli tout mon devoir." Il s'est acquitté de son karma ; il a observé la loi ; il devient par là un Maître et un soutien de la loi. Ce stade se rapporte à la quatrième modification.

5.
Le stade où, la maîtrise complète du mental étant accomplie, le voyant peut dire : "Mon mental est en repos." Alors, et alors seulement, le repos complet étant réalisé, le voyant peut connaître la véritable contemplation et le plus haut samadhi. La gloire de l'illumination obtenue dissipe le chagrin, qui est la cinquième modification. Les paires de contraires ne se combattent plus.

6.
Le stade où le chela se rend compte que la matière ou la forme n'ont plus aucun pouvoir sur lui. Il peut dire alors : "Les gunas, ou qualités de la matière dans les trois mondes, ne me séduisent plus ; elle ne provoquent de ma part aucune réaction." La peur est en conséquence éliminée, car il n'est rien, chez le disciple, qui puisse attirer sur lui le mal, la mort ou la douleur. La sixième modification est ainsi également surmontée ; il s'y substitue une prise de conscience de la véritable nature de la divinité et une félicité parfaite.

7.
La pleine et entière conscience de soi constitue le stade suivant et dernier. Maintenant, l'initié peut dire en pleine connaissance consciente : "Je suis ce que Je suis." Il se connaît comme ne faisant qu'un avec le Soi du Tout. Le doute n'a plus de pouvoir. La pleine lumière du jour, l'illumination complète, intervient et inonde l'être entier du voyant.
Tels sont les sept stades du Sentier, les sept stations que les Chrétiens appellent le Chemin de la Croix et qui sont les sept grandes initiations, les sept voies menant à la béatitude. C'est alors que le "Sentier du juste brille de plus en plus, jusqu'au jour de la perfection". 

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