LIVRE I - 46. Tout cela constitue la méditation avec semence.

46. Tout cela constitue la méditation avec semence.

 

Les quatre sutras précédents ont traité des formes de concentration construites autour d'un objet. Cet objet peut se rapporter à ce qui est subtil ou intangible du point de vue physique ; le fait du non-soi y est néanmoins inclus (du point de vue de l'homme réel ou spirituel). Il a affaire à ce qui (sous n'importe quel aspect) peut le conduire en des domaines n'étant pas essentiellement ceux de l'esprit pur. Il faut cependant se souvenir que ces quatre stades sont tous nécessaires et doivent précéder toute réalisation plus spirituelle. Le mental de l'homme n'est pas, en lui-même, constitué de telle sorte qu'il puisse saisir les choses de l'esprit. Lorsqu'il passe du stade de méditation "ensemencée" à un autre stade, il se rapproche toujours plus du siège de toute connaissance, et établira finalement un contact avec ce qui fait l'objet de sa méditation. La nature du penseur lui-même, en tant que pur esprit, sera alors saisie ; les degrés, stades, objets, semences, organes et formes (subtiles ou grossières) seront tous perdus de vue et l'esprit seul sera connu. Le sentiment et la pensée seront tous deux transcendés ; seul, Dieu Lui-même sera vu ; les vibrations inférieures ne seront plus enregistrées ; la couleur ne sera plus perçue ; la lumière seule sera connue ; la vision disparaîtra ; le son ou mot sera seul entendu ; L' "œil de Shiva" demeurera, et par lui, le voyant identifiera son propre être.

Dans la quadruple élimination ci-dessus, il est fait allusion aux stades de réalisation – ces stades qui conduisent l'homme, hors du monde de la forme, dans le monde de ce qui est sans forme. Les étudiants trouveront intéressant de comparer, avec les quatre stades ci-dessus, les quatre degrés par lesquels progresse la "méditation ensemencée". On peut également faire remarquer que toute méditation dans laquelle la conscience est reconnue implique la présence d'un objet. Toute méditation dans laquelle celui qui perçoit est conscient de ce qui doit être vu, comporte encore une condition de perception de la forme. Le sujet connaissant ne peut atteindre à la méditation idéale, sans forme, semence ou objet, que lorsque toutes les formes et le champ de la connaissance lui-même sont perdus de vue et lorsqu'il se connaît lui-même pour ce qu'il est en son essence (étant perdu dans la contemplation de sa propre nature purement spirituelle). C'est ici que le langage de l'occultiste et celui du mystique sont tous deux impuissants, car le langage traite de l'objectivité et de sa relation avec l'esprit. On peut donc comparer cet état supérieur de méditation à une condition de sommeil ou de transe, qui est cependant l'antithèse du sommeil physique et de la transe du médium ; car, en cet état, l'homme spirituel est pleinement éveillé sur des plans qui défient la définition. Il est conscient, en toute plénitude, de son Identité Spirituelle immédiate.